Mais il répond d’abord à un objectif : réduire les conditions de travail et la rémunération des employés municipaux en les punissant pour la mauvaise gestion des villes. Il pénalise les personnes qui ont collectivement privilégié l’épargne à l’heure où l’endettement des ménages fait régulièrement les manchettes. Il se montre injuste envers les jeunes qui auront l’obligation de payer les déficits relatifs aux droits acquis de leurs prédécesseurs. Il permet la négation d’ententes signées et d’engagements envers les retraités. Des travailleurs ont épargné pour leurs vieux jours et le ministre leur tire le tapis sous les pieds en grugeant leur retraite qu’ils se sont honorablement construite. C’est malhonnête. Avec la population qui vieillit, il faut favoriser l’investissement dans des retraites convenables, sans quoi on se réserve des lendemains douloureux.
Le projet de loi 3 risque d’entraîner des effets de discrimination envers les femmes. En effet, si des travailleuses de groupes majoritairement féminins décidaient de prendre leur retraite au même moment que leurs collègues masculins, elles pourraient devoir le faire avec des rentes réduites ; l’écart de revenu entre les femmes et les hommes en serait encore une fois diminué.
Le projet de loi viole le droit fondamental à la liberté de négocier en décidant à l’avance du résultat de l’exercice. Il nie l’autonomie des villes et semble avoir été fait sur mesure pour satisfaire les maires de Montréal et de Québec. Il fragilise le principal instrument d’épargne au Québec, alors qu’il faudrait plutôt en étendre l’accès à tous et améliorer les régimes de retraite publics, tel celui de la Régie des rentes, pour l’ensemble des citoyens.
Il nie l’amélioration récente de la situation financière des régimes.
Pourtant, les déficits sont en train de se résorber de manière spectaculaire avec d’excellents rendements boursiers pour une troisième année consécutive. Le gouvernement attaque ces outils de développement social et économique majeurs. Il n’est pas exagéré de dire que ce faisant, il appauvrit le Québec.
Même si des employés ont choisi de faire des compromis salariaux en retour de meilleurs régimes de retraite, même si la Cour suprême a statué que le produit de ces concessions constituait du salaire différé, il s’en lave les mains. Il préfère aller de l’avant avec son idéologie qui a pour effet de réduire les retraites des travailleurs comme peau de chagrin. Des solutions existent pour stabiliser et pérenniser les régimes de retraite et celles du gouvernement ne sont pas les bonnes. Il faut qu’il entende raison et qu’il s’ouvre aux arguments logiques qui minent sa logique. Il doit se rendre à l’évidence et modifier substantiellement son projet de loi. Au nom de l’équité, du respect des droits fondamentaux, de la paix sociale et du gros bon sens.