Le dernier budget Flaherty vient modifier 60 lois canadiennes différentes. Du presque jamais vu. Et tout cela dans un même projet de loi (C-38), voté à toute vitesse, en imposant le bâillon, et fort d’une majorité gouvernementale. Désespérant. Ces gens sont en train de transformer ce pays, dans ses fondements et dans ses structures. Et l’assurance-emploi n’est pas épargnée dans leurs plans !
Quatre grandes annonces auront des conséquences majeures, dans le sens régressif du terme :
• Non reconduction du projet-pilote, et qui se terminera donc le 6 avril 2013, établissant le calcul du taux de prestations sur les 14 meilleures semaines pour les régions à haut taux de chômage. Ainsi, à partir d’avril 2013, et en suivant les taux de chômage que nous connaissons actuellement, les régions du Bas Saint-Laurent et Côte-Nord, du Centre du Québec et du Nord-Ouest du Québec, verront le calcul de leur taux de prestations établi sur 18 semaines (plutôt que 14), alors que Trois-Rivières passerait à 20 et Chicoutimi-Jonquière à 21 ! Les conséquences pour les travailleurs et les travailleuses de l’industrie saisonnière seront drastiques.
• Abrogation, dans la loi, de la définition de l’emploi convenable et de l’emploi non convenable. Fini le délai raisonnable pour prioriser une recherche d’emploi dans son domaine d’expérience. Fini le fait de vouloir un emploi qui offre les conditions moyennes reconnues dans un secteur de travail particulier et de pouvoir refuser un emploi qui serait en deçà de ces normes. Avec cette refonte, le gouvernement pave la voie au cheap labor et aux coupures à ceux qui refuseraient.
• Abolition des tribunaux administratifs (conseils arbitraux et Juge-arbitre) pour les remplacer par un « guichet unique », le Tribunal de sécurité sociale qui va entendre autant les dossiers de l’assurance-emploi que ceux de la sécurité de la vieillesse. Nous appréhendons le pire.
• Dorénavant, les chômeurs qui occupent un emploi à temps partiel, peu importe le montant, verront la moitié du gain retranché sur la prestation de chômage. Auparavant, il y avait un plancher minimum. Plus de plancher !! Les conservateurs appellent ça une mesure incitative à l’emploi…
Tout cela n’augure rien de bon. Mais surtout, il faut bien comprendre une chose, une chose essentielle : nous ne sommes plus face à un gouvernement minoritaire. Les conservateurs ne reculeront pas et n’entendront pas raison ! Cela doit être compris et assumé.
Raison de plus pour sortir de là, rapatrier ce pouvoir et mettre en place notre propre programme québécois d’assurance-chômage, qui protège mieux, et de bonne foi, sa population. Voilà où nous mettrons nos énergies.