Les grandes surfaces exercent une concurrence déloyale en vendant les best-sellers à rabais et utilisés comme produit d’appel. Les libraires tiennent entre 20 000 et 50 000 titres différents, contre 200 titres en grande surface. Les éditeurs ont besoin de ces points de vente de nouveautés pour maintenir une offre de grande diversité et faire connaître aux lecteurs les auteurs québécois. C’est une mesure simple : un rabais maximal de 10% pendant les neuf premiers mois d’une nouveauté, afin de freiner les fermetures de librairies observées ces dernières années.
Les exemples à l’étranger d’absence de réglementation démontrent que ce sont les consommateurs qui paient la note de ce laisser-faire. En Angleterre, le prix des livres a augmenté de 30% contre 18% d’inflation sur les biens de consommation entre 1996 et 2007*. La guerre de prix favorise les oligopoles qui ont ensuite les coudées franches pour imposer leurs prix et surtout leur choix de livres. Est-ce le Québec que nous voulons ? Une société où des grandes surfaces dictent quels livres nous devrions lire ?
Malgré sa fragilité, le milieu du livre québécois n’a jamais été aussi fort, dynamique, novateur et engagé. « Comme jamais dans notre histoire, nos éditeurs sont actifs pour promouvoir l’identité québécoise. Ils affrontent les nouveaux défis comme le numérique avec imagination et brio. Ils maintiennent une mémoire culturelle vivante qui nous permet de mieux nous comprendre en tant que peuple : qui aurait pu imaginer que Miron deviendrait l’une des principales icônes du mouvement étudiant de 2012 ? » s’est empressée de rappeler la porte-parole. « Il est du devoir de l’Assemblée nationale d’agir pour préserver cet élan qui, de surcroît, sera à coût nul pour l’État et les contribuables ».
Le salon du livre de Montréal est un rendez-vous apprécié et couru des lecteurs, un événement majeur pour susciter l’envie de lire. Aujourd’hui, le mouvement Sauvons les livres veut rappeler que le foisonnement littéraire de cet événement est menacé. Sans diversité, c’est notre culture et notre identité qui sont mises en péril.
* Source : Fishwick, Francis, Book Prices in the UK Since the End of Resale Price Maintenance,International Journal of the Economics of Business, 2008, 15:3, p.374. - in http://www.iris-recherche.qc.ca/blogue/le-combat-des-livres, 27 février 2013.
Sauvons les livres regroupe des écrivains, éditeurs, diffuseurs et libraires qui veulent, par des actions d’éclat, rappeler l’urgence de réglementer le prix des livres. Le mouvement a été lancé le 1er novembre 2013 : les tables des nouveautés de plus de 60 librairies québécoises ont alors été recouvertes d’un linceul blanc pour signifier la mort prochaine de la diversité éditoriale. Tant que le gouvernement n’agira pas, Sauvons les livres poursuivra ses coups d’éclat.
Les éditeurs qui soutiennent l’action de Sauvons les livres :
Bayard Canada, Boréal, Écosociété, Éditions Alto, Éditions Hurtubise, Éditions XYZ, Fides, Heliotrope, Les 400 coups, Les Allusifs, Leméac, L’instant même, L’oie de Cravan, La peuplade, Le Noroit, Le Quartanier, Les herbes rouges, Lux éditeur, Marcel Didier, Mémoire d’encrier, Multimondes, Nota Bene, Planète Rebelle, Pleine Lune, Remue-Ménage, Revue Liberté, Revue Spirale, Septentrion, Somme toute, Soulières éditeur, Tryptique.