Contrairement à ce qu’affirmait pompeusement le président français Sarkozy en 2009, le problème des paradis fiscaux, c’est loin d’être terminé ! Il faut lire le nouveau rapport du CCFD-Terre solidaire (Comité catholique contre la faim et pour le développement, France) pour comprendre le rôle toujours central de ces trous noirs de la finance, par lesquels circule la moitié des transactions commerciales internationales.
Le rapport « L’économie déboussolée » met en lumière les distorsions entre l’économie réelle et les indicateurs qui guident le G20 et les Institutions financières internationales. Il démontre comment la place de la finance offshore rend toute mesure de ces indicateurs impossible. Au cœur de ce mensonge économique, il pointe le rôle majeur des multinationales et des banques, premières utilisatrices des paradis fiscaux.
Basé sur l’étude des documents officiels des 50 principales sociétés européennes, le rapport montre que celles-ci possèdent toutes des filiales dans les paradis fiscaux (96 chacune en moyenne). Avec une mention spéciale pour BNP Paribas, qui en compte 347. Les conséquences négatives sur l’économie sont nombreuses : corruption, manque à gagner de 125 milliards d’euros pour les finances des pays en développement, report de la fiscalité sur les consommateurs et les PME (qui subissent un taux d’imposition réel sur leurs bénéfices de 21 %, contre 13 % pour les grandes entreprises), etc.
Alors que la France présidera en 2011 les sommets du G8 et du G20, le rapport dresse également un état des lieux de la lutte contre l’évasion fiscale depuis le G20 de Londres et rappelle les attentes dans ce domaine des sociétés civiles soucieuses d’une plus grande justice au Nord comme au Sud. C’est pourquoi le CCFD-Terre solidaire avance un ensemble de revendications en direction du G20 et de l’Union européenne : transparence des comptes des multinationales filiale par filiale, interdiction des sociétés-écrans et durcissement des sanctions contre la délinquance financière.
Comme le souligne dans son éditorial Jean Merckaert, co-auteur du rapport : « Entre le faible et le fort, entre le riche et le pauvre, c’est la liberté qui opprime et c’est la loi qui affranchit ». Le temps est venu de mesurer la santé de notre monde au sort réservé aux plus faibles. Le G20 en aura-t-il la capacité, ou même la volonté ? Il a, en 2011 à Cannes, l’occasion d’en faire la preuve.