On nous annonce encore une fois un autre projet d’installation d’usine de liquéfaction de gaz, cette fois, au Saguenay [1] !Qu’avons-nous à nous entêter à vouloir à tout prix transformer le Fleuve et ses affluents en autoroute pour l’exportation des hydrocarbures ? Qu’avons-nous à vouloir à tout prix augmenter le trafic maritime dans un des habitats fauniques les plus riches de nos eaux québécoises et qui héberge des espèces en voie de disparition ? On veut liquéfier du gaz que l’on ne produit même pas au Québec ! Serait-on en train d’ouvrir la porte à l’exploitation des gaz de schiste en passant par l’arrière ? Serait-on en train de créer une demande ? En décembre dernier, à la suite du dépôt du rapport du BAPE sur cette industrie, le premier ministre déclarait que l’exploitation des gaz de schiste dans la vallée du Saint-Laurent ne représentait aucun intérêt financier actuellement et que de toute façon, il n’y avait pas d’acceptabilité sociale [2].
Si tout à coup cette exploitation devenait rentable et si l’acceptabilité sociale était au rendez-vous ? Comment fait-on cela ? En créant une demande pour des usines qui s’installent : Bécancour (Stolt) et Saguenay, en favorisant le développement de la distribution de gaz [3] et en maquillant la non-acceptabilité sociale. Présentement se tiennent des rencontres à huis clos pour élaborer le concept d’acceptabilité sociale [4]. Le ministre Arcand l’avait annoncé à l’automne dernier sans grande transparence et il récidive avec une façon de faire des plus restrictives. C’est un dossier majeur ! On tente de le régler en quatre rencontres à huis clos avec une participation restreinte en plus ! Ah oui, j’oubliais, on peut aussi donner son avis en rédigeant un mémoire, tout en ignorant quel suivi sera effectué puisse qu’aucun renseignement n’est fourni à ce sujet. Pendant ce temps, l’industrie continue d’avoir un accès direct au ministre qui ne s’en cache même pas d’ailleurs. On l’invite à dîner et il accepte régulièrement [5].
En simultané, on lance des appels d’offres pour évaluer le coût d’installation d’infrastructures sur l’île d’Anticosti avant de savoir si le potentiel pétrolier est là. On a à peine réalisé le tiers des forages de carottage et on n’en a pas étudié les résultats [6]. L’étude environnementale requise est encore en cours. On met la charrue devant les bœufs pour ne pas décourager les investisseurs. L’étude sur les infrastructures devait coûter 125 000 $, elle coûtera 210 820 $ soit 68,6 % plus que prévu, qu’à cela ne tienne, on va de l’avant [7]. On est en période d’austérité après tout ! Le ridicule ne tue pas !
Puis, il y a toujours Gaspé aux prises avec le forage de Haldimand 4 à quelques mètres des maisons, à l’intérieur des limites de la ville…
Finalement, on tente de diluer dans ce décor pétrolier le dossier des changements climatiques. N’avons-nous pas un ministère du Développement durable, Environnement et Lutte contre les changements climatiques qui veille au grain pour nous ?
“L’éveil de la nature au printemps pourrait-il coïncider avec l’éveil de la conscientisation ?”
Jacques Tétreault