Prenons par exemple le concept de gouvernance, dont j’ai déjà maintes fois parlé. Prétendre qu’une certaine façon de composer les conseils d’administration, de réguler les structures de pouvoir dans une organisation, que cette façon donc soit la bonne juste parce qu’elle correspond aux recommandations de l’Institut sur la gouvernance des organisations publiques et privées, c’est mépriser la volonté des communautés qui pourraient s’exprimer tout autrement. Faisons passer la démocratie avant les principes de « gouvernance ».
Autre exemple : la mobilisation. Les subventions venant des comités de gestion qui administrent les fonds venant de la Fondation Chagnon et du gouvernement québécois (Avenir d’Enfant, Québec en forme, Réunir Réussir, Appui) demandent une mobilisation des milieux. Si cette mobilisation consiste à adhérer à des mots d’ordre déjà décidés, elle se fait au service de quoi et de qui ?
Dernier exemple : la qualité. Ça fait des lustres que j’entends parler d’éducation de qualité, mais j’aimerais bien savoir qui définit la qualité. Est-ce que la qualité, c’est la satisfaction du client ? Est-ce que la qualité, c’est la possibilité de comparer les pratiques d’un établissement à l’autre ? Il n’est pas sûr que je veuille de cette qualité-là.
Remettez en question tout ce qu’on vous sert : que ce soit la « saine gestion », la « bonne gouvernance », la « qualité », la « concertation », la « vertu » et j’en passe.
C’est toujours difficile d’avoir l’air d’être contre la vertu parce que des gens bien intentionnés nous arrivent avec de beaux concepts tout ficelés et enrubannés, mais la première chose à faire quand on nous soumet ces beaux cadeaux, c’est d’être plus méfiants que les Troyens et de vérifier ce qu’ils ont dans le ventre avant de les faire entrer en nos murs.
LAGACÉ Francis