Opération dénombrement
En novembre 2018, le ministère de l’Éducation de l’époque a fait parvenir aux directions d’établissements scolaires un sondage, lequel visait à obtenir des informations quant au port de « symboles religieux » par les employés ainsi que le nombre et la nature de demandes d’accommodements demandés pour les motifs religieux, linguistiques ou ethnoculturels. L’on cherchait à connaître le nombre exact d’enseignantes et d’enseignants portant des signes religieux. Les minorités religieuses, plus particulièrement les femmes musulmanes portant le voile, avaient ressenti un effet de stigmatisation à la suite de l’opération de dénombrement.
Discrimination à l’embauche, discrimination à l’emploi et droit au travail
Une portion de l’article 27 de la Loi 21, communément appelé « clause grand-père », vient restreindre, par son libellé, ce droit acquis de porter un signe religieux en précisant qu’il demeurera tant que l’enseignant exercera la même fonction au sein de la même commission scolaire. Ainsi, une personne enseignante qui souhaiterait accéder à de nouvelles fonctions (ex. poste de direction) ou irait travailler dans un autre centre de services scolaire perd ce droit. Or, du fait de sa mission, la FAE se doit de protéger tant le droit au travail que l’accès à ce dernier.
Pour des institutions laïques
Afin d’éviter toute confusion, amalgame ou désinformation, la FAE tient à rappeler qu’elle est en faveur de la laïcité de l’État et qu’elle dénonce et s’oppose à toutes les formes d’intégrisme ainsi que de prosélytisme.
Pour rappel, à la suite de l’arrêt de la Cour d’appel rendu en février 2024, concernant la contestation de la Loi sur la laïcité de l’État (Loi 21), la FAE a décidé d’en appeler de ce jugement. Ainsi, elle avait alors déposé une requête pour permission d’en appeler à la Cour suprême du Canada.
La FAE a non seulement la responsabilité de défendre les droits de ses membres, à plus forte raison leurs droits fondamentaux, elle a le devoir de le faire. Il faut se méfier de la distorsion qui est actuellement faite des chartes, canadienne et québécoise, et de la facilité avec laquelle les parlements suspendent nos droits fondamentaux en utilisant excessivement les clauses dérogatoires.
C’est quoi, les clauses dérogatoires ?
Les clauses dérogatoires (ou nonobstant) sont incluses dans l’une et l’autres des chartes des droits et libertés (art. 33 de la Charte canadienne et art.52 de la Charte québécoise) et permettent aux parlements, sous certaines conditions, de supplanter, de contourner ou de suspendre temporairement certains droits de l’une ou l’autre des chartes.
La FAE n’est pas contre l’utilisation des clauses dérogatoires. Elle souhaite néanmoins que leur utilisation soit balisée. Cette utilisation devrait être faite avec parcimonie et de manière exceptionnelle. Un parlement qui y recourt devrait pouvoir démontrer que son objectif est clair et urgent. Là est l’un des principaux écueils de la Loi 21.
Une situation qui dépasse le Québec... et la laïcité
Si, au départ, la FAE a entamé cette démarche pour, notamment, défendre le droit au travail de nos membres, la banalisation de l’utilisation de la clause dérogatoire par plusieurs parlements provinciaux nous donnent malheureusement raison d’être inquiets.
En effet, dans les dernières années au Canada, on a vu plusieurs cas de clauses dérogatoires utilisées sans avoir l’obligation de démontrer un objectif réel et urgent. Par exemple, le parlement ontarien a suspendu la liberté d’association en 2022, alors qu’en Saskatchewan, le parlement a invoqué la disposition de dérogation pour empêcher les enfants de moins de 16 ans de changer de prénom ou de pronom à l’école, sans le consentement de leurs parents.
Qui plus est, juste au sud de nos frontières, des états américains sont venus restreindre, voire dans certains cas interdire, le droit à l’avortement. Des personnes enseignantes risquent maintenant des mesures disciplinaires si elles affichent leur appartenance à la communauté LGBTQ2+, notamment en Floride, alors qu’on est aussi venu interdire, non seulement en Floride, mais aussi dans certains états, de parler des réalités LGBTQ2+ à l’école. Il est évident que le Québec ou le Canada ne sont pas à l’abri de tels reculs des droits fondamentaux. Il est primordial de demeurer vigilants.
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