Mais où est l’aide pour ceux et celles qui vivent déjà la misère à l’année longue ? C’est la question que se posent les 39 groupes communautaires, cosignataires de cette lettre.
On aimerait bien l’oublier, mais vivre avec un chèque d’aide sociale, au Québec, c’est de ne pas pouvoir se payer un logement convenable. C’est la débrouille continuelle, sans répit, pour réussir à faire son mois avec le 100 ou 200$ qu’il reste, après avoir payé le loyer. C’est la faim, avec les maux de ventre et la tête qui tourne. C’est prendre des décisions humiliantes et piler sur son orgueil parce qu’il faut trouver de quoi nourrir ses enfants à la fin du mois, une fin de mois qui dure parfois quelques semaines. C’est ça notre filet social, au Québec, aujourd’hui.
Pour les personnes assistées sociales, la crise a frappé là où ça faisait déjà mal. C’est le silence radio à l’Assemblée nationale. Aucune aide pour ceux et celles qui n’avaient déjà pas assez pour vivre. Aucune aide pour ceux et celles qui doivent déjà choisir entre payer le chauffage, le téléphone ou une carte d’autobus. Aucune aide pour ceux et celles qui ont perdu tous leurs espaces de rencontres et qui vivent leur confinement seuls dans un 1½. C’est ça notre vision du filet social, au Québec ?
Le gouvernement québécois semble l’oublier : les personnes assistées sociales ont vu leurs dépenses augmenter et leurs ressources diminuer cette année. Comme tout le monde, elles ont dû s’acheter des masques et du désinfectant. Elles ont subi la crise du logement et l’augmentation du prix des aliments. En parallèle, les soupes populaires ont fermé, et plusieurs ont perdu les petits emplois qui leur permettaient de boucler leurs fins de mois. Aucune aide pour ces personnes-là. C’est ça notre filet social, au Québec ?
Sept provinces et trois territoires canadiens ont mis en place des mesures pour que les personnes en situation de pauvreté puissent payer le loyer, l’épicerie et l’électricité. Au Québec, le gouvernement nous sert du réchauffé : des mesures prévues depuis plusieurs années, un peu de financement additionnel pour le communautaire. C’est ça notre filet social, au Québec ?
C’est inacceptable. Alors que la nécessité de couvrir ses besoins de base a été reconnue collectivement comme essentiel, les prestataires de l’aide sociale sont laissés dans la grande pauvreté. La misère n’est pas une nécessité économique ; c’est un choix de société. Le Québec a les moyens de ne laisser personne sur le bord de la route.
Il nous faut une aide d’urgence pour soutenir les personnes assistées sociales dans la crise. Elles ont besoin d’un revenu leur permettant de couvrir l’augmentation de leurs dépenses et leurs pertes de revenus, comme tout le monde et face à la crise plus que jamais !
Après la crise, il faudra voir plus loin. Pour ne laisser personne dans la misère, nous avons besoin d’un réinvestissement massif dans les services sociaux. Il faut rétablir le contrat social. Nous devons assurer la gratuité des médicaments, des soins psychologiques, dentaires et des yeux. Il nous faut une aide sociale universelle et inconditionnelle permettant, entre autres, de se loger convenablement, d’avoir une alimentation équilibrée, de se déplacer et de préserver sa santé. Ça devrait être ça notre filet social, au Québec.
Cette lettre a été co-signée par les 39 organismes communautaires suivant :
– Accès conditions vie Lac St-Jean-Est
– Action Plus Brome-Missisquoi
– Action populaire des Moulins
– Action populaire Rimouski-Neigette
– Action-Chômage Côte-Nord
– Association de Défense des Droits Sociaux (ADDS) de la Rive-Sud
– Association de Défense des Droits Sociaux (ADDS) de la Vallée de l’Or
– Association pour la défense des droits sociaux (ADDS) du Kamouraska
– Association pour la défense des droits sociaux (ADDS) du Montréal métropolitain
– Association pour la défense des droits sociaux (ADDS) du Québec métropolitain
– Café communautaire L’Accès, Alma
– Collectif gaspésien pour un Québec sans pauvreté
– Comité chômage de l’Est de Montréal
– Comité des personnes assistées sociales (CPAS) de Pointe-Saint-Charles
– Conseil central Saguenay Lac-St-Jean-CSN
– Droits Devant, Maria
– Front commun des personnes assistées sociales du Québec (FCPASQ)
– Groupe Ressource du Plateau Mont-Royal
– Groupement pour la Défense des Droits Sociaux (GDDS) de Trois-Rivières
– Inclusion, St-Jean-sur-Richelieu
– L’Action Plus de Sherbrooke
– Les Habitations partagées du Saguenay
– Lieu d’Actions et de Services Travaillant dans l’Unité avec les Sans Emplois (L.A.S.T.U.S.E.) du Saguenay
– Mouvement Action Chômage Lac-St-Jean
– Mouvement Action Chômage Pabok
– Mouvement Action-Chômage de Trois-Rivières
– Mouvement autonome et solidaire des sans emplois (MASSE)
– Mouvement des Chômeurs et Chômeuses de l’Estrie
– Organisation Populaire des Droits Sociaux (OPDS) de Valleyfield
– Projet Genèse/Project Genesis, Montréal
– Regroupement d’Entraide des Personnes Assistées Sociales (REPAS) de Rouyn-Noranda
– Regroupement des assistées sociales et assistés sociaux du Témiscouata (RASST)
– Regroupement des Auberges du cœur du Québec (RACQ)
– Regroupement des droits des assistés sociaux (RDAS) Mont-Laurier
– Regroupement des femmes sans emploi du Nord de Québec (ROSE du Nord)
– Regroupement des sans-emploi (RSE) de Victoriaville
– Service budgétaire de La Baie et du Bas-Saguenay
– Service budgétaire de St-Félicien
– Service budgétaire et communautaire de Chicoutimi
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