Édition du 19 novembre 2024

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Les milieux humides disparaissent à un rythme alarmant

Les citoyens du Québec sont depuis longtemps conscients des menaces qui pèsent sur les terres humides et de l’importance de mettre ces îlots de biodiversité à l’abri de la destruction. Avec acharnement et dévouement, ils se sont battus depuis plusieurs années en première ligne dans de véritables guerres de tranchées pour préserver les différents milieux dont la survie était précaire, bien souvent contre leur propre gouvernement.

À la suite de l’annonce de la protection intégrale des milieux humides par le ministre de l’Environnement en mai 2005, une certaine accalmie, voire un certain vent d’optimisme, s’était installée chez les militants écologistes. Ce n’était qu’une brève illusion et, rapidement, les cas de destruction ont recommencé à se multiplier, avec ou sans autorisations des fonctionnaires du Ministère. Rien ne semble maintenant pouvoir freiner la grosse machine du développement et les promesses faites par notre gouvernement ne se sont toujours pas matérialisées.

Avec le développement immobilier qui continue son ascension fulgurante, l’industrialisation de l’agriculture et l’étalement urbain qui se poursuivent sous les yeux des gens responsables de protéger notre environnement, les milieux humides du Québec méridional disparaissent à un rythme alarmant malgré la priorité que notre gouvernement semblait avoir accordé à leur protection.

Les effets dévastateurs de cette quasi-extinction se font sentir très durement dans le sud du Québec. Les inondations récurrentes, l’érosion des berges et la surcharge de polluants de toutes sortes présents dans les petits cours d’eau agricoles et urbains qui ne possèdent plus de filtres naturels pour se protéger, illustrent bien les conséquences de la destruction des derniers milieux humides. On retrouve, au bout de ces bassins versants, les grandes rivières méridionales qui se retrouvent en tête de liste du palmarès des cours d’eau les plus pollués au Québec.

La biodiversité qui trouve refuge dans les terres humides ou qui en dépend directement se retrouve elle aussi au bord du précipice. Le chevalier cuivré, la rainette faux-grillon de l’Ouest et plusieurs espèces de tortues menacées ne représentent que la pointe de l’iceberg de la problématique des espèces en danger de nos milieux humides.

Plusieurs autres espèces plus communes ont aussi subi un déclin important et constituent des indicateurs que nos marais, marécages, tourbières et rivières se portent vraiment mal.

En constatant cet échec en matière de protection des terres humides, comment se fait-il qu’une législation plus appropriée et beaucoup plus sévère n’ait pas encore été adoptée ? Pourquoi le gouvernement n’a-t-il pas scruté à la loupe la question de la gestion passée et présente de ces milieux, pour mieux nous préparer au futur ? Ne serait-il pas essentiel d’imposer un moratoire ou une forme de protection immédiate pour ces écosystèmes non seulement riches en biodiversité, mais aussi du point de vue du rôle plus qu’important qu’ils ont à jouer dans le contrôle des inondations et de la rétention des polluants ?

Commence-t-on à voir une nouvelle tendance se dessiner à l’horizon, celle de laisser le soin aux municipalités de décider du sort des milieux humides sous une nouvelle forme de partenariat public-privé, bien souvent sous le couvert d’études effectuées par des firmes privées, qui ressemblent plus à des plans de développement qu’à de véritables plans de conservation ?

Ces questions fondamentales ont été posées à notre gouvernement à maintes reprises et n’ont jamais reçu de réponses.

Il serait odieux de penser que l’on pourrait encore sacrifier quelques hectares de terres humides, surtout que le Québec méridional affiche déjà un grave déficit à ce niveau. Les milieux humides ne couvrent plus qu’un minuscule pourcentage de la superficie qu’ils occupaient historiquement et tous doivent être protégés, du plus petit au plus grand. Demandez aux scientifiques, ils vous diront la même chose.

Mais comme plusieurs citoyens et groupes environnementaux l’ont réalisé, il semble encore utopique de croire à une quelconque protection systématique de nos milieux humides aussi longtemps que notre gouvernement se laissera dicter ses actions par des intérêts économiques et non par la volonté populaire, celle de la protection de l’environnement et de la santé publique.

L’auteur est président de l’organisme Sauvons nos boisés et milieux humides, à Longueuil.

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