Kaveh Boveiri
Le six novembre le Front commun réalise une partie de ce qu’il a annoncé lors de la manifestation du 23 septembre.
— « Ça pique », me dit la jeune infirmière en perçant l’aiguille.
C’est le lundi 6 novembre 2023. J’ai reçu ce rendez-vous après d’environ six mois. Je n’avais rien mangé 24 heures avant mon rendez-vous. Je ne pouvais prendre que des liquides.
— « Ça va ? »
— « Oui, à part le fait que je me déteste d’être ici. »
— « Mais, pourquoi mon cher ? »
— « Parce que vous êtes en grève et je franchise votre ligne de piquetage. »
— « Nous sommes seulement partiellement en grève. Nous allons en grève en décembre, si le gouvernement ne nous entend pas », elle le dit en souriant, et en mettant le pansement sur mon coude.
Bizarrement, elle réitère le contenu de message de représentants des quatre organisations principales formant le Front commun lors de la manifestation du 23 septembre : Confédération des syndicats nationaux (CSN), la Centrale des syndicats du Québec (CSQ), la Fédération des travailleurs et travailleuses du Québec (FTQ) et l’Alliance du personnel professionnel et technique de la santé et des services sociaux (APTS).
On estime que cent mille personnes ont participé dans cette manif à Montréal.
La présidente de la FTQ Magali Picard exprime très bien l’ambiance de cette journée : « Si François Legault comprend pas le message d’aujourd’hui, il ne le comprendra jamais. »
La perspective du Front commun a été clairement articulée par François Ernaux : « Ça sent la colère ici. Mais ça sent pas juste la colère. Ça sent la grève. Mais pas n’importe quelle grève. La grève générale illimitée. »
Lors d’un entretien avec TVA nouvelles quelques semaines plus tard, il annonce que 95 % des membres soutiennent une grève générale illimitée — deux pourcentages d’augmentation depuis la manifestation ! Le Front commun répète le mandat d’une telle grève après quarante ans. Il précise aussi que : « La grève n’est pas une fin en soi. L’objective c’est d’avoir une bonne convention collective. »
En 2022 Doug Ford, le chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario, qui n’est pas connu pour son intelligence, avait quand même la prudence de prendre l’annonce de la décision d’aller en grève de la part du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) au sérieux. Cette prudence ne semble pas être discernable de la part du gouvernement de Légaux.
Ce lundi 6 novembre, le front commun tient sa promesse annoncée lors de la manifestation herculéenne du 23 septembre, mais seulement son prélude.
La balle est dans le camp du gouvernement de François Legault.
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