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Avec la débâcle du parti islamiste en Tunisie, la déroute électorale marquée par la défaite du parti Justice et développement au Maroc et la victoire du FLN en Algérie aux dépens du Mouvement de la société pour la paix, c’est l’hiver qui frappe à la porte des partis islamistes.
Une décennie a suffi pour mettre à nu les limites des islamistes en matière de bonne gouvernance.
Le soft power islamiste qui a connu son printemps en 2011 s’est avéré un « miroir aux alouettes » dans le cadre du projet américain du Grand Moyen-Orient.
Au pouvoir depuis 2011, le Parti de la justice et du développement a subi un revers cuisant en passant de 125 à 12 sièges dans le parlement marocain à l’occasion des récentes élections.
A son tour, le parti Ennahdha n’a pas perdu que des sièges au fil des élections mais aussi des membres de gros calibres et des députés qui ont été poussés à la porte de sortie par le cheikh Rached Ghannouchi en personne. Les graves dissensions au sein dudit mouvement islamiste risquent d’accélérer la création d’une nouvelle formation politique. L’ancien ministre Imed Hammami, qui avait subi le courroux de l’éternel président du mouvement et dont les activités ont été gelées pour avoir dénoncé la dérive autoritaire du cheikh, n’a pas exclu cette thèse.
Dix ans de pouvoir, basta !
Les dernières contestations en dehors de la Tunisie du parti islamiste s’apparentent à la dernière danse du coq égorgé. En recommandant au membre du parti Qalb Tounès Oussama Khélifi de frapper à la porte de l’organisation mondiale des parlements nationaux (Union interparlementaire), sans tenir compte des risques d’ingérence étrangère et de nuisance à l’image de son pays, Rahed Ghannouchi, président du parlement gelé, n’a fait en réalité que s’isoler encore plus et accélérer sa chute. Il semble ne pas tenir compte des réelles raisons qui ont poussé les Tunisiens à accueillir favorablement le tournant du 25 juillet dernier.
Dix ans de pouvoir, basta ! Le glas a sonné pour les partis islamo-conservateurs sur lesquels misait l’administration américaine après la chute de l’Irak dans le cadre du projet du Grand Moyen-Orient. La persistance de la corruption, le marasme économique, la fronde sociale imposent au plus vite le changement de tout un système. Que des promesses brisées qui n’ont fait que miner la crédibilité des politiciens post-révolution.
Aussi bien le parti Ennahdha à Tunis que celui de la Justice et du développement au Maroc et le Mouvement de la société pour la paix en Algérie ont vu leur cote de popularité régresser au fil des ans.
Au Maghreb, les partis islamistes perdent du terrain en raison notamment de la complexité et la variation du rapport avec le pouvoir politique.
Lors de son 10e congrès en 2016, Rached Ghannouchi a été reconduit sans surprise à la tête du parti, Ennahdha.
La décision de séparer les activités politiques dudit parti n’a pas été prise au sérieux par les observateurs, d’autant plus que ce mouvement est bien enraciné dans la tendance islamique des Frères musulmans. Il en est de même pour les partis islamistes au Maghreb arabe.
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