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« Mutinerie. Comment notre monde bascule »

Pendant quatre mois, Peter Mertens, secrétaire général du PTB, s’est immergé dans ce monde qui vacille et y a analysé tout ce qui gronde, gémit et s’ébranle. Le résultat est « Mutinerie ».

17 novembre 2023 | tiré du site du Parti du travail de Belgique

Le monde est comme une mer houleuse. Les bruyantes vagues peuvent être annonciatrices de grands bouleversements. Pendant quatre mois, Peter Mertens, secrétaire général du PTB, s’est immergé dans ce monde qui vacille et y a analysé tout ce qui gronde, gémit et s’ébranle. Le résultat est « Mutinerie », un livre disponible en librairie à la fin de l’année.

Nous rencontrons Peter Mertens le lendemain du jour de la remise de Mutinerie à l’éditeur EPO qui se charge de la version originale en néerlandais. Avant sa sortie, l’auteur nous en donne un avant-goût. Le secrétaire général du PTB croit en la force de la littérature et a hâte d’en parler avec les gens.

Y a-t-il un moment précis où vous vous êtes dit : « Maintenant, je m’installe à mon bureau et j’écris ‘ Mutinerie’ » ?

Peter Mertens. Un moment important a certainement été l’annonce, en mai de cette année, du fait que les économies émergentes – les BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) – ont dépassé les pays riches du G7 en termes de poids économique. Nos médias n’en n’ont presque pas parlé. On se concentre toujours sur la situation économique des pays du Nord. Et soudain, cette annonce. J’ai voulu explorer les relations entre tout cela. Rapidement, l’idée d’écrire un nouveau livre s’est imposée.

Un livre qui se concentre sur le monde dans son ensemble…

Peter Mertens. Je pense qu’il est important de relier les résistances du Nord et du Sud. C’est facile pour nous de nous concentrer sur ce qui se passe dans le Nord, mais tout est lié avec le Sud. Ça a toujours été le cas, tout au long de l’histoire.

Je crois fermement que les gens veulent savoir comment le monde fonctionne. Il est important de connaître le fil rouge de l’histoire, de comprendre que notre monde avance comme un tout, et ce, depuis bien longtemps. Le commerce, les mers, les ports, tout cela nous relie. Ce qui se passe en Indonésie ou en Bolivie est important pour nous, et ce qui se passe en Belgique est important pour le Brésil.

« Mutinerie » sonne comme une fabuleuse aventure en mer. Pourquoi ce titre ?

Peter Mertens. Lorsque Poutine a envahi l’Ukraine, cette agression a été condamnée à juste titre, y compris par les pays du Sud. Ceux-ci ne connaissent que trop bien l’importance de la souveraineté. Mais ils n’ont pas souhaité soutenir les sanctions annoncées par Washington contre la Russie. Après tout, nombre d’entre eux sont eux-mêmes soumis à de telles sanctions.

Fiona Hill, ancienne membre du Conseil de sécurité des États-Unis, avait fustigé cette attitude en la qualifiant de « mutinerie ». Si le choix de ne pas suivre la voie des États-Unis est considéré comme une mutinerie, alors je pense qu’il s’agit d’une « bonne » mutinerie. Elle annonce la fin d’un monde unipolaire, avec les États-Unis comme leader incontestable.

Au début du livre, vous vous rendez au Royaume-Uni. Pourquoi ?

Peter Mertens. J’ai appris qu’une action sociale était en cours au Royaume-Uni depuis près d’un an. Nos médias n’en ont pas parlé non plus. Il y a plus d’actions sociales au Royaume-Uni aujourd’hui que dans les années 1970. La crise frappe très durement, là-bas. Dans le livre, je donne la parole à une infirmière du nom de Kath dans le livre. Elle travaille dans un hôpital à Londres et s’est mise en grève pour la première fois de sa vie. Cela fait déjà vingt mois d’affilée que les Britanniques voient leurs salaires réels baisser. Les gens qui ont été applaudis pendant la pandémie de coronavirus ne peuvent plus se rendre au travail la dernière semaine du mois, parce qu’ils n’ont pas les moyens de payer l’essence de leur voiture ou le ticket de bus. Les chauffeurs de bus de Londres se sont également mis en grève parce leurs salaires sont beaucoup trop bas et leurs horaires impossibles. Un conducteur sur sept a recours à une banque alimentaire.

Il y a beaucoup de résistance. Une toute nouvelle et jeune génération rejoint les syndicats. C’est également le cas en Allemagne et aux États-Unis.

Heureusement, car au Royaume-Uni, le droit de grève est violemment attaqué…

Peter Mertens. C’était déjà le cas à l’époque de Margaret Thatcher, Première ministre conservatrice arrivée au pouvoir en 1979. Avec le président des États-Unis de l’époque, Ronald Reagan, ils ont forcé l’avènement de l’ère néolibérale, avec le démantèlement de la protection sociale et du droit du travail, et en donnant la priorité au monde de la finance…

Thatcher a d’ailleurs fait preuve d’une remarquable honnêteté en déclarant : « Je veux briser le cœur et l’âme de la nation. » Le sentiment collectif en Grande-Bretagne la dérangeait. La working class (classe travailleuse) a toujours été très forte et très unie. C’est ce que Thatcher voulait briser. Et elle l’a fait en réprimant notamment la grève historique des mineurs et en introduisant des lois antisyndicales très sévères. Aujourd’hui, en réponse au Summer of Discontent (l’été du mécontentement), nom donné à l’actuelle vague de résistance, le gouvernement britannique adopte à nouveau des lois répressives contre les grèves. Le fait d’être en possession d’une pancarte que vous voulez accrocher à une clôture quelque part peut déjà vous coûter une interdiction de manifester.

Cela nous rappelle quelque chose…

Peter Mertens. Oui, en Belgique, le ministre Van Quickenborne (Open Vld) a déposé une proposition de loi visant à limiter le droit de manifester. On observe la même chose en Égypte et au Canada, entre autres. En outre, les syndicalistes ne sont pas les seuls à être visés par ces lois ; les militants pour le climat le sont également. Cela montre la peur que génère la conscience naissante et croissante d’une nouvelle génération de syndicalistes et de jeunes.

Vous écrivez : « La classe travailleuse est de retour. »

Peter Mertens. Les contradictions socio-économiques de notre société font que tout le monde n’est pas logé à la même enseigne. C’est un fait. En Angleterre, il faut attendre plus longtemps pour se faire opérer si l’on est issu de la classe travailleuse que si l’on réside dans le cœur financier de Londres. C’est pareil avec la justice. Il suffit, chez nous, de regarder l’affaire Sanda Dia (jeune étudiant de l’université de Louvain, décédé lors de son baptême en 2018 au sein du cercle élitiste Reuzegom, NDLR) et son traitement par rapport à celui des riches étudiants du cercle. La classe joue un rôle important. Pour la première fois, de nombreuses personnes en sont à nouveau conscientes. Mick Lynch, syndicaliste britannique, a déclaré à ce sujet : « La classe travailleuse est de retour et nous refusons de rester pauvres plus longtemps. »

Les contradictions sont vraiment dramatiques. Kath, l’infirmière, m’a raconté qu’elle ne faisait plus de thé que le matin. Le soir, elle n’allume plus sa bouilloire, parce que cela coûte trop cher. Au même moment, elle voit la BP (British Petroleum) encaisser des surprofits faramineux et le Premier ministre britannique s’offrir une grande piscine chauffée dans sa maison de campagne, qui consomme tellement d’énergie que le réseau électrique local ne suffit pas.

Chez nous, Christian Leysen (Open Vld) est entré à la Chambre vêtu d’une épaisse écharpe de laine. Il a voulu montrer aux gens ce qu’il fallait faire pour économiser de l’énergie, alors que les ménages font déjà d’énormes sacrifices pour joindre les deux bouts. Ils n’ont pas eu besoin d’un entrepreneur de l’Open Vld pour s’y mettre. La classe sociale joue donc un rôle important et la conscience de classe augmente. C’est une bonne chose.

La classe travailleuse ressent chaque jour à quel point le coût de la vie augmente. Quelles sont les principales causes de la hausse des prix ?

Peter Mertens. Après la pandémie de coronavirus, nous avons vu les prix augmenter une première fois. Il fallait remettre la machine économique en marche. Mais c’est parti dans tous les sens. Les voies de transport internationales étaient toutes embouteillées. C’est également à cette époque que le porte-conteneur Ever Given a bloqué le canal de Suez, ce qui a entraîné la mise à l’arrêt de nombreuses chaînes de production dans le monde. Cela montre très clairement à quel point le commerce mondial est intimement lié aux chaînes de production. Les importantes pénuries et les problèmes d’approvisionnement engendrés ont entraîné des hausses de prix.

Ensuite, ce sont les prix de l’énergie et des denrées alimentaires qui ont augmenté. On a rapidement remis la faute sur la guerre en Ukraine. Cette guerre joue certainement un rôle, mais elle n’en est pas la cause. Le marché du pétrole est dominé par cinq entreprises : ExxonMobil, TotalEnergies, Shell, BP et Chevron. En 2022, ces entreprises combinées ont réalisé 200 milliards de dollars de profits. Les marchés des céréales, eux, sont contrôlés par quatre géants : ADM, Bunge, Cargill et Louis Dreyfus. Ces monopoles imposent des prix de monopole. C’est comme ça qu’ils réalisent leurs surprofits gigantesques.

Beaucoup de spéculateurs sont également actifs dans les bourses des céréales.

Peter Mertens. C’est exact. À la bourse des céréales, vous pouvez spéculer sur d’éventuelles pénuries de céréales sans être vous-même négociant en céréales. Le fonds de pension japonais est l’un des principaux spéculateurs sur ce marché boursier. C’est de la folie. L’argent de nos pensions est privatisé et utilisé pour spéculer sur les céréales, ce qui, au final, nous fait payer plus cher le prix du pain, du riz ou du maïs.

Les fortes hausses de prix sont dues à des prix de monopole d’une part, et à la spéculation d’autre part. C’est ce qu’ont confirmé, entre autres, les Nations unies, Oxfam et l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Les conséquences sont dramatiques. En Allemagne, l’une des économies les plus riches d’Europe, un ménage sur dix n’a pas les moyens de se payer un repas sain tous les jours.

Que répondez-vous aux économistes qui affirment pourtant que ce sont les salaires qui font augmenter les prix ?

Peter Mertens. C’est une étrange déclaration. Les salaires réels sont en baisse depuis 20 ans, y compris chez nous. La loi sur les salaires a diminué les salaires réels de 2 %. Comment pourraient-ils faire augmenter les prix ? L’économiste Isabel Weber a comparé la période qui a suivi les deux guerres mondiales à celle qui a suivi la pandémie de coronavirus, quand l’économie avait besoin d’être relancée. Elle a constaté que les grandes entreprises ont augmenté leurs marges bénéficiaires au cours des deux périodes. Les gens ne se rendent pas compte que le chaos n’est pas fini. C’est pareil aujourd’hui. C’est pourquoi nous plaidons au Parlement pour une réglementation des prix.

Lorsque Weber a sorti ses conclusions, elle a été attaquée par la sacro-sainte économie dominante. Mais plusieurs instituts de recherche ont constaté qu’en 2022, deux tiers des augmentations de prix étaient dues à l’accroissement des marges bénéficiaires. Le FMI (Fonds monétaire international) l’a également confirmé.

Vous vous attaquez aux multinationales et aux spéculateurs. Les détracteurs diront : « Le PTB accuse toujours les multinationales et les riches. »

Peter Mertens. Le pouvoir des grandes entreprises transnationales sur nos vies ne peut être sous-estimé. Dans le livre, je vais à la rencontre d’un nutritionniste de la BBC, qui dit que non seulement toute la biodiversité, mais aussi la diversité alimentaire sont en train de disparaître. Nous disposions autrefois de quelque 500 000 sortes de graines différentes, ce qui nous a permis de développer un régime alimentaire très diversifié. Ce nombre a été considérablement réduit. Il ne reste qu’une seule sorte de soja, une seule sorte de riz...

Nous avons l’illusion d’avoir une grande diversité, mais il s’agit d’une diversité industrielle. C’est problématique, non seulement pour notre alimentation, mais aussi pour l’avenir. Parce qu’une grande partie de cette production alimentaire industrielle est beaucoup moins résistante au changement climatique. L’impact des quatre géants de l’alimentation sur le contenu de nos frigos est énorme. C’est néfaste pour le climat, pour la biodiversité, pour notre alimentation et pour nos portefeuilles.

Idem pour les compagnies pétrolières ?

Peter Mertens. Les profits réalisés par les géants du pétrole en 2022 sont sans précédent. Cela a poussé les assemblées d’actionnaires du début de l’année à jeter par dessus-bord les plans pour sauver le climat. Ils avaient pourtant promis de passer à une production sans énergie fossile. Ils avaient promis de ne plus forer pour trouver de nouvelles sources d’énergie fossile. Mais depuis que les actionnaires ont vu leurs dividendes exploser, ils ont retourné leur veste. Ils réinvestissent dans les combustibles fossiles et prévoient de dépenser 140 milliards dans l’extraction du pétrole. António Guterres, secrétaire général des Nations unies, a qualifié cette décision de « folie totale ».

Qu’il s’agisse d’alimentation ou de pétrole, il est urgent de discuter de la manière dont nous pouvons démocratiser ces secteurs et les remettre entre les mains de la société.

Nous voyons les inégalités s’aggraver dans le monde entier. Pourtant, des personnalités comme le philosophe belge Maarten Boudry affirment que le problème ne vient pas des super-riches. L’inégalité ne poserait pas problème.

Peter Mertens. Comme les grands actionnaires exigent que les dividendes continuent de couler à flots, on perd des sommes invraisemblables, qui ne sont pas investies, par exemple, dans les hôpitaux, l’enseignement ou le climat. Les banques perçoivent un intérêt de 3,25 % sur l’argent qu’elles déposent auprès de la Banque centrale européenne. Une fois de plus, elles réalisent des milliards de profits, alors qu’en parallèle, les travailleurs en perçoivent environ 1 % et voient par ailleurs leur argent s’évaporer. Les privilégiés, sous couvert de leurs diplômes universitaires, viennent dire qu’on ne devrait pas s’en prendre à l’accumulation de la richesse. Je ne vois pas pourquoi.

L’Union européenne estime que 45 milliards d’économies sont nécessaires en Europe. C’est insensé. Les syndicats prévoient déjà des actions, et ils ont bien raison. Parce que ce sont les familles qui vont souffrir de ces plans d’austérité, les services vont craquer. Déjà aujourd’hui, les crèches et les transports publics sont mal en point, sous prétexte de faire des économies. Et nous devrions à nouveau prendre sur nous car il ne faut pas accuser les riches ? Pourquoi devrions-nous nous conformer à cette idée ?
“De bollebozen met hun universitaire diploma’s zeggen dat we niet mogen kijken naar de opgestapelde rijkdom. Ik zou niet weten waarom niet.” (Foto Solidair, Dieter Boone)

Revenons aux pays du Sud. Comment voyez-vous les mouvements qui ont lieu là-bas ?

Peter Mertens. Ce que nous observons aujourd’hui, c’est le renouveau du désir de véritable souveraineté. Lorsque les pays du Sud ont accédé à l’indépendance dans les années 1950-1960, ils n’étaient souverains que de nom. Sur le plan économique, ils sont restés liés et dépendants du Nord et de ses institutions financières. Cette nouvelle quête de souveraineté est plus forte en Amérique latine. Plusieurs pays, plus ou moins progressistes, se demandent pourquoi ils ne peuvent pas utiliser leurs ressources pour leur propre développement. Et je pense que c’est justifié.

Bien sûr, de nombreux pays du Sud ont des régimes que nous ne soutenons pas. En Inde, par exemple, le gouvernement autocratique de droite qui est au pouvoir est contre les droits des femmes, pour la privatisation du secteur agricole, qui est raciste... 250 millions de paysans et de travailleurs sont descendus dans la rue pour lutter pour le progrès social. Il s’agit probablement de la plus grande grève de l’histoire. Il y a donc aussi des mutineries internes dans ces pays : les paysans sans terre au Brésil, les métallurgistes en Afrique du Sud, le mouvement paysan et le mouvement des femmes en Inde... Nous soutenons pleinement ce pouvoir venu d’en bas et les mouvements populaires qui tentent d’imposer un programme progressiste.

Mais le Sud est également en ébullition au niveau des États, à la recherche d’une nouvelle forme de non-alignement, loin du monde unipolaire sous le joug de Washington, du FMI et de la Banque mondiale. Les pays des BRICS ont créé leur propre banque d’investissement. Désormais, les pays peuvent, lorsqu’ils souhaitent faire un nouvel emprunt, choisir de s’adresser non pas au FMI, mais à la banque des BRICS. Cela rend Washington très nerveux.

L’hégémonie américaine est-elle en train de se terminer ?

Peter Mertens. Nous en voyons les prémices, je pense. En juillet, l’Union européenne a organisé un sommet avec les pays d’Amérique latine et des Caraïbes. Un fonctionnaire de la Commission européenne y a déclaré : « Il semble que les pays d’Amérique latine et des Caraïbes veuillent être traités sur un pied d’égalité. » Curieuse déclaration. Bien sûr qu’ils le veulent. Nous devons évoluer vers un système économique où ces pays sont effectivement égaux et peuvent disposer de leurs ressources en toute souveraineté, sans ingérence de la part des institutions internationales.

Mais les États-Unis et l’Union européenne ne semblent pas encore l’avoir compris.

Peter Mertens. Ils ont manifestement manqué des points de basculement importants. Le premier a été la guerre en Irak en 2003. Une guerre illégale basée sur des mensonges. L’Irak était accusée de produire des armes de destruction massive, mais elles n’ont jamais été trouvées. Toutes les infrastructures ont été détruites et cela a déclenché une vague de violence fondamentaliste. Cela a eu un impact majeur dans le Sud. Ils ont appris que le droit international ne s’applique apparemment pas aux États-Unis.

Un deuxième moment clé a été la crise financière de 2008. Wall Street n’était pas seulement la banque des États-Unis, mais celle du monde entier. Et en un instant, tout le système financier s’est effondré. Partout dans le Sud, les gens ont compris que le dollar comme monnaie dominante n’était peut-être pas la solution la plus sûre. Les BRICS sont nés en réponse à cette crise.

En 2009, le sommet de Copenhague sur le climat a échoué. On avait promis 100 milliards de dollars aux pays du Sud pour leur donner la possibilité de se développer, mais rien n’a été fait.

Et puis il y a eu la pandémie de coronavirus, où nous avons vu que les vaccins n’ont pas été partagés. Tous ces points de basculement ont conduit les pays du Sud à chercher, depuis maintenant 20 ans, une alternative à Washington. L’hégémonie des États-Unis a à présent un rival. Le match bat son plein.

« Mutinerie » aborde de nombreux thèmes. Il y en a tellement qu’un lecteur voulant agir pourrait se demander par où commencer. Que faire ?

Peter Mertens. Je pense que les gens rechercheront toujours les choses simples. La plupart des gens veulent pouvoir nourrir sainement leurs enfants, payer leurs factures d’énergie, envoyer leurs enfants à l’école, avoir accès aux soins de santé, avoir un emploi décent, avoir un toit au-dessus de leur tête... Presque tous les mouvements, au Nord comme au Sud, tournent autour de ces questions. Le plus important est de soutenir ces mouvements, et d’être solidaires. Cela nous rendra plus forts. Si les jeunes, les militants pour le climat, le mouvement des femmes... si tous continuent à défendre leurs droits tout en se montrant solidaires avec les mouvements du Nord et du Sud, nous serons plus forts.

(Cet article a été publié dans le numéro d’automne du magazine Solidaire)

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