Édition du 24 septembre 2024

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États-Unis

Le président Obama livre son plan pour ralentir le réchauffement climatique

C’est tout en sueur que le Président Obama a livré hier, son plan d’action que les militantES reçoivent comme un engagement sérieux pour combattre les changements climatiques. Il a exposé trois propositions inter reliées : diminuer les gaz à effet de serre, se préparer pour faire face aux effets de la hausse de la température qui se manifestent déjà et donner le ton aux efforts internationaux dans la lutte au réchauffement climatique.

Traduction Alexandra Cyr.

Le cœur de ce plan repose sur une directive donnée à l’EPA (Agence sur l’environnement, n.d.t.) d’émettre à « toute vitesse » des règles qui limitent la quantité de C02 que les centrales au charbon, existantes et nouvelles, peuvent émettre. Si l’EPA réussit à respecter les échéances, ce qu’elle n’a jamais fait jusqu’ici, elle devrait livrer un schéma pour les centrales existantes en juin 2014 et un plan définitif l’année suivante.

M. Obama a déclaré : « Nous limitons la quantité de produits chimiques comme le mercure ou l’arsenic dans l’air et dans l’eau. Mais les centrales au charbon peuvent émettre des quantités illimitées de C02 dans l’air sans aucune conséquence ». Il a noté, au passage, que 40% de la pollution en C02 du pays viens de ce secteur. « Ce n’est pas correct, pas sûr et cela doit cesser » a-t-il ajouté.

Le Président veut que les plus grands consommateurs d’énergie transfèrent au moins 20% de leur consommation vers les énergies renouvelables d’ici 2020 et augmentent l’efficacité de la conservation de l’énergie. Ce sont des éléments clés dans la réduction des émissions de carbone. Le plan comporte une augmentation des énergies renouvelables sur les terres publiques et l’augmentation de l’utilisation des énergies propres dans les maisons, les bâtiments gouvernementaux et dans les installations de la défense nationale. Il inclut aussi des standards plus élevés pour le kilométrage des camions de forte taille, les autobus et les fourgonnettes de même qu’une réduction de la pollution par le méthane et les hydrofluoro-carbures.

Le président a réussit à surprendre les militantEs de l’environnement en disant qu’il n’approuverait l’installation de l’oléoduc Keystone Excel que : « s’il n’augmentait pas significativement la pollution ». Le Département d’État avait déjà pris cette position plus tôt cette année. Reste à voir si M. Obama l’endosse vraiment ou s’il invite à un recul.

Alors qu’il mettait l’accent sur notre « responsabilité à garder la planète habitable » et sur le potentiel économique que représentent les énergies vertes, il a souligné que « la planète va continuer à se réchauffer pour quelques temps encore ». Son plan vise donc aussi les efforts à faire par rapport aux changements climatiques en cours et à venir. Cela inclut du travail avec l’industrie médicale pour permettre au système de soins d’anticiper les problèmes de santé qui y sont reliés ; de prévoir des ressources pour aider les communautés et les fermiers à traverser les sécheresses ; de réviser les études de risques d’inondations pour prévoir les niveaux de hausses des marées là où l’État fédéral finance des projets et aider les communautés à renforcer leurs infrastructures, à gérer les feux de forêt, les inondations et autres désastres naturels.

Sur le plan international, M. Obama affirme son engagement envers un plan qui viserait explicitement à réduire les émissions de gaz à effets de serre. Il mettra fin au financement public des projets de centrales au charbon à l’extérieur du pays et favorisera les accords de libre échange dans le domaine des technologies des énergies propres et d’autres services environnementaux. Il se dit en faveur de négociations bilatérales avec des pays comme la Chine et le Brésil dont l’empreinte écologique ne cesse d’augmenter. Il affirme que ce plan vise une réduction des émissions de C02 de 17% en 7 ans. C’est la cible qu’il avait établie au début de son administration.

Ce plan est-il à la hauteur ? L’essentiel repose sur le niveau d’émissions de GES que l’EPA imposera au secteur énergétique. M. Daniel Lashof, directeur de la section climat et propreté de l’air du Natural Ressouces Defense Council, pense que : « Les normes que l’EPA va déterminer pour les centrales à charbon sont au cœur de ce plan. L’agence doit maintenant faire le travail d’élaboration de ces nouvelles règles ».

De son côté, Mme Rachel Cleetus, une économiste spécialiste du climat à la Union of Concerned Scientists, déclare : « Si ce plan est vraiment appliqué, il se peut que nous atteignons la cible de 17% de réduction ».

Pour M. Michael Brune, directeur exécutif du Sierra Club, ce plan pourrait bien signifier la fin de l’ère du charbon : « Obliger les propriétaires de centrales au charbon à, pour ainsi dire, ne plus émettre de C02, signifie les empêcher de vivre. Viser la fin du financement des exportations de ce genre de centrales est également majeur ». Mais il exprime aussi sa préoccupation quant à l’importance accordée au gaz naturel comme énergie de transition : « Nous pensons qu’aucune donnée scientifique ne le justifie et on ne tient pas compte des risques que les communautés exposées aux activités de fracturation encourent ». Il faut aussi noter que beaucoup des régulations nécessaires pour l’application de ce plan doivent être élaborées sous forme de règlementations comme sous l’administration Bush. Comme toujours, il faut se demander jusqu’à quel point le Président Obama fera pression pour qu’elles soient effectivement adoptées.

Mme Cleetus ajoute : « Ce que nous avons entendu aujourd’hui n’a rien de nouveau. C’est l’engagement qu’on nous a fait entendre. Il y un bon moment qu’il est question de nouvelles normes pour les centrales au charbon. Nous pensions qu’elles seraient en vigueur en juillet 2012. Nous voilà, un an plus tard avec un simple schéma pour les nouvelles centrales et celles qui sont déjà en fonction ».

Peut-être qu’au-delà de l’allure de son plan, M. Obama à plus étonné par son approbation des analyses des militantEs en faveur du climat. Il a souligné le rôle essentiel qui leur revient dans l’avancement des actions qui doivent pousser plus loin le pouvoir de l’exécutif : « Le devoir de compréhension n’appartient pas qu’aux politicienNEs ». Il à insisté pour que les citoyenNEs s’impliquent dans la lutte : « Prenez la parole dans vos assemblées municipales, dans vos églises, …Élargissez le cercle de ceux et celles qui veulent se battre pour notre avenir ».

(…) Selon M. D. Kessler, porte-parole de 350.org :« Quand le Président a été élu, le mouvement en faveur du climat n’était pas très développé. Maintenant, cinq ans plus tard, il ne cesse de grandir et il se renforce chaque jour. La tâche la plus importante maintenant est qu’il devienne suffisamment fort pour obliger le Congrès à adopter une loi cadre qui donnera un prix au carbone ».

Il est sans doute un peu trop tôt pour célébrer l’effort du Président pour ralentir les changements climatiques. Mais il est de la première importance de l’écouter sérieusement et de se joindre au débat national à ce sujet et sur les manières d’y arriver.

Zoë Carpenter

Journaliste à The Nation (États-Unis).

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