Celui ou celle qui sera est élu chef du Nouveau Parti démocratique aura comme premier mandat de résoudre la question du déficit. Non, pas la question du déficit financier mais celle du déficit démocratique.
La course à la direction en est un bon exemple. Elle a connu un départ qui est plutôt de mauvaises augures. En exigeant un dépôt 15 000 $ ou plus 40 pour cent des dons recueillis, les responsables du parti ont exclu la grande majorité des néo-démocrates de la course à la chefferie et des débats qui lui sont liés. Il semble que les candidatures des député-e-s et des bureaucrates du parti ayant un salaire à six chiffres et les riches marchands étaient recherchés.
Même pour assister au congrès fédéral, la plupart des délégué-e-s ont dû débourser 349 $ chacun - pour ne rien dire de leurs frais de voyage, d’hébergement et de repas. C’est beaucoup demander, en particulier dans une période de grande récession.
Mais le déficit démocratique va beaucoup plus loin. Il concerne les questions de responsabilité politique et représentation publique du parti. Les néo-démocrates sont fiers d’affirmer que les bases du parti définissent la politique de ce dernier et que nos dirigeants sont obligés de les suivre. Malheureusement, c’est une fierté qui n’est pas fondée. Le NPD fédéral a ignoré à plusieurs reprises son engagement à faire campagne pour le retrait du Canada de l’OTAN. Pire, ses député-e-s ont voté en faveur du bombardement de la Libye en 2011. Et il a souvent manqué à son engagement à respecter le droit national du Québec à l’autodétermination (en soutenant, par exemple, l’infâme Loi sur la clarté de Jean Chrétien.)
Et dernièrement, les fonctionnaires du parti néo-démocrate ontarien se sont arrogés des pouvoirs dictatoriaux pour bloquer la nomination d’un candidat et ont même annulé une candidature valide après le fait. Ignorer les politiques adoptées par le parti et aller à l’encontre du processus de nomination démocratique sont de mauvaises pratiques. Mais quand ces pratiques sont combinées avec des politiques pro-capitalistes des gouvernements néo-démocrates provinciaux et à l’incapacité de cibler le système responsable de la crise économique mondiale et de celle de l’environnement, elles donnent lieu à de graves préoccupations.
Si le NPD veut s’opposer de façon systématique, en alliance avec la classe ouvrière et les opprimés, il ne peut se contenter d’affirmer qu’il est contre les crimes commis par le 1% qui dirige. Le parti peut donner l’exemple. Il doit maintenant chercher à éradiquer son propre déficit démocratique, notamment en adoptant les mesures suivantes :
- Réduire radicalement les frais des délégué-e-s et le montant du dépôt des candidat-e-s à la direction.
- Consacrer au moins 80 pour cent du temps du congrès du parti au débat politique.
- Tenir les responsables du parti et les membres élus responsables de toute violation des principes du parti et des politiques adoptées par le congrès de ce dernier.
- Empêcher les fonctionnaires du parti de s’ingérer dans le processus de nomination des candidat-e-s - sauf si un-e candidat-e a omis de divulguer une condamnation pénale.
- Remplacer l’élection de la direction par tous les membres du parti (ce qui permet aux médias d’affaires et aux plus fortunés de mobiliser des membres instantanés non réellement impliqués dans le parti) par le retour à une méthode éprouvée de longue date soit l’élection de la direction à un congrès du NPD par les délégué-e-s démocratiquement choisis par les associations de circonscription, les clubs de jeunes ou les organisations syndicales affiliées.
Instituer la représentation proportionnelle dans les conseils fédéraux et provinciaux du parti et sur ses organes exécutifs. L’establishment du parti pilote habituellement une liste de candidat-e-s lors des congrès. Le résultat est que cette liste emporte le morceau. Lorsque des caucus formés de militant-e-s- de la base et des tendances regroupant des candidat-e-s à des postes gagnent des votes, ces groupements doivent recevoir une partie des sièges correspondant à leur part des votes des délégué-e-s.
Un NPD véritablement démocratique pourrait donner de l’espoir pour une humanité libre, une société juste, rationnelle, et donc un avenir socialiste. Mais sans démocratie, il ne peut y avoir de socialisme, ni beaucoup d’espoir dans le progrès de l’humanité.