Édition du 17 décembre 2024

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Présentation de la revue Adresses

Nous n’en avons pas fini avec l’anti-impérialisme des imbéciles

La formule de la militante syrienne Leïla Al-Shami, reprise par Pierre Madelin dans le n°2 d’Adresses ne cesse de s’imposer à nous dans l’actualité mondiale [1] : « Nous n’en avons pas fini avec l’anti-impérialisme des imbéciles ! » Pas plus que nous en avons fini avec celles et ceux qui taisent, excusent souvent, certains crimes au nom de la lutte contre d’autres crimes et criminel·les.

29 août 2024 | tiré du site entre les lignes entre les mots
https://entreleslignesentrelesmots.wordpress.com/2024/08/29/nous-nen-avons-pas-fini-avec-lanti-imperialisme-des-imbeciles/

Nous avons abordé dans les précédents numéros d’Adresses, certains aspects du droit international, la prévention du risque de génocide, les crimes de guerres, les crimes contre l’humanité. Il faudrait développer, encore et encore, sur les spatiocides, les domicides, les écocides, les scolasticides, sans oublier les crimes les plus répandus et les plus « banals » : les féminicides et les crimes contre les enfants. Ce numéro comporte des analyses de certains de ces crimes contre les êtres humains et leurs organisations sociales. Les possibles criminels de guerre, les plausibles criminels contre l’humanité, qu’ils soient responsables d’États ou de bandes armées, doivent être jugés dans le respect du droit, dans des procédures contradictoire et publique.

Des soldats israéliens sont soupçonnés de torture et de viols contre des prisonniers palestiniens. L’extrême droite israélienne, des ministres – avec la complicité tacite du Premier ministre – proclament que ces soldats sont des héros. Voilà qui en dit long sur les effets de la colonisation sur les colonisateurs, sur la nature du pouvoir israélien.

L’usage et la justification d’actions criminelles ne sont pas seulement contraire au droit, elles détruisent notre part commune d’humanité, elles pèsent sur les luttes émancipatrices et les futurs possibles.

La fermeture des frontières, la construction de murs (en violation du droit international) pour empêcher les êtres humains de circuler entraînent chaque année des milliers de mort·es. Dans l’histoire du 20e siècle, la fermeture de certaines frontières et le refus d’accepter les exilé·es fut aussi le prélude à des massacres de masses, des génocides.

Il ne faut pas oublier le sinistre Mur de Berlin érigé pour empêcher la population de la RDA de fuir la dictature stalinienne que certain·es considèrent encore comme « socialiste ».

Les choix démocratiques, les souverainetés des communautés, dans le respect des autres groupes humains, les possibles émancipateurs impliquent des luttes résolues contre les exclusions, les inégalités, les stigmatisations, les haines des autres.

Certaines pratiques aujourd’hui éclairent d’une lumière rayonnante les possibles. Dans cette livraison, nous avons choisi d’aborder la question de l’eau. Nécessaire à toute vie, c’est un bien commun qui suppose donc une gestion commune. Nous pouvons pour ce faire regarder du côté de Valencia (État espagnol).

Loin des représentations déformées des médias, des espaces de solidarité sont en construction, parfois peu visibles, quelques fois davantage. Il convient d’en faire la publicité : un réseau international étudiant·es-travailleur·euses, La Via Campesina, la Marche mondiale des femmes, les soutiens aux réfugié·es et aux migrant·es et des milliers d’autres pratiques qui préfigurent aujourd’hui un autre avenir…

Qu’est-ce qu’une paix juste et durable ? Une chose est sûre cela ne peut être quelques arrangements secrets imposés par un impérialisme envahisseur, un colonisateur violant les droits des êtres humains ou un voisin étatique dominant.

Juste et durable, implique de ne pas détourner les yeux des questions nationales : en Palestine, au Kurdistan, au Sahara occidental, en Kanaky, à Mayotte…

Le cadre de la revue a été expliqué dans le numéro 0

Comment élargir à d’autres sujets ? À l’occasion des élections au Parlement européen et à l’Assemblée nationale de l’État français, nous proposons un cahier, un « Parti pris ». Des prises de position engagées mais non polémiques.

D’autres « Parti pris » pourront être envisagés, en numéros spéciaux séparés et toujours téléchargeables gratuitement. Cela permettrait de regrouper des textes sur un thème, un pays, etc. Éventuellement plus ouvert aux contradictions, aux discussions mais sans insultes ni délirantes fantaisies, faut-il toujours le préciser ? N’hésitez pas à faire des suggestions.

Le refus du campisme – l’ennemi de mon ennemi rebaptisé ami –, le refus d’opposer certaines luttes à d’autres ou de taire certaines contradictions –pour ne pas « désespérer Billancourt », comme il se disait hier –, le refus de la multipolarité positive cache-sexe des régimes « autoritaires » sont au cœur d’Adresses (Syrie, invasion russe en Ukraine, place réelle des Brics, mollarchie iranienne, suprémacisme hindou, néolibéralisme et impérialisme, colonialisme français, etc.). Des positionnements réactionnaires de nature purement pavlovienne circulent aujourd’hui à propos des élections au Venezuela.

Avant de discuter du rejet des candidatures par un pouvoir en place (comment ne pas penser à la Russie, à l’Iran, sans oublier les pays où les oppositions sont interdites), des fraudes électorales, de la contestation des résultats, des proclamations antidémocratiques comme celles de Donald Trump aux États-Unis, nous tenons à rappeler que nous avons applaudi lorsque le Front sandiniste de libération nationale, au Nicaragua, a reconnu sa défaite électorale en février 1990.

Une leçon foulée aujourd’hui aux pieds par ce même Daniel Ortega et par bien d’autres, toujours plus accrochés au pouvoir qu’aux vertus vitales de la démocratie.

[1] Pierre Madelin, « Des pensées décoloniales à l’épreuve de la guerre en Ukraine », Adresses, n°2, 1er mai 2024.

Didier Epsztajn, Michel Lanson, Patrick Silberstein

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