Les vieilles tactiques libérales
Je ne me prononcerai pas sur le fond des demandes syndicales ou des offres patronales parce que tout cela appartient aux parties à la table de négociation. Le problème fondamental, c’est l’attitude du président du Conseil du trésor dans cet exercice délicat de négociation. L’insistance des divers représentants du gouvernement libéral de négocier sur la place publique met les parties dans une position délicate et empêche les discussions de progresser de manière constructive.
Ainsi, lorsque Pierre Moreau affirme vouloir négocier un règlement, mais que la négociation traîne, faute de volonté réelle de chercher une entente satisfaisante pour les deux parties, il jette de l’huile sur le feu déjà bien nourri de la mobilisation des membres du regroupement Les avocats et notaires de l’État québécois (LANEQ).
En quelque sorte, le ministre fait preuve d’une certaine mauvaise foi en faisant ainsi traîner les choses pour rétablir le rapport de force à son avantage en affaiblissant économiquement les avocats et les notaires en grève. C’est une vieille tactique qui n’a pas sa raison d’être lorsque l’objectif est d’arriver à une entente juste et équitable.
Les lendemains du conflit
Un conflit de travail, ça laisse des traces. Chaque fois que des travailleuses et des travailleurs sont forcés de prendre la rue pour faire entendre leur point de vue, c’est en raison d’une attitude intransigeante de la partie patronale. Personne ne fait la grève de gaité de cœur et les séquelles d’un conflit de travail s’aggravent plus ce dernier est long.
Après la négociation, le travail reprendra et le gouvernement devra rétablir des relations harmonieuses avec ses avocats et ses notaires avec qui il se doit d’avoir une relation de confiance mutuelle. Or, la confiance, c’est délicat. Ça se brise beaucoup plus facilement que ça ne se rapièce.
Négocier, c’est payant
Mon conseil au ministre Moreau serait de rétablir rapidement le dialogue et de faire preuve d’une écoute sincère à l’égard des demandes des membres de LANEQ. En effet, quand des personnes salariées en sont rendues à continuer de faire la grève malgré l’absence d’un fond de grève, c’est qu’ils sont plus que convaincus de la justesse de leurs revendications et qu’ils souhaitent une solution durable aux problèmes qu’ils soulèvent. Négocier de bonne foi, c’est justement ça : trouver des solutions aux problèmes que vivent les parties des deux côtés de la table. Laisser ce conflit perdurer n’est dans l’intérêt de personne. Il serait temps de changer le script et de rétablir un dialogue constructif.