La mise en place et la gestion de cette campagne entraîne des coûts administratifs énormes (gestion de la carte, impression de coupons et de petites fiches apposées sur les tablettes, envois postaux, etc.), coûts qui seront tout simplement refilés aux clients.
Rien de plus agaçant que ces campagnes de fidélisation. Il faut constamment présenter sa carte. Il faut traîner avec soi tous les damnés petits coupons : « Doublez vos points si vous achetez entre le 15 et le 22 octobre », « Triplez vos points si vous achetez entre le 8 et le 15 novembre ». On a autre chose à faire dans la vie que de grapiller quelques cents en traînant ces coupons.
Bien sûr, Métro va nous répondre : « Nous sommes obligés de faire une campagne de fidélisation, parce que les autres chaînes le font, soit avec Air Miles, soit autrement ». Nous pourrions leur répondre : pourquoi ne faites-vous pas une campagne publicitaire qui dirait ceci : « Métro a décidé de renoncer à faire une campagne de fidélisation comme ses concurrents et de refiler directement à tous ses clients, par une baisse générale des prix de 1%, toutes les économies générées par l’absence d’une telle campagne de fidélisation. Les clients de Métro sont les vrais gagnants comparativement aux clients des autres chaînes. Ils ne perdent pas leur temps à poser les mille et un petits gestes insignifiants requis par les campagnes de fidélisation. Ils ont une meilleure qualité de vie, une vie plus simple, à s’occuper des choses plus importantes que des petits coupons. ». Le nivellement par le haut plutôt que le nivellement par le bas, quoi !
Ce qui est frustrant, également, dans cette opération, c’est que les campagnes de fidélisation permettent à des firmes de collecter de nombreuses données sur chaque consommateur pris individuellement. C’est une intrusion dans la vie privée. Ils en savent probablement davantage sur nos goûts que nous-mêmes ! Et ils se servent de ces informations pour nous faire acheter des produits bien souvent inutiles.
Le triple slogan de la campagne (« Mes goûts, mes points, mes récompenses ») me hérisse le poil. Dans quel abîme de nombrilisme, de vacuité et d’insignifiance les dirigeants de Métro veulent-ils nous faire chuter ?
De nombreuses compagnes débutent leurs annonces publicitaires par un gros MOI. Ne savent-ils pas que le moi est haïssable ?
« Venez chercher vos récompenses » : veut-on nous infantiliser comme des écoliers ?
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