Édition du 5 novembre 2024

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Politique canadienne

Occupons Toronto !

Le mouvement des IndignéEs fait tache d’huile. Inspiré par le sit-in à Wall Street, des militantEs se sont réunis vendredi dernier pour planifier Occuper Toronto ! devant la Place de la Bourse de Toronto le 15 octobre prochain. Traduction d’un article de Socialist Project.

Les responsables du mouvement d’occupation ont décidé de cesser les négociations avec la police municipale à propos de l’endroit du site d’occupation à moins d’une semaine de l’événement.

Environ 250 personnes se sont réunies vendredi soir le 7 octobre au Parc Berczy près du quartier financier de Toronto pour une « assemblée générale », afin de préparer Occuper la Bourse de Toronto. La manifestation, qui débutera le 15 octobre, est inspirée par le mouvement Occuper Wall Street à New York, qui en est maintenant dans sa troisième semaine.

Le collectif de militantEs, principalement des jeunes hommes et femmes, a discuté d’un éventail de sujets, y compris la structure organisationnelle, les médias et les idéologies.

Leur relation avec la police était un sujet de discorde, certains souhaitant maintenir les communications, et d’autres préférant garder leurs distances. Tom Zaugg, un militant qui plus tôt a entamé un dialogue avec la police de la division 52, n’était pas le seul à soutenir que la police n’était pas nécessairement contre la protestation. Un autre activiste, Josh Goskey, a déclaré la police peut être sympathique à leur cause. « [Nous devons] leur apprendre que c’est dans leurs intérêts de soutenir le mouvement ", a déclaré Goskey de la police, « et que si elles veulent servir et protéger, ce mouvement est aussi le leur."

Mais avec les vidéos de la police de New York montrant l’utilisation du spray au poivre contre les participantEs à Occupy Wall Street et les souvenirs de la répression entourant le G20 encore frais dans la mémoire des TorontoisEs, le collectif a décidé qu’il valait mieux cesser temporairement les communications avec la police . (Après des discussions à la réunion d’hier, le groupe a décidé d’opter pour la prise de décision par consensus plutôt que par des votes ou par l’intermédiaire des dirigeants désignés.)

En plus de préoccupations au sujet de la police, certains activistes sont inquiets que les médias puissent déformer leur message, et ils ont décidé que les déclarations officielles ne seront diffusées que le lendemain de l’occupation. Alors que le black-out médiatique a empêché quiconque dans le mouvement sans chef de s’exprimant au nom du groupe, à partir de l’assemblée générale, il est clair que les manifestants vont concentrer leur message sur la cupidité des entreprises et de la disparité des richesses, non seulement au Canada mais partout dans le monde.

Leur cri de ralliement : « Je suis le 99 pour cent", souligne la concentration des richesses dans le top 1 pour cent des contribuables par rapport au reste de la population. Les 99 pour cent, selon les manifestants, sont ceux touchés par la récession économique à travers la fiscalité, le chômage et le sous-emploi. Les Canadiens n’ont pas souffert de la récession dans la même mesure que de nombreux autres, ni la crise du logement, ni le chômage atteint les niveaux de 2008 en Amérique et dans d’autres pays européens. Mais lorsqu’on parle avec des militants, beaucoup disent que nous ne pouvons pas accepter que le Canada tombe à ces niveaux, et des mesures doivent être prises dès aujourd’hui pour s’occuper du fardeau croissant mis sur la classe moyenne, et l’élargissement du fossé entre riches et pauvres.

Rashin Alizadesh, un étudiant de quatrième année en sciences politiques à l’Université de Toronto, dit que les gens réalisent enfin que le système politique est pourri. « Je crois que le capitalisme ne fonctionne pas », dit-elle. « C’est organisé pour une très petite minorité et c’est une planification très consciente du fonctionnement du système."

Plusieurs militantEs inscrivent la manifestation prévue pour Toronto comme écho d’un mouvement mondial qui comprend le printemps arabe et les manifestations contre les mesures d’austérité à Athènes ainsi que Occupy Wall Street aux États-Unis (qui ont gagné d’autres villes, dont Los Angeles, Boston, Seattle et Washington DC). Jim Petersen et David Rapaport, deux autres militants à qui nous avons parlé, comparent ce mouvement de protestations à celui qu’a connu le monde entier dans les années 1960. Petersen a déclaré que la coordination internationale du mouvement aura des choix politiques à faire, et Rapaport a ajouté que les protestations se penchent sur la « répartition de la richesse."

L’endroit pour l’occupation n’a pas été choisi définitivement. Certains militants craignent qu’une annonce publique avant le 15 octobre permette aux policiers de bloquer l’accès à l’endroit. Cependant, il était évident que les militants sont déterminés à occuper un endroit public significatif à long terme et ils sont prêts à camper dans l’espace occupé.

D’ici la publication des déclarations officielles du collectif, il n’est pas clair, comme c’est le cas des manifestations du même type dans d’autres villes, combien de temps les militantes et militants sont prêts à rester et les objectifs à atteindre sur ce qui constituerait une victoire pour elles et eux.

* Pour une liste des collectifs canadiens préparant une activités de désobéissance civile liée au mouvement des IndignéEs, consultez la page web suivante : http://rabble.ca/blogs/bloggers/krystalline-kraus/2011/09/activist-communiqu%C3%A9-occupy-canada-movement

Daniel Viola

Socialist Project

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