Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Nouveau Parti Démocratique (NPD)

Déclaration du Caucus socialiste du NPD

Niki Ashton - le meilleur choix comme chef du NPD

Le caucus socialiste du Nouveau Parti démocratique qui est activement soutenu par des centaines de membres du NPD à travers le Canada, et qui reçoit généralement 25 à 35 pour cent des votes lors des congrès du NPD pour ses candidat-e-s et ses résolutions politiques, et souvent plus, a décidé aujourd’hui de donner un soutien critique à Niki Ashton, candidate à la direction du NPD.

Déclaration

Comme la course à la chefferie du Nouveau Parti démocratique fédéral tire à sa fin, il est malheureusement évident qu’aucun des sept candidat-e-s restant propose une rupture nette avec l’orientation procapitaliste du parti. Rappelons-nous que l’on est dans la quatrième année d’une grande récession mondiale. Rappelons-nous les mesures d’austérité, le renforcement de la destruction de l’environnement, et la menace croissante d’un élargissement du conflit au Moyen-Orient qui pointe à l’horizon. L’orientation actuelle du parti mène au désastre.

Dans les circonstances actuelles, à notre avis, le meilleur espoir de changement progressif dans la direction du NPD est représenté par Niki Ashton, députée de Churchill (Manitoba).

Contrairement aux autres candidat-e-s, la campagne de Niki vise à identifier davantage le NPD à un parti de la classe ouvrière. Elle exclut tout pacte électoral avec les partis de la grande entreprise. Elle dénonce le soutien à la guerre impérialiste et elle insiste pour ramener dès maintenant les troupes canadiennes au pays. Bien qu’Ashton ne soutienne pas le retrait du Canada de l’OTAN, elle a dénoncé lors d’un débat parrainé par le caucus à Toronto la visite du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, à Ottawa, et elle a défendu la liberté de la parole pour les défenseurs de Boycott, Désinvestissement et Sanctions visant l’État d’apartheid sioniste.

Alors qu’Ashton ne préconise pas la propriété publique, elle a salué les efforts fructueux du caucus socialiste au congrès du NPD fédéral à Vancouver, en juin 2011, pour garder le mot « socialisme » dans la constitution du parti. En réponse à une question, Ashton a rappelé la pratique du Manitoba de financement public des écoles catholiques ou religieuses en tant que modèle pour le Canada.

Franchement, nous aimons la volonté de Mme Ashton de brasser la cage. Elle l’a fait quand elle a contesté un député néo-démocrate en place en 2005 qui s’était opposé à la légalisation du mariage pour les conjoints de même sexe. Niki a alors remporté l’investiture, et elle a été élue députée en 2008 et 2011.

Pour nous, son âge, 29 ans et son féminisme, accroissent son potentiel de se déplacer encore plus vers la gauche.

Là où les autres candidat-e-s échouent

Malheureusement, les autres prétendants ont largement contribué à faire de la campagne à la direction une campagne terne et ennuyante, en se faisant les défenseurs du statu quo dans le parti et préparant ainsi son recul. En centrant la campagne sur le curriculum vitae de chacun, ils n’ont guère inspiré et ont cherché encore moins à développer le niveau de conscience politique.

En termes de régression, les pires aspirants ont été Thomas Mulcair et Nathan Cullen.

Pour Mulcair, ex-ministre libéral du Québec, qui a également envisagé de se joindre aux conservateurs, le NPD doit « se déplacer vers le centre." Cela déboucherait sur un Nouveau Parti libéral du Canada. Plutôt que de sauver les sièges nouvellement acquis par le NPD au Québec, il pourrait les perdre et pourrait se trouver débordé sur sa gauche par le Bloc québécois.

La politique de Mulcair envers Israël est odieuse. Il rejoint Harper en attaquant Libby Davies, quand cette dernière a déclaré que l’occupation de la Palestine a commencé en 1948. Il a également accepté un don fait à sa campagne de Peter Munk, PDG de Barrick Gold, le géant minier canadien qui dépouille les terres autochtones d’ Amérique latine et d’ailleurs dans le monde.

En Colombie-Britannique, Nathan Cullen est un député connu comme le principal porte-parole d’un pacte de non-concurrence électoral avec le Parti libéral du Canada. En occultant la question de classe, en ciblant le seul Harper, Cullen favorise les illusions dans le système qui est à la source de la grande récession actuelle, le système qui permet aux dirigeants de substituer, à tout moment, un autre tricheur arrogant comme premier ministre. L’opposition Cullen à l’oléoduc XL passant à travers les terres autochtones de Colombie britannique est éclipsée par son allégeance au contrôle des grandes entreprises sur les ressources.

Paul Dewar, député d’Ottawa, propose de donner plus de pouvoirs aux gouvernements municipaux, et même un siège aux réunions ministérielles fédérales-provinciales – un simple exercice de suivi des réductions massives de dépenses publiques. Quand il était le porte-parole néo-démocrate des Affaires étrangères au Parlement, Dewar s’est fait le champion des bombardements de la Libye par les Forces canadiennes. Il a soutenu l’Accord Canada-U.N. d’occupation d’Haïti. Il s’est opposé au Bateau canadien pour Gaza, et il refuse tout appui à la campagne Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) visant l’État d’apartheid sioniste - sujets qu’il a hypocritement tenté d’éviter pendant la course à la direction.

Quant à Martin Singh, son mantra, l’esprit d’entreprise, est peu nécessaire dans un parti qui, à la fois aux niveaux provincial et fédéral, est déjà trop préoccupé par le sort de l’entreprise. Bien qu’il ait souligné la nécessité d’un programme d’assurance-médicaments au niveau fédéral, il a omis de poser l’urgence de l’augmentation des taxes sur les riches - il ne demande pas l’abrogation de l’Accord nord-américain de libre-échange. Il croit nécessaire d’établir une politique concernant les soins à apporter aux conséquences de l’usage des drogues.

Cela nous amène à l’élite des politiciens de l’appareil du parti, Brian Topp et Peggy Nash. Ils étaient à la barre au cours de la dernière décennie. Ils ont dirigé la mise en place de l’orientation droitière inspirée par le défunt chef, Jack Layton. Ils ont « professionnalisé » (centralisé) le NPD, afin de maximiser ses capacités de collecter des fonds, tout en minimisant le poids des membres sur la détermination des politiques du parti. Ils ont modelé ses politiques pour favoriser le contrôle des grandes entreprises sur tous les aspects de l’économie.

Rappelez-vous qu’ils ont salué avec enthousiasme le renflouement par le gouvernement conservateur des banques et des géants de l’automobile. Ex-négociateur des Travailleurs Canadiens de l’Automobile, Nash serait allé plus loin, appelant à encore plus d’argent public pour soudoyer les entreprises et générer quelques emplois. Pourtant, ce dont nous avons besoin, ce n’est pas de nationalisme économique ou de bien-être social (pour les entreprises), mais d’un programme de création massive d’emplois par la propriété publique au service des travailleur-euses, de contrôle communautaire, et d’une réduction de la semaine de travail sans perte de salaire ou d’avantages.

Tous les deux ont également favorisé la suppression du mot « socialisme » de la constitution du NPD. Topp a renvoyé cette proposition à l’exécutif fédéral, juste pour sauver la face, seulement après que le Caucus Socialiste et autres gauchistes aient gagné le débat lors du Congrès de Vancouver en juin 2011.

Topp a mené campagne pour taxer plus lourdement le 1 % des plus riches. Nash accepte cette orientation. Mais il ne propose pas d’abroger les dernières réductions d’impôt des Conservateurs. Les deux dénoncent la propriété « étrangère », mais pas le système qui fait du pays celui des bas et des hauts profits, et cela, au détriment de la nature et de l’humanité.

Topp est handicapé par ses vanités « d’initié ». Nash est entravée par son entourage (...). Ni l’un ni l’autre n’offre une orientation anti-capitaliste dont le parti a si désespérément besoin.

Comme la plupart des autres candidats, ils ont montré leur mépris pour la démocratie en refusant de participer au débat organisé par le Caucus socialiste le premier mars dernier. En fait, Brian Topp, Peggy Nash, Thomas Mulcair et Paul Dewar n’ont même pas répondu à nos nombreuses invitations. Niki Ashton, d’autre part, n’a pas tardé à y réponde et a été heureuse d’y participer.

Beaucoup de néo-démocrates font valoir, à juste titre à notre avis, qu’on a trop mis l’accent sur la position du dirigeant et sur le processus de sélection. Un type de direction plus collective, et un accent placé davantage sur la politique et les principes sont nécessaires.

Mais ne serait-ce pas une grave erreur pour les socialistes du NPD et pour les progressistes d’ignorer l’actuelle course à la direction, uniquement pour défendre une politique socialiste et une plus grande démocratie dans le parti, et espérer mieux ? De toute évidence, nous devons être engagés dans toutes les actions permettant un changement positif au NPD.

En conséquence, le Caucus socialiste du NPD exhorte les membres à voter pour Niki Ashton pour chef. Nous ne recommandons pas un second ou troisième choix ou plus. Ashton ouvre la porte à un changement progressif. Les autres ne le font pas.

La nécessité de la démocratie socialiste

Dans le même temps, la nécessité d’une alternative socialiste à l’intérieur du NPD et du mouvement syndical n’a jamais été plus urgente. Elle deviendra possible en attirant au NPD plus de travailleuses et de travailleurs, plus de jeunes, plus de femmes, plus de Québécois-e-s, plus d’Acadien-ne-s et plus de membres des peuples autochtones, plus d’immigrant-e-s, plus de personnes LGBT, plus de pauvres et de dépossédés - et en développant des politiques et actions socialistes.

La solidarité ne connaît pas de frontières. Donc, notre lutte pour le socialisme doit aller au-delà de l’isoloir, dans les rues et dans les milieux de travail. Il faut organiser les non-syndiqués. Il faut bloquer l’offensive d’austérité capitaliste. Il faut refuser les concessions syndicales. Il faut refuser de payer pour la crise du système des grandes entreprises. Il faut nationaliser les principales entreprises sous contrôle ouvrier et communautaire.

Le 2 mai 2011, plus de 4,5 millions de Canadien-ne-s et de Québécois-e-s ont voté pour le NDP. Depuis lors, le nombre de membres du parti a presque doublé pour atteindre 130 000 personnes. Sans consolider une majorité de ces électeurs et des électrices et des nouveaux membres, il n’y aura pas de socialisme, et tout le travail passé, les gains sociaux et environnementaux du passé risquent d’être perdus. Gagner au NPD la majorité doit être le but du Caucus socialiste. Nous vous invitons à nous rejoindre dès maintenant pour y parvenir. Le plus tôt possible sera le mieux !

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