Édition du 17 décembre 2024

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Asie/Proche-Orient

Ni Biden ni Trump n'obligeront Israël à mettre fin à l'occupation des territoires palestiniens de 1967

L’occupation de la Cisjordanie par Israël est indifférente au fait que Donald Trump ou Joe Biden finisse président des USA : cela ne fait aucune différence. L’occupation a remporté une autre grande victoire mardi, bien avant la fermeture des bureaux de vote.

Tiré de Tlaxcala.org

C’est extraordinaire - deux personnes totalement différentes comme Trump et Biden partagent un consensus incontestable : le soutien usaméricain à l’occupation. Il ne semble pas y avoir de question sur laquelle les deux s’accordent davantage, de sorte que l’identité du vainqueur de l’élection n’est pas pertinente pour l’occupation.

Trump est un ami des colons et a reconnu le plateau du Golan comme faisant partie d’Israël, mais Biden ne fera rien non plus pour entraîner un retrait ou même geler l’entreprise de colonisation. Et Trump se moque des faibles, y compris de ceux qui se trouvent tout en bas de l’échelle, les Palestiniens. Les droits humains sont la dernière question qui l’intéresse, le droit international n’est jamais apparu sur son bureau, et il n’a probablement jamais entendu parler des souffrances des Palestiniens, ce qui fait de lui le contraire de son rival.

Biden sait une chose ou deux sur les droits humains, sur les faibles, les dépossédés et les opprimés. L’esclavage résonne en lui, et les malheurs des Palestiniens peuvent toucher son cœur, sous l’influence de Barack Obama, qui a comparé ces souffrances aux souffrances passées des Noirs en USAmérique.

Avec Biden, nous ne verrons pas de gens comme l’ambassadeur David Friedman ou Jared Kushner, qui sont favorables aux colons. Ils seront remplacés par des Friedman plus sérieux et plus modérés, mais Biden ne fera rien pour apporter la justice et la rédemption aux Palestiniens, faire respecter le droit international et mettre sa main dans le feu, si ce n’est du bout des lèvres. Après tout, c’est ce qu’a fait le grand Obama.

Biden offrira un environnement différent, moins humiliant pour les Palestiniens, plus conscient de leur existence. Lorsqu’il lancera son plan de paix - peut-être le centième plan de paix non réalisé des USAméricains - les rabbins orthodoxes et les pasteurs évangéliques ne seront pas les seuls présents, comme pour le « deal du siècle » de Trump. Les Palestiniens seront également présents.

Mais la suite ne sera pas différente - une séance photo, un envoyé spécial, un bon jour même une conférence de paix, tout cela pour rien. Les Palestiniens continueront à saigner sur le bord de la route, écrasés par la botte israélienne et menottés, tandis que le Sultanat d’Oman sera ajouté au soi-disant processus de paix.

De toutes les questions, l’une d’entre elles fait apparemment l’objet d’un large consensus international, de bloc en bloc et de continent en continent. Aucune question n’unit plus les pays que l’opposition à l’occupation et le refus de la reconnaître. C’est la seule question pour laquelle il n’y a pas de différence entre les présidents usaméricains : aucun d’entre eux n’a envisagé d’y mettre un terme. Ou alors un qui n’est pas encore né.

Aucune des explications raisonnables à cela ne fera l’affaire. Aucun graphique présentant les différents intérêts, usaméricains ou internationaux, n’est assez convaincant pour expliquer comment, dans une affaire aussi claire et évidente - l’illégalité et l’injustice de l’occupation, la course à l’établissement d’un État d’apartheid et la souffrance du peuple palestinien, dont des millions de personnes sont les seuls citoyens à ne pas avoir d’État - il n’y a pas de différence entre les administrations usaméricaines. Dix présidents, 53 ans : l’occupation est à l’apogée de sa puissance et les chances d’y mettre fin sont plus minces que jamais, que ce soit avec Biden ou Trump.

La superpuissance qui finance, équipe, soutient et protège la prunelle de ses yeux, Israël, couvre tous ses crimes, sans aucune intention d’utiliser son pouvoir pour influencer Israël afin de mettre fin à l’occupation. Elle n’a jamais eu l’intention de le faire. L’USAmérique n’y est pas obligée. C’est Israël qui porte le poids du blâme et de la responsabilité.

Mais lorsqu’une superpuissance continue à soutenir automatiquement et inconditionnellement le pays responsable de tout cela, administration après administration, sans qu’aucun président ne fasse une pause pour demander pourquoi et jusqu’à quand, elle est elle aussi souillée et coupable. La droite israélienne peut cesser de s’inquiéter. Une question fatidique n’atterrira pas sur le Bureau ovale, peu importe qui est assis derrière.

Lire Pour Israël, Biden s’engage à violer la loi américaine, par Zarefah Baroud

Gideon Levy

Journal Haaretz, Israël

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