2020/02/20 | lettre
En décembre dernier, à la COP-25, le Programme des Nations Unies pour l’environnement (PNUE) recommandait de réduire nos GES de 7,6 % par année pour les dix prochaines années, soit une réduction de 55 % de nos émissions en 2030.
Sachant que la cible audacieuse du ministre est une réduction des GES du Québec de 37,5 % sous le niveau de 1990 d’ici 2030, la seule audace que nous pouvons lui reconnaître, c’est celle de tenter de nous faire croire que ses objectifs seront suffisants pour faire face à la crise.
Quant au vocable « réaliste », parce qu’il fait référence à une reconnaissance des faits, comme ceux démontrés par la science, difficile de qualifier ainsi son attitude alors qu’il déclarait il y a deux semaines que son gouvernement ne se doterait d’une cible de réduction en phase avec les exigences de la science climatique parce que ça serait dommageable pour l’économie québécoise. Croit-il sérieusement que l’économie sera moins affectée s’il ne pose pas les gestes nécessaires maintenant ? Pensons seulement au chirurgien qui, face à la bactérie mangeuse de chair, lésinerait sur l’opération à faire et l’urgence de la réaliser : quelles seraient les chances de survie de son patient ?
Nous sommes d’accord avec lui qu’il n’y a pas de réduction de GES facile, mais comme pour un régime amaigrissant, ce ne sont pas les premiers kilos qui sont les plus difficiles à perdre, ce sont les derniers. C’est pourquoi il faut y consacrer autant d’énergies au début, parce que ce sont ces efforts qui, vers la fin, seront les plus payants.
En reportant ses obligations d’agir sur les futurs gouvernements, le ministre ne leur rendra que plus difficile la tâche, puisqu’une tonne de CO2 économisée maintenant vaut plus en proportion qu’une tonne économisée dans 10 ans.
Ce n’est pas non plus en accusant les gouvernements précédents que cela allège ses obligations actuelles : il doit stopper toute augmentation des émissions, et les réduire drastiquement.
C’est pourquoi il faut mettre en place sans attendre toutes les mesures nécessaires à agir sur les causes des bouleversements climatiques, et qui nous permettront d’en amenuiser les impacts immédiats et à venir.
À Gmob, nous nous sommes basés sur les plans de transformation sociale, économique et énergétique reconnus par la communauté scientifique, et nous avons rédigé un plan global qui cadre avec notre réalité au Québec. Les Chantiers de la Déclaration d’urgence climatique, ou Chantiers de la DUC (C-DUC), identifient les domaines d’intervention urgente en exposant les mesures à y prendre.
D’abord, neuf chantiers pour nous sortir des énergies fossiles :
- des politiques et lois zéro émission GES ;
- aucun soutien aux énergies fossiles ;
- une consommation respectant les capacités de la planète ;
- sortir du chauffage fossile, et des bâtiments zéro émission GES ;
- réaménagement du territoire pour un environnement carboneutre ;
- endiguer le gaspillage ;
- une mobilité terrestre zéro émission GES ;
- des industries à faible empreinte écologique et zéro émission GES ; et
- des sols en santé et une agriculture sécurisée.
Ensuite, deux chantiers pour nous protéger des impacts immédiats et à venir de la crise, pour nous rendre plus résilients :
- souveraineté alimentaire et autosuffisance en temps de crise ;
- et un système public de santé et services sociaux résilient aux chocs climatiques.
Nous savons que la tâche à accomplir est démesurée. C’est pourquoi nous disons qu’il faut un effort de temps de guerre, parce que c’est bien de cela qu’il s’agit : d’une guerre pour notre survie. Il faut passer d’une guerre contre la nature à une guerre pour sa survie et la nôtre !
M. le ministre, ce plan d’urgence climatique, nous vous le proposons.
Et nos cibles sont à la hauteur des exigences de la situation !
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