Alors que ce pourrait être l’occasion de se donner les moyens d’un Québec moins dépendant des échanges avec les États-Unis, plus juste et écologiquement exemplaire, le gouvernement Legault nous entraîne dans la voie inverse. Il nous replonge dans le mauvais film de l’austérité et des coupes de services. Avec le nouveau budget qui vient d’être déposé, de nouvelles scènes désolantes de ce navet sont à prévoir.
Avec un minimum de courage politique et sans toucher en général le portefeuille de la population, ce gouvernement pourrait pourtant augmenter de plusieurs milliards les recettes de l’État. Comment ? En s’assurant d’une part d’avoir les moyens suffisants pour mieux lutter contre l’évasion et l’évitement fiscal, d’autre part en mettant en place des mesures comme l’établissement d’un régime fiscal plus progressif, l’instauration de taxes sur le patrimoine, l’imposition des superprofits de grandes entreprises et surtout, sabrer dans le recours à la sous-traitance.
Ce gouvernement a plutôt choisi la facilité avec l’austérité et la mise à mal de nos services publics à la grandeur du Québec. Quand les budgets des ministères et organismes publics ne permettent pas de couvrir la hausse des besoins et donc de soutenir la hausse des coûts de programmes, il s’agit bien d’austérité, car ces ministères et organismes devront couper à quelque part. On fonce droit dans le mur quand il n’y a plus d’embauches externes et que le personnel occasionnel est mis à pied depuis novembre. Ce gouvernement ne veut pas l’admettre et craint le vilain mot, mais c’est bien le cas.
Les répercussions se font déjà sentir aux quatre coins du Québec sur la capacité des ministères et organismes de la fonction publique et parapublique à réaliser leur mission et sur les services à la population.
Des bureaux de Services Québec qui ferment leurs portes plusieurs jours par semaine ; plusieurs mises à pied dans le Centre de communication avec la clientèle du ministère de l’Emploi et de la Solidarité sociale ; des inventaires fauniques et des analyses écotoxicologiques de l’eau, de l’air et du sol compromises au ministère de l’Environnement ; le délai d’attente pour obtenir un rendez-vous au Tribunal administratif du logement qui dépasse souvent les 20 jours, si le bureau n’est pas ouvert qu’un jour par mois ; etc.
Est-ce là les services publics auxquels on serait en droit de s’attendre, dans toutes les régions du Québec ? Il a pourtant été démontré que le secteur public contribue fortement à la résilience économique régionale, ce qui est d’autant plus essentiel en période de crise.
De grâce, à l’inverse des dérives cauchemardesques qui se révèlent jour après jour tout près de nous aux États-Unis, ayons la clairvoyance de ne pas saboter nos services publics, garants du vivre-ensemble, et efforçons-nous plutôt de saisir l’occasion pour cheminer vers un meilleur Québec.
Christian Daigle, président général du SFPQ.
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