« Ça fait 40 ans que les profs du Québec n’ont pas été en grève générale illimitée. Ce combat, la Fédération le mène non seulement pour les profs, mais aussi pour les élèves et pour l’avenir de l’école publique. À partir d’aujourd’hui, c’est chaque citoyenne et chaque citoyen qui a rendez-vous avec l’histoire afin d’arrêter la détérioration du système public d’éducation québécois, en soutenant cette grève générale illimitée le plus longtemps possible. Ça nous fait d’ailleurs très chaud au cœur que des milliers de personnes se déplacent aujourd’hui pour marcher avec nous, car elles comprennent l’urgence d’agir et la gravité de la situation dans nos écoles publiques. Nous sommes tout à fait conscients des sacrifices que cela exigera de la population dans les prochains jours, puisque les profs eux-mêmes en font un très gros à partir d’aujourd’hui, non seulement en renonçant à leur salaire, mais en se privant de faire ce qu’ils aiment, instruire, et du contact avec leurs élèves, qui donne tout le sens à leur métier. C’est pourquoi, au nom de nos membres, nous tenons aujourd’hui à remercier les Québécoises et Québécois 66 500 fois », a déclaré Mélanie Hubert, présidente de la FAE.
Avant d’entamer cette grande marche, plusieurs invités ont pris la parole sur scène, animée par l’humoriste Emna Achour.
« Éduquer une société, M. Legault, c’est essentiel, ça n’a pas de prix. Il faudrait que le gouvernement de la CAQ comprenne que de la richesse, il y en a ailleurs que dans les chantiers pis les usines. Les bonnes jobs, ce n’est pas obligé d’être des jobs qui détruisent la planète, ça peut être des jobs qui prennent soin du monde. Les bonnes jobs, ça peut être des jobs de femmes. Je pense que rejoindre les enseignantes et le personnel scolaire dans leur lutte pour de meilleures conditions de travail, ce n’est pas seulement les rejoindre en tant que citoyenne, ou en tant que travailleuse, mais en tant que femme », a plaidé Coralie Laperrière, humoriste féministe.
« Dans le cadre de cette grève, le gouvernement voudra enlever de la légitimité au mouvement enseignant en utilisant l’argument de la pression sur les parents. Souvenez-vous que vous n’êtes pas des gardiennes et des gardiens d’enfants. Vous êtes gardiennes et gardiens de l’éducation des générations futures. Et moi, je peux vous dire, en tant que parent, que ce que vous faites aujourd’hui est la plus belle leçon d’éducation citoyenne et de solidarité que nous ne saurions jamais enseigner à nos enfants », a tenu à souligner Samuel Pignedoli, papa d’un enfant qui fréquente une école primaire de Montréal, quelques minutes avant le début de la marche.
Malgré le caractère historique de cette mobilisation, le comité de négociation de la FAE est demeuré à Québec afin de poursuivre les négociations avec la partie patronale pour en arriver le plus rapidement possible à une entente. « Malgré le déclenchement de notre grève générale illimitée aujourd’hui, la priorité ultime de la Fédération demeure de trouver des solutions et de s’entendre avec le gouvernement », a rappelé madame Hubert.
Un hymne à la GGI, intitulé 23 novembre et reprenant l’air de la chanson 23 décembre du groupe québécois Beau dommage, peut d’ailleurs être écouté sur la page Facebook de la FAE. Cette chanson, écrite par Catherine Beauvais-St-Pierre, présidente de l’Alliance des professeures et professeurs de Montréal (APPM), un syndicat affilié à la FAE, et interprété par Renaud Paradis, décrit de façon éloquente les problèmes qui minent l’école publique du Québec.
Demandes de la FAE
Une composition de la classe plus équilibrée
La classe ordinaire a franchi un seuil de difficulté tel qu’elle constitue une contrainte à l’enseignement et aux apprentissages. Contrairement à ce que déclare la présidente du Conseil du trésor, Sonia LeBel, ce ne sont pas que les jeunes profs qui ont des classes difficiles dans les écoles publiques du Québec, mais une grande majorité d’enseignantes et enseignants.
La FAE défendra toujours l’idée que l’école doit accueillir TOUS les élèves, nonobstant leur origine, classe sociale ou difficulté. Cependant, le choix de la classe spécialisée, avec ses plus petits groupes et son personnel enseignant formé en adaptation scolaire, s’impose et représente, pour plusieurs élèves, ce qui leur conviendrait le mieux. Il en va de même pour les jeunes issus de l’immigration : miser sur l’immersion en classe ordinaire ne remplacera jamais la classe d’accueil et son programme adapté, confiés aux soins d’une enseignante ou un enseignant dûment formé pour cette réalité. Ce n’est pas seulement à la classe ordinaire, mais bien à l’école tout entière qu’incombe la responsabilité d’accueillir les élèves.
Une meilleure conciliation famille-travail-vie personnelle
La nature du travail des enseignantes et enseignants rend plus difficile l’application de certaines solutions pouvant favoriser la conciliation famille-travail-vie personnelle. En effet, les enseignantes et enseignants travaillent en fonction d’un calendrier scolaire et d’un horaire quotidien établis. Or, les changements de la société québécoise amènent de nouvelles réalités familiales, comme prendre soin de parents vieillissants, et il est important que le personnel enseignant puisse aussi bénéficier de différents congés. La FAE demande aussi que le temps de travail personnel (TP), qui permet aux enseignantes et enseignants de, par exemple, planifier leur enseignement, puisse être entièrement fait au moment et au lieu de leur choix.
Un salaire pour protéger le pouvoir d’achat des profs
Malgré un certain rattrapage lors de la dernière négociation, les enseignantes et enseignants du Québec gagnent encore un salaire en deçà de la moyenne canadienne et il leur faut trois années de plus que leurs collègues des autres provinces pour atteindre le maximum de l’échelle salariale (13 ans plutôt que 10). La FAE demande l’atteinte de la moyenne canadienne et une structure salariale attractive pour toutes les enseignantes et tous les enseignants, mais aussi une hausse de 4 % par année pour la durée de l’entente. Par ailleurs, si l’indice des prix à la consommation (IPC) au cours de l’année civile précédant l’augmentation salariale est supérieur à 4 %, la FAE demande que la hausse soit ajustée selon l’IPC. Pour prendre connaissance de toutes les demandes formulées par les enseignantes et enseignants dans le cadre de la négociation visant à renouveler leur contrat de travail : https://www.lafae.qc.ca/negociation-nationale
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