Dès le départ, les partis politiques sont un outil parmi d’autres pour se hisser dans une situation où on devient riche sans se faire attraper, à moins qu’on soit totalement imbécile comme Sam Hamad. Dans le système politique canadien, chefs, sous-chefs et sous-sous chefs, même lorsqu’ils viennent du peuple, trouvent cela normal d’ajouter à leur salaire des privilèges exorbitants, très souvent cachés et surtout, des situations où on devient « intermédiaire » auprès de petits et gros requins. Et alors, être élu, c’est gagner le gros lot, quitte à attendre une sortie en douce de la scène politique pour devenir « conseiller stratégique », « vice-président aux affaires corporatives », et quoi d’autre encore.
Les champions de cette misérable arnaque sont les partis directement et explicitement au service des élites, comme les Conservateurs et les Libéraux à Ottawa, et le PLQ à Québec (depuis la transformation de ce parti moderniste à la fin de la révolution tranquille). Il y a certe des exceptions. Par exemple, j’ai une collègue à l’université d’Ottawa, Monique Bégin, qui a dû gagner sa vie comme les gens normaux, après son passage au gouvernement libéral il y a quelques décennies de cela.
Une autre facette de cette farce est que les partis deviennent des choses à acheter et à vendre. C’est évidemment plus évident aux États-Unis, mais ici dans notre démocratie à moitié coloniale, c’est devenu un trait courant. Des petits cercles en coulisse s’activent, d’abord pour choisir une personne de leur goût, ensuite pour le financer, enfin pour qu’il devienne chef. Il est maintenant rare que les membres soient réellement en mesure, du moins en toute connaissance de cause, d’exercer leur choix. Au PLQ, Couillard a d’abord été endossé par ses puissants amis liés au gouvernement fédéral, plus ses « conseillers spéciaux » qui œuvrent pour les méga entreprises comme SNC-Lavallin, Bombardier et quelques autres. Au PQ, le tourbillon de PKP a été une opération menée au quart de tour pour imposer un chef qui est tombé sur ce parti comme un faucon sur un lapin.
Un autre exemple plus récent a été celui de Tom Mulcair, un néolibéral presque pur et presque dur, qui aurait pu aboutir au PLC et même aux Conservateurs, mais qui a manœuvré pour devenir le chef du NPD, avec les conséquences désastreuses que l’on connaît. C’est à l’honneur des membres du NPD de lui avoir montré la porte, comme quoi il y a encore un peu de dignité quelque part. Mieux vaut tard que jamais, mais encore faudra-il réparer les immenses dégâts que ce voleur de parti a laissé en héritage.
Quant à moi, l’histoire de Mulcair (comme celle de Jeremy Corbyn en Angleterre) est l’exception qui confirme la règle, car en général, les escrocs qui vivent de la politique sont coriaces et très difficiles à débarquer.
Devant tout cela, il faut être vraiment bébête de s’indigner du fait que des gens, surtout des jeunes, décident de ne pas s’intéresser à la « chose » politique ,voire de ne pas voter. Il y a quelque chose de profondément sain dans ce refus. En même temps, cela reflète un sentiment d’impuissance et une certaine inertie devant quelque chose qui nous désespère. Il faut, bien sûr, surmonter ce découragement et inventer une autre politique, y compris d’autres partis politiques, qui soient autre chose que des bars ouverts pour des pourris qui sont la plupart du temps de mauvais hommes d’affaires et de médiocres politiciens, comme Mulcair justement.
En attendant, on souhaite bonne chance aux membres du NPD…