Crédit Photo : Santigo (Chili), 25 octobre 2019. DR.
Si ces mobilisations ont chacune leurs spécificités, les ressorts sont partout les mêmes. Ils nous rappellent, à bien des égards et toutes proportions gardées, le mouvement des Gilets jaunes, et il y a bien des similitudes quant aux éléments déclencheurs des luttes en cours. Augmentation des taxes sur l’essence en Équateur, sur les communications internet au Liban, augmentation du prix du ticket de métro au Chili : c’est bien la mainmise des capitalistes sur les transports, l’énergie, les réseaux de communication, ainsi que la dégradation des services publics, qui sont violemment contestés. Partout les peuples en lutte se mobilisent contre la vie chère, les inégalités croissantes et le déni démocratique qui accompagnent les politiques néolibérales.
À Hong Kong et en Catalogne, les revendications d’émancipation des peuples, de démocratie, de refus de la répression policière et politique, font écho aux revendications sociales dans un système global au sein duquel la fuite en avant néolibérale s’accompagne d’une restriction toujours plus forte des droits démocratiques. On remarque aussi la présence, diffuse ou explicite, de revendications écologistes, touchant notamment au contrôle de la terre et des ressources naturelles, ce qui n’a rien d’étonnant, bien au contraire. Comme l’a en effet fort justement remarqué le journaliste de Mediapart Romaric Godin, « aux pressions sociales vont s’ajouter les catastrophes climatiques à répétition, comme celles qu’ont connues les Caraïbes depuis quelques années, qui ne feront que dégrader les conditions sociales. »1
Une contestation du système
Ces mobilisations jouent, comme, entre autres, au Chili ou au Liban, un rôle de catalyseur de colères beaucoup plus profondes, produites par plus de 10 ans de brutale gestion néolibérale de la crise du capitalisme mondialisé. C’est pourquoi, malgré les quelques concessions faites par les pouvoirs en place afin de contenir les révoltes, la colère ne retombe pas et les mobilisations continuent, s’étendent, s’installent, se radicalisent, tandis que les pouvoirs vacillent.
Des résistances qui se poursuivent malgré un niveau de répression extrêmement élevé de la part de pouvoirs qui sont de moins en moins légitimes et qui pratiquent toujours plus la politique de la matraque face aux revendications sociales. Ce niveau d’affrontement élevé et massif avec l’appareil d’État traduit tout particulièrement la détermination des manifestantEs et la profondeur de la contestation, mais également la situation d’impasse des pouvoirs en place.
C’est bien le capitalisme néolibéral et son pendant autoritaire qui sont contestés dans leur globalité par la jeunesse, les travailleurEs et les plus pauvres, qui ne veulent plus se faire broyer. Dans les rues de Beyrouth, de Santiago ou de Bagdad, la radicalité des revendications et la massivité des mobilisations en témoignent : ce ne sont pas des changements cosmétiques qui sont attendus, mais bien des modifications profondes de l’organisation sociale et économique.
Un rapport de forces à la hauteur des attaques
Ces résistances montrent la voie à toutes celles et tous ceux qui refusent de se résigner face à la catastrophe capitaliste, face à un système de plus en plus brutal et prédateur qui, de surcroît, menace la survie même de l’humanité. Ces révoltes sont un encouragement pour nos propres luttes, et nous devons en premier lieu leur apporter tout notre soutien, en les popularisant et en développant les solidarités, entre autres et notamment face à la répression.
•1. Romaric Godin, « Crises sociales, crises démocratiques, crise du néolibéralisme », Mediapart, 21 octobre 2019.
Créé le Jeudi 31 octobre 2019, mise à jour Vendredi 1 novembre 2019, 09:58
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