Pourtant, il a déclaré haut et fort : « je ne démissionne pas… » Il ne respecte donc pas sa parole étant donné qu’il ne respecte pas la décision majoritaire du conseil municipal. Les motifs énoncés par les membres du conseil sont clairs : perte totale de confiance de la population, perte de légitimité, refus de démissionner suite à une résolution similaire datée du 21 décembre 2010, entrave à l’exercice du pouvoir, manque de respect à l’égard de l’institution démocratique qu’est la mairie, etc. Alors, pourquoi ne démissionne-t-il pas ? Analysons la dynamique politique municipale dans sa globalité.
Pourquoi et comment s’accroche-t-il au pouvoir comme le roi nu qui s’illusionne sur la fidélité de ses sujets ? Le maire joue plusieurs cartes à la fois. Premièrement, étant donné que son obstination n’a d’égal que son impopularité, alors il réfute et nie toutes les allégations à son sujet avec arrogance et détermination, sans discuter, et estime que les accusations de possibles liens personnels étroits avec des entrepreneurs relève de sa vie privée. Étrange raisonnement ! En fait, il gagne du temps, comme Jean Charest par rapport aux demandes d’une commission publique sur la collusion et la corruption dans la construction. À ce sujet, le maire Marcotte, ancien candidat libéral, semble bien conseillé et bien protégé. D’ailleurs, le silence du ministère des affaires municipales parle de lui-même. On laisse faire. Omertà ! En haut lieu du parti libéral du Québec, on doit craindre la démission du maire de Mascouche parce que cela pourrait peut-être ouvrir une boîte de Pandore qui pourrait avoir des incidences sur le parti libéral. Des révélations gênantes sur des liens incestueux possibles entre politiciens et entrepreneurs auraient un « effet boule de neige » qui risquent d’inciter les citoyens et citoyennes d’autres villes et villages à soulever la poussière au sujet du règne de roitelets depuis des décennies. Dans cette perspective, ses mystérieux amis lui ont sans doute soufflé à l’oreille de ne pas démissionner coûte que coûte. Les dividendes d’un tel entêtement viendront probablement plus tard, se disent-ils, une fois la tempête calmée.
Deuxièmement, il répète à satiété l’argument légaliste selon lequel il a été élu démocratiquement. D’accord, il a été élu par 7189 personnes qui lui ont permis de remporter l’élection avec 53,4 % des votes, mais cette proportion représente 24,5 % des 29 373 électeurs et électrices inscrits sur la liste électorale. Pourquoi ? Parce que seulement 47 % des gens inscrits ont voté, soit 13 451. En d’autres mots, le quart de la population a voté pour l’équipe Marcotte et il estime représenter la majorité de la population. L’argument de la légalité a donc une valeur toute relative et ne traduit pas la véritable représentativité dans l’absolu, ce d’autant plus que notre système électoral ne prévoit pas une représentation proportionnelle.
Troisièmement, convaincu que les citoyens eux-mêmes n’ont pas les ressources pour faire enquête et prouver la véracité des allégations dont il se dit victime, le maire Marcotte manœuvre pour tenter de créer une certaine diversion. Il faut l’entendre tenter d’amadouer les citoyens qui mettent des préoccupations personnelles sur la table en public. Il récupère leurs questions, leurs demandes et leurs critiques à son avantage en adoptant une attitude paternaliste : « Venez me voir à mon bureau ! » est devenu son leitmotiv. Ou encore, il reformule une suggestion ou une question selon sa logique tordue : « C’est une excellente suggestion, je vais en tenir compte et voir si c’est possible de l’appliquer… » Malgré ses entourloupettes, les gens ne sont pas dupes. Cette forme de manipulation sonne faux.
Quatrièmement, en s’accrochant à son poste, il met le conseil municipal dans sa petite poche. Pour faire progresser l’administration de la ville, le conseil doit siéger. Si tout est bloqué, il pourra évoquer l’argument que ce n’est pas de sa faute si la ville ne progresse pas ; lui, en bon père de la ville, il est disposé à travailler avec les membres du conseil, mais ils le boycottent. Il leur fera alors porter l’odieux de l’immobilisme.
Cinquièmement, il utilise l’argument des « gros bras ». Sa police est omniprésente en nombre important. Les policiers ne se gênent pas pour intimider et réagir promptement. Ou encore, on menace de poursuites, etc. Faire peur au monde est une vieille tactique de tous les petits potentats de la terre depuis des millénaires…
Le jeu a assez duré. En Tunisie, le peuple a fait la révolution du jasmin, à Mascouche, il est temps de faire la « révolution des balles de neige » (nous pouvons en fabriquer avec la neige des bornes-fontaine… elles valent leur pesant d’or). Ça presse.
André Jacob, Mascouche