Inquiétude au sein de la Coalition
Ce forage pourrait être effectué en 2012, au plus tard 2014, à environ 6 km des frontières maritimes québécoises. Ce projet, déposé le 22 février 2011 auprès de l’Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers (l’Office), inquiète vivement la Coalition Saint-Laurent qui considère que les conditions ne sont pas réunies pour assurer la sécurité des activités d’exploration dans le golfe.
« Il est inconcevable que l’Office Canada-Terre-Neuve-et-Labrador des hydrocarbures extracôtiers procède à une évaluation d’un projet de forage au gisement Old Harry alors que la structure même de l’organisation est sévèrement critiquée par la Commission Wells » explique Danielle Giroux, présidente d’Attention FragÎles. En effet, le rapport de la Commission Wells déposé récemment met en relief des failles majeures quant à la gouvernance de l’Office et sa gestion des activités pétrolières en milieu marin. Ce rapport confirme également que la création d’une structure indépendante serait nécessaire pour assurer la sécurité des installations pétrolières extracôtières et la protection de l’environnement.
Rappelons que la Commission avait été mise sur pied suite au naufrage en mer d’un hélicoptère de transport de personnel et au décès de 17 personnes en 2009.
Moratoire qui s’impose
« Le golfe est une mer intérieure six fois et demie plus petite que le golfe du Mexique et de nombreuses communautés vivent dans cinq provinces qui seraient toutes mises à risque par un forage exploratoire » précise Karel Mayrand de la Fondation David Suzuki. C’est pourquoi la Coalition demande que le processus d’évaluation environnementale comporte un examen devant une commission, incluant la consultation de l’ensemble des populations côtières du golfe du Saint-Laurent. « Il est primordial de mettre en place un moratoire dès maintenant et d’instaurer un cadre de gestion intégrée du golfe » d’ajouter M. Mayrand.
Suite à la catastrophe de la plateforme Deepwater Horizon dans le golfe du Mexique, des réformes majeures ont été recommandées aux États-Unis afin d’éliminer les conflits d’intérêts inhérents à la délégation à une seule agence d’un double mandat de promotion de l’industrie et de protection de l’environnement. « Le rapport de la Commission américaine nous met clairement en garde : si un examen en profondeur de toute l’industrie n’est pas fait, un accident est susceptible de se reproduire ailleurs dans le monde » affirme Christian Simard de Nature Québec. Aucune province du golfe du Saint-Laurent ne sera à l’abri de ces désastres tant que le spectre de l’exploration pétrolière planera audessus de la tête des communautés et des écosystèmes marins. La Coalition juge donc essentiel la mise en place de réformes quant à la sécurité des installations et à la protection de l’environnement.
Considérant que la catastrophe dans le golfe du Mexique concernait un forage exploratoire tout comme celui que compte réaliser Corridor Resources, alors même que son expérience en la matière reste à démontrer, la Coalition soutient qu’un tel risque ne doit pas être pris sans confronter ce type de développement aux autres usages du golfe du Saint-Laurent. « Il est impératif qu’une planification spatiale des usages actuels et futurs des milieux côtiers et marins soit initiée, en particulier pour définir un réseau d’aires marines protégées capable d’assurer le fonctionnement des fragiles écosystèmes dont nous dépendons » conclut Patrick Nadeau de la SNAP Québec.
La Coalition Saint-Laurent regroupe 50 organismes et associations issus de secteurs économiques variés et près de 900 individus. Les membres de la coalition demandent que soit décrété un moratoire sur l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures dans l’ensemble du golfe du Saint-Laurent.