Le spectacle sportif aura martelé sa pédagogie de la compétition, de la performance à tout prix, de la nécessaire séparation des « gagnants » et des « perdants ». Aux Olympiques, non seulement les vaincus sont vaincus, mais ils ont été jugés par la performance. Et le culte rendu à cette dernière, c’est le culte rendu au caractère légitime d’une société inégalitaire.
Le monde sportif est un monde où la loi du plus fort trouve une expression fantasmée et valorisée. Le discours-guimauve de l’idéal olympique n’arrive pas à masquer l’omniprésence des sponsors, l’utilisation hypocrite du dopage qui devient un incontournable pour pouvoir continuer de frayer dans ces eaux-là.
Les Jeux olympiques sont l’illustration la plus typique de la passion de l’inessentiel insufflée à la population pour la détourner des problèmes réels et de la coopération collective nécessaire pour s’y attaquer.
Les Jeux de Pékin ont sacré ces héros sportifs construits par des entraînements démentiels, par les dopages diversifiés et calculés, sur lesquels les grandes entreprises spéculent espérant que la cotation de leurs protégé-e-s fera un bond à la bourse des valeurs olympiques.
Les jeux de Pékin et leur humanisme de pacotille ont servi à justifier une opération de marketing politique de la bureaucratie chinoise pour masquer toute la violence de cette tyrannie. Il ne faudrait tout de même pas oublier l’essentiel. Le gouvernement chinois y aura trouvé une nouvelle légitimité en exacerbant le sentiment de fierté nationale.
Mais pas question d’oublier les travailleurs et travailleuses qui luttent contre une société de plus en plus inégalitaire. Pas question d’excuser un gouvernement qui refuse d’accorder les droits démocratiques élémentaires à sa population ; pas question d’oublier la répression au Tibet, la répression sanglante de la place Tiananmen, les exécutions publiques des condamnés à mort et les exactions de la police politique. Il faut surtout refuser de se pâmer derrière des spectacles éblouissants qui sont autant d’écrans de fumée.