Voir aussi Poursuite Pétrolia - des nouvelles.
Le combat de Ugo Lapointe est donc également notre combat à tous ! », répète André Bélisle de l’Association québécoise de lutte contre la pollution atmosphérique (AQLPA), qui a lui-même fait l’objet d’une poursuite semblable par le passé et qui a grandement contribué à la mise en place de la nouvelle loi québécoise contre les poursuites abusives.
André Bélisle lance d’ailleurs un appel pour mettre sur pied « un large comité de solidarité » en appui à Ugo Lapointe, pour mieux faire face à cette poursuite au cours des semaines et des mois à venir.
« La liberté d’expression est un droit fondamental de toute démocratie. Je dirais même un droit sacré ! À notre avis rien ne justifie le type de poursuite auxquels font face aujourd’hui le journal Le Soleil et Ugo Lapointe », affirme Pierre Jobin, vice-président à la Centrale des syndicats du Québec (CSQ). « La CSQ a été de toutes les batailles dans les cas de poursuites-bâillons au Québec. Celle-ci en a toutes les apparences et nous serons donc au rendez-vous pour appuyer Ugo Lapointe », ajoute M. Jobin.
« L’intimidation judiciaire a un impact non seulement sur les personnes poursuivies, mais aussi sur la liberté de presse, le droit du public à l’information et sur la démocratie participative. Il est donc essentiel que les citoyen-ne-s puissent participer aux débats publics sans intimidation », insiste Marie-Josée Béliveau de la Ligue des droits et libertés, l’un des principaux organismes impliqués dans la protection des citoyens et des organismes victimes de poursuites abusives.
« Cette poursuite est particulièrement préoccupante à l’heure où de nombreux débats publics ont cours concernant l’exploitation des ressources naturelles et énergétiques au Québec. Gaz de schiste, pétrole, mines, uranium, nucléaire : voilà autant d’enjeux qui animent actuellement les Québécois. Il est essentiel que tous puissent s’exprimer sans craindre de se faire poursuivre par qui que ce soit », insiste Christian Simard de Nature Québec, l’un des cofondateurs de la coalition Pour que le Québec ait meilleure mine !
Retour sur les faits
La compagnie Pétrolia accuse Ugo Lapointe d’avoir tenu des propos diffamatoires à son endroit en employant la métaphore du « vol » de ressources non renouvelables et collectives dans un article du journal Le Soleil paru le 3 décembre 2010 (article au http://www.cyberpresse.ca/le-soleil/affaires/les-regions/201012/02/01-43...).
Dans une mise en demeure reçue par Ugo Lapointe, le 28 décembre 2010, Pétrolia lui demande à la fois de se rétracter et de payer, conjointement avec le journal Le Soleil, 350 000 $ en dommages moraux et exemplaires.
Le 5 janvier 2011, Ugo Lapointe répond à cette mise en demeure en expliquant qu’il n’a pas à se rétracter pour avoir exprimé son opinion. Il affirme avoir employé la métaphore du « vol » sans même faire mention de Pétrolia et uniquement pour dénoncer le fait qu’il est permis, au Québec, d’extraire et de vendre du pétrole et du gaz au stade de l’exploration, sans paiement de redevances.
Malgré ces explications, fournies de bonne foi le 5 janvier dernier, la compagnie Pétrolia a maintenu ses accusions et intenté, le 19 janvier 2011, une poursuite en diffamation de 350 000 $ contre le journal Le Soleil et Ugo Lapointe. Pétrolia a également décidé d’en faire une affaire publique en portant ses accusations dans les médias quelques jours plus tard, soit le 26 janvier 2011.
Une poursuite abusive
« C’est donc face à cette poursuite que je suis contraint, aujourd’hui, de devoir me défendre devant les tribunaux », affirme Ugo Lapointe.
Dès vendredi de cette semaine, devant la Cour supérieure du Québec, Ugo Lapointe et ses avocats argumenteront que la poursuite de Pétrolia est mal fondée, déraisonnable et abusive et qu’elle a pour effet de limiter la liberté d’expression dans le contexte de débats publics concernant l’exploitation des ressources au Québec.
Ils tenteront de faire rejeter cette poursuite en vertu des nouvelles dispositions du Code de procédure civil du Québec adoptées en 2009, lesquelles visent précisément à prévenir les poursuites abusives et à protéger la liberté d’expression dans le contexte de débats publics.
« Il s’agit donc d’un autre test pour la nouvelle loi du Québec contre les poursuites bâillons, laquelle a déjà servi à défendre d’autres citoyens et organismes au Québec. Nous sommes toutefois conscients que rien n’est gagné d’avance. Mais nous ferons valoir que la Loi contre les poursuites abusives devrait s’appliquer avec toute sa force », de conclure Ugo Lapointe.
C’est d’ailleurs aujourd’hui que la Ligue des droits et liberté et le Réseau québécois des groupes écologistes (RQGE) débutent leur tournée québécoise de formation sur les poursuites bâillons, une initiative appuyée par le ministère de l’Éducation, du Loisir et du Sport du Québec et par le Service aux collectivités de l’Université du Québec à Montréal.
Voir également la déclaration complète d’Ugo Lapointe faite ce matin en conférence de presse : http://www.naturequebec.org/ressources/fichiers/Energie_climat/Poursuite....