David contre Goliath ?
Greenpeace est un organisme 100% indépendant à but non-lucratif. Nous n’acceptons aucun financement de la part des gouvernements ou des entreprises. Bien que la force de Greenpeace réside dans son réseau qui rassemble des milliers de bénévoles et de citoyens engagés, nous n’avons que 80 employés environ chez Greenpeace Canada. En 2014, le revenu annuel de Greenpeace Canada était de 12 millions de $ et celui de Greenpeace International ainsi que tous les bureaux régionaux était de 443 millions de $. Vous pouvez consulter notre rapport annuel de Greenpeace Canada ici et Greenpeace International ici pour mieux comprendre nos états financiers.
En comparaison, Résolu est l’une des plus grandes compagnies forestières en Amérique du Nord. En 2015, ses revenus étaient de 3,645 milliards de $. Résolu coupe plus du quart des arbres alloués à la coupe en forêt publique québécoise. Dominante au Saguenay-Lac St-Jean dans le Nord-du-Québec, cette multinationale est issue de plusieurs fusions (ex. Abitibi-Price, Abitibi-Consolidated, Donohue, Bowater). La compagnie commercialise ses produits dans près de 80 pays et a de vastes opérations aux alentours de Thunder Bay, Ontario, ainsi qu’aux États-Unis où se trouve une grande partie de leurs actionnaires. La compagnie est aussi numéro deux en terme de volumes de bois alloués à la coupe en forêt publique en Mauricie, sur la Côte-Nord et en Outaouais.
Les campagnes de Greenpeace sont basées sur la science
La campagne de Greenpeace pour une meilleure protection de la forêt boréale est basée sur des données scientifiques récentes. Nicolas Mainville, l’un des responsables de la campagne Forêt, est lui-même biologiste et détenteur d’une maîtrise en sciences de l’environnement. Le directeur de la campagne forêt au Canada, Richard Brooks, détient également une maîtrise en conservation de la forêt.
Au Québec, les assises de la campagne de Greenpeace pour la protection des dernières grandes forêts intactes figurent dans le rapport scientifique Refuge Boréal, qui a été publié en 2010 et révisé par plusieurs chercheurs du Centre d’étude sur la forêt, de l’Université de L’UQAM, de l’Université de McGill, de l’Université du Québec en Abitibi-Témiscamingue ainsi que plusieurs consultants en conservation.
Les forêts intactes sont un concept avancé par la littérature scientifique
Le concept des forêts intactes a été établi par le World Resources Institute (WRI) dans les années 1990 et reconnue par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture.
Une forêt intacte est un vaste paysage forestier naturel sans signe d’activité humaine majeure ayant une superficie minimale de 50 000 hectares sans fragmentation, soit une superficie estimée minimale pour assurer le maintien des processus écologiques et de la biodiversité. À la fin de 2014, l’Université du Maryland et le WRI a publié un rapport sur l’état des forêts intactes à travers le monde en utilisant les dernières données disponibles. En ce qui concerne les forêts intactes dans les Montagnes Blanches, la où Résolu est la compagnie forestière la plus présente, on constate que plus de 50% des régions de forêts intactes ont été perdues ou dégradées entre 2000 et 2012, soit un total de plus de 1 million d’hectares.
Le caribou forestier est menacé
La science sur la vulnérabilité du caribou forestier est très claire. Depuis 2002, le caribou forestier est considéré « menacé » (http://www.sararegistry.gc.ca/virtual_sara/files/cosewic/sr_woodland_caribou_f.pdf) à travers le Canada par le Comité sur la situation des espèces en péril au Canada (COSEPAC) et « vulnérable » au Québec. D’ailleurs, en 2014 l’ancien Forestier en Chef du gouvernement provincial, Gérard Szaraz, a publié un rapport sans équivoque sur l’état du caribou forestier et l’échec des mesures d’aménagement actuelles.
Comme mentionné dans le rapport scientifique Refuge Boréale, il s’agit d’un écotype, c’est-à-dire une population distincte qui est adaptée à l’habitat forestier. Le ministère du Développement durable, de l’Environnement, de la Faune et des Parcs spécifie le caribou forestier comme espèce dans son rapport du rétablissement du caribou forestier 2013.
Alors que le territoire du caribou forestier s’étendait jusqu’aux frontières avec les États-Unis il y a 150 ans, il est maintenant confiné aux derniers massifs forestiers intacts du nord du territoire forestier, à l’exception des hardes isolées de Val-d’Or et de Charlevoix. La coupe forestière et la construction de routes sont au premier rang de la liste des accusés pour expliquer son déclin.
Tableau : Niveaux de perturbation des hardes de caribous dans les Montagnes Blanches
[i] Environnement Canada (2012) Programme de rétablissement du caribou des bois (Rangifer tarandus caribou), population boréale, au Canada. Série de Programmes de rétablissement de la Loi sur les espèces en péril, Environnement Canada, Ottawa.
[ii] Rudolph, T., D., Drapeau, P., St-Laurent, M., H., et Imeau, L. (2012) Situation du caribou forestier (Rangifer Tarandus Caribou) sur le territoire de la Baie-James dans la région Nord-du-Québec. Rapport scientifique présenté au Ministère des ressources naturelles et de la faune et au Grand Conseil des Cris (Eeyou Istchee) Montréal, Québec. 77p. Récupéré de http://chaireafd.uqat.ca/publication/articlePDF/2012RapportFinalCaribouForestierBaieJames_EeyouIstchee.pdf
La limite nordique n’implique pas nécessairement la protection de nos forêts
En 2002, le gouvernement du Québec a mis en place une limite au nord de notre forêt publique, mais cette limite n’est pas une mesure de protection légale des forêts au sens de la Loi sur la conservation du patrimoine naturel. Il n’est pas reconnu par l’Union internationale pour la conservation de la nature comme une forme de protection. Elle fixe une limite indiquant qu’il ne serait ni rentable, ni durable d’aller au-delà pour l’industrie forestière. D’ailleurs, la « forêt » au nord de cette limite est composée d’arbres très petits, éparses et dont la régénération est très lente. Ces zones de la forêt ne sont pas en réalité protégées des coupes puisque cette menace est inexistante. De plus, elles sont ouvertes à l’industrie minière, à la construction de routes et aux barrages hydro-électriques.
Le « Comité scientifique chargé d’examiner la limite nordique des forêts attribuables » montre que plusieurs zones au sud de la limite nordique devraient être retirées de l’emprise de l’industrie, car la forêt et la biodiversité qu’elle renferme sont trop sensibles aux perturbations.
Greenpeace utilise de vraies images dans ses campagnes
Les images que nous montrons au public sont de vraies images, représentatives de ce qui se passe dans nos forêts publiques. Alors qu’une moyenne de 1125 terrains de football de forêt est coupée chaque jour au Québec, la coupe-à-blanc (appelée maintenant coupe de régénération par le gouvernement) est encore la principale technique utilisée par l’industrie pour récolter les arbres en forêt boréale, et ce sont les images révélant cette technique que nous montrons dans nos documents.
L’industrie forestière pratique fréquemment des coupes de « récupération » dans nos forêts publiques à la suite de feux de forêt ou d’épidémies d’insectes, ce qui provoque une augmentation de stress pour nos forêts. Visuellement les conséquences de ces incendies peuvent paraître très dévastatrices. Greenpeace montre les pratiques forestières en général, et le public est en droit de savoir que des coupes massives sont orchestrées après le passage des feux.
Greenpeace supporte une industrie forestière durable et responsable
La campagne de Greenpeace en forêt boréale vise la protection des dernières forêts intactes, qui couvrent au Québec moins que 10% du territoire au sud de la limite nordique, le respect des droits des Premières Nations et l’amélioration des pratiques forestières. Greenpeace est pour une industrie forestière durable et responsable au Québec et plusieurs compagnies forestières, sont à ce titre, exemplaires. Comme nous avons réussi à le faire dans la forêt pluviale du Grand Ours en Colombie-Britannique, nous souhaitons travailler avec les Premières Nations, le gouvernement provincial, les syndicats et les compagnies forestières afin de trouver des solutions qui peuvent assurer la protection des dernières zones de forêts intactes tout en renforçant l’industrie forestière et son accès aux marchés internationaux.
La solution dans la certification FSC
La norme FSC est actuellement la seule norme prisée sur les marchés internationaux qui assure une gestion durable de la forêt, le respect des droits des Premières Nations et une meilleure protection de la biodiversité.
En 2013, les opérations forestières de Résolu ont causé la perte de deux de leurs certificats FSC au Saguenay-Lac St-Jean (et d’autres en Ontario). Malgré plusieurs avertissements émis par Rainforest Alliance (leurs auditeurs indépendants) et plusieurs mois de préavis, les suspensions ont été accordées. 13 non-conformités majeures à la norme FSC ont été identifiées par les auditeurs indépendants. Selon François Dufresne, président de FSC Canada, c’était la première fois que cela arrive à cette magnitude en termes de territoires.
Plusieurs acteurs travaillent d’arrache pied pour tenter de régler cette situation pour Résolu. Le meilleur exemple est la médiation proposée par FSC International. Le gouvernement québécois a salué l’initiative de processus collaboratif auquel les groupes environnementaux dont Greenpeace, les syndicats CSN et Unifor et les Premières Nations ont participé afin de vouloir trouver des solutions. Selon FSC, Résolu a fait des “commentaires désobligeants et a tenté d’inculquer la méfiance du public dans le système FSC”. FSC est présentement en train d’étudier la possiblité d’expulser Résolu du système.
Revenons à l’essentiel
Essentiellement, Résolu réclame à Greenpeace sept millions de dollars parce que nous parlons de leur destruction dans la forêt boréale. Et pourtant, celle-ci mérite bien d’être protégée. La forêt boréale est la dernière grande forêt de la planète qui procure des lieux de nidification à plus d’un milliard d’oiseaux. Elle est le plus vaste entrepôt terrestre au monde puisqu’elle stocke plus de 200 milliards de tonnes de carbone dans ses arbres, ses territoires et ses zones humides. Plus de 600 communautés des Premières Nations dépendent de la Forêt Boréale et la majeure partie de celle-ci est reconnue comme faisant partie des territoires traditionnels des Premières Nations. Voila juste quelques raisons pour laquelle nous devons continuer à protegér cette belle forêt québeçoise.
Si vous souhaitez plus d’information, s’il vous plait contacter adherents.ca@greenpeace.org et nous seront heureux de répondre à vos questions.