2020/02/21 | tiré de l’Aut’journal
http://lautjournal.info/20200221/les-wetsuweten-et-le-gazoduc-coastal-une-crise-tellement-previsible
Depuis la crise d’Oka en 1990, nos gouvernements ont juré que l’approche bulldozer colonialiste envers les communautés et les territoires autochtones était chose du passé. Il fallait bien calmer un peu tout le monde et surtout les Premières Nations. Ainsi, nos gouvernements disaient : Fini l’imposition de projets contraires aux volontés de ces communautés, fini l’empiétement de leurs territoires, fini le mépris envers leurs aspirations légitimes.
Trente ans plus tard, il faut bien admettre que tout cela ou presque n’était que paroles en l’air. Pour être sérieux, ces gouvernements auraient dû considérer les représentants des Premières Nations et leurs communautés comme nos concitoyens à parts entières, mais différents dans leurs aspirations et méprisés depuis si longtemps entre autres avec la triste Loi des indiens qui leur refuse encore d’être considérés comme des adultes.
Partout où le gouvernement fédéral a imposé le cadre odieux de la Loi sur les indiens pour mieux s’approprier les territoires tout en créant des RÉSERVES INDIENNES pour parquer les Indiens, des abus de toutes sortes ont été commis sauf peut-être chez les Cris au Québec et pour cause. Avec tout le développement hydroélectrique depuis les années 70 voulu par le Québec, les Cris se sont battus pour obtenir voix au chapitre et les moyens de se développer selon leurs aspirations et ils ont gagné, été entendus et reconnus.
Mais voilà, ailleurs ce ne fut pas le cas, même au ici au Québec. Pensons à l’exploitation forestière qui, dans bien des régions, détruit encore les territoires de chasse et la forêt publique.
Par contre, là où les territoires n’ont jamais été cédés, comme chez les Wet’suwet’en au nord de la Colombie-Britannique, il fallait s’attendre à ce qu’une invasion de leur territoire ne se passe pas comme dans les années 1800.
Partout dans le monde, les droits des Premières Nations sont de plus en plus revendiqués par celles-ci et défendus par le droit international comme étant incontournables et ce à juste titre. Alors, quand des gouvernements se cachent derrière des structures toujours aussi infantilisantes comme les conseils de bande qu’ils contrôlent financièrement et légalement par-delà la volonté de ces gens, on crée un conflit. Pas besoin d’un cours en science politique pour comprendre cela. Quand on ajoute à cela l’avidité toujours plus grande des corporations gazières et pétrolières, on développe des conditions de conflits explosifs.
Il y a aussi un autre élément fondamental auquel ces corporations et ces gouvernements font face : LA CRISE CLIMATIQUE…
Non seulement les gens des Premières Nations ont-ils parfaitement le droit de défendre leur territoire, mais comme ils vivent les catastrophes climatiques extrêmes en même temps que nous, il n’y a aucune surprise à ce qu’ils veulent éviter que leur territoire devienne un élément majeur contribuant à envenimer cette crise sans précédent.
Et c’est justement là que les magouilles et supercheries tant des gazières et pétrolières que des gouvernements se butent à la dure réalité climatique et à celle des droits humains.
Qui donc pourrait être surpris d’une telle conjoncture réfractaire au développement d’un projet de gazoduc ?
Honnêtement, personne ne peut ignorer ou nier ces trois sujets de préoccupation planétaire, soit les droits humains, le droit à un environnement sain et un climat sécuritaire, qui sont des principes fondamentaux reconnus par le droit international et nos propres lois canadiennes…
Alors, quand de grandes corporations et des gouvernements tentent d’en passer une vite au dépend des populations tant autochtones qu’allochtones, tout le monde est concerné et les gens défendent leurs droits. Malheureusement, quand on pousse au bout l’absurde de l’avidité et de la cupidité, on provoque des crises qui font souffrir tous les gens. On s’en rend bien compte avec la crise gazière chez les Wet’suwet’en, qui reçoivent l’appui du mouvement environnemental, des étudiants et des gens de partout.
Ici, se déroulent des stratégies semblables, comme présentement avec le projet de GNL Saguenay où on tente d’endormir les gens pour exporter du gaz de schiste dans les marchés étrangers au profit de ces corporations en dépit de l’extrême urgence climatique.
Une autre confrontation est en train de se développer et on fait comme si de rien n’était…
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