« Aujourd’hui, nous allons nationaliser seulement la dignité du peuple bolivien », a déclaré Evo Morales, mercredi. Il accuse l’USaid de conspiration et d’ingérence, et lui reproche de dresser des dirigeants syndicaux contre le gouvernement. En 2011, lors de la mobilisation des indigènes de l’Amazonie bolivienne contre le tracé d’une route qui devait traverser leurs terres, Evo Morales les avait accusés d’être manipulés par l’ambassade des Etats-Unis.
« Nous ne devons pas avoir peur de l’impérialisme américain », a affirmé le président bolivien.
En 2008, il avait déclaré persona non grata l’ambassadeur américain Philip Goldberg, objet d’allusions homophobes, et avait expulsé du pays l’agence antidrogue des Etats-Unis, la DEA (Drug Enforcement Administration).
Washington a rappelé que les aides d’USaid s’inséraient dans le cadre du Plan national de développement adopté en 2008 par le gouvernement bolivien. Ils concernaient des programmes de santé, d’éducation ou de protection de l’environnement.
Le président bolivien autorisé à briguer un troisième mandat
L’antiaméricanisme est une seconde nature chez Evo Morales, depuis le temps où il était le dirigeant des cultivateurs de la feuille de coca du Chapare (département de Cochabamba). Les autorités boliviennes de l’époque avaient tenté vainement d’éradiquer les plantations, avec l’aide des Etats-Unis.
Evo Morales a une bonne raison pour relancer l’antiaméricanisme. L’opposition a décidé de recourir à l’Organisation des Etats américains (OEA) contre la décision du Tribunal constitutionnel, datée du 29 avril, qui autorise le président bolivien à briguer un troisième mandat.
La Constitution de 2009 interdit formellement un troisième mandat présidentiel consécutif. Evo Morales a été élu à la présidence de la République en 2006, avec 53,7 % des voix. Fin 2009, il a été réélu avec 64 % des suffrages. Ses partisans prétendent que le premier mandat ne compterait pas, puisqu’il est antérieur à la nouvelle Constitution.