Édition du 17 décembre 2024

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Québec

Le colloque Benhabib (encore) sous la protection de militants islamophobes

En juillet dernier, j’avais publié un article dans Ricochet déplorant le fait que le dernier colloque organisé par Mme Djemila Benhabib – ayant eu lieu le 9 mai 2017 – ait fait appel à La Meute pour assurer la sécurité de l’événement.

Tiré du blogue de l’auteur.

Comme je l’ai fait valoir à plusieurs reprises, La Meute est un groupe d’extrême-droite raciste qui utilise ce type d’événements pour normaliser sa présence dans l’espace public.

Bien que mes articles sur le sujet étaient solidement fondés sur de nombreuses preuves et témoignages, ils provoquèrent un « backlash » d’une sévérité inouïe, culminant avec une lettre de Benhabib elle-même – tout à fait diffamatoire à mon endroit – publiée il y a deux semaines sur Facebook.

Mme Benhabib inventa de toutes pièces une histoire de policiers l’ayant mise en garde contre une éventuelle « casse » de son prochain colloque, dont j’en serais moi-même le « grand manitou » !

Non seulement elle a menti sur ce point important pour me salir et promouvoir son événement, mais elle laissa aussi entendre toutes sortes d’autres choses scandaleuses…

Le nouveau colloque Benhabib, 28 septembre à Montréal

C’est donc avec surprise que j’entendis le témoignage de trois personnes crédibles m’assurant que (1) les policiers ne se sont rendus sur place que pour garder un œil sur « l’extrême-droite et La Meute » (2) le service de sécurité était encore opéré par des amateurs, faisant des fouilles sans permis légaux, et semblaient conseillés par Stéphane Roch en personne, chef des « opérations » de La Meute…

Je vous propose donc cet entretien avec Éric Émond, chef du parti politique provincial Changement Intégrité pour Notre Québec (CINQ). Il a aussi pris des photos et vidéos qui prouvent ses dires.
 
Entretien avec un témoin direct, Éric Émond

XC : Bonjour M. Émond. Premier aspect curieux de votre soirée : vous dites que c’est André Pitre lui-même (alias Stu Pitt, propagandiste de La Meute) qui vous a offert des billets gratuits ?

M. Émond : Oui, on s’était parlé il y a quelques semaines. Je lui ai dit que je n’irais pas au colloque à mes frais. Je suis féministe et anti-raciste, ça ne m’intéressait pas de payer de ma poche pour investir dans un truc qui ne correspond pas à mes valeurs. Je sais que lui est dans La Meute et je suis anti-Meute. J’ai dit que j’allais accepter les billets si je venais accompagné de deux personnes. Et il l’a fait avec plaisir.

XC : Cet événement était organisé par Mme Benhabib. Pourquoi Stu Pitt, qui n’a pas l’air riche, offre ainsi des billets à droite pis à gauche ?

M. Émond : Lui-même se présentait accompagné de ses deux « bodyguards » de La Meute. Il a ajouté qu’il pouvait m’en avoir à moi aussi et il a un peu insisté. Moi j’avais pas peur pour ma sécurité. Je pense qu’il essaie de se rapprocher d’amis plus progressistes, pour essayer de convaincre le monde que La Meute est plus de centre-gauche (comme mon parti qui est de centre-gauche).

XC : Donc tu étais assis avec lui pendant le colloque, vous avez parlé ?

M. Émond : Non, il m’a juste dit « Salut Éric, comment ça va ? », mais c’est tout. Il était assis quelques sièges plus loin, avec ses gardes du corps.

XC : Quand tu es arrivé sur les lieux, au départ, avec deux femmes de ton parti, as-tu noté quelque chose d’inhabituel ?

M. Émond : Il n’y avait pas de policiers. C’était bizarre car Benhabib disait qu’elle avait reçu des menaces. À l’entrée nous voyons la sécurité, des gens qui semblent de La Meute qui fouillent les sacoches des femmes (sans montrer leurs permis) j’en compte cinq officiels et plus de deux qui entourent la personne qui nous a invités (Stu Pitt).

XC : Comment peux-tu savoir que c’étaient des Meutons ?

M. Émond : J’ai déjà fait un débat avec Stu Pitt par le passé et je pense les avoir déjà vus. Il y en a même un qui avait un bandana autour de la tête. Ça faisait pas professionnel. Un gars de la sécurité en arrière de moi a dit à ses acolytes : « Hey, le grand avec des lunettes, check-le ! ».

XC : Quelle était l’ambiance ?

M. Émond : Voir le monde réagir à ceux qui m’accompagnaient était sans prix : une confusion totale. C’étaient deux femmes racisées. Une arabo-musulmane et une d’origine indienne. Les gens dans la salle arrêtaient pas de les regarder croche. D’ailleurs celle qui est musulmane, qui ne porte pas de hijab, s’est quand même sentie inconfortable et a dû quitter le colloque avant la fin. De mon côté, j’avais vu des policiers et j’étais sorti pour aller leur parler.

XC : T’as parlé directement aux policiers ?

M. Émond : Oui, ils étaient dehors. Je suis allé à leur rencontre. Après un temps, je leur ai demandé s’ils étaient là pour les menaces (car je sais qu’un de mes contacts avait préalablement appelé le SPVM pour demander s’il y avait eu menace et ils ont répondu par la négative).

XC : Ils t’ont parlé des « méchants antifas » ?

M. Émond : Pas du tout ! Je cite textuellement leur réponse (car je l’ai notée sur un papier) : « Nous sommes ici à cause de l’extrême-droite et La Meute, il n’y a eu aucune menace envers le colloque ou Benhabib dont nous sommes au courant et donc aucun inspecteur n’y a été assigné »…

XC : Ils t’ont donc dit qu’ils venaient surveiller La Meute ?

M. Émond : Oui. L’homme qui était debout avec les services de sécurité (Stéphane Roch) est même venu me parler directement. Il m’a demandé si j’allais faire d’autres débats comme dans le bar (un débat du 28 juin avec Stu Pitt, lors duquel La Meute faisait la sécurité). Son visage me semblait familier. J’ai reconnu plusieurs visages de ce soir-là :

XC : Et aucune trace des antifas durant la soirée ?

M. Émond : Rien. La salle était composée principalement d’un public d’un certain âge, très peu diversifiée (sauf pour les amis de Benhabib). Ils se retournaient souvent pour dévisager mes amies racisées à côté de moi. D’ailleurs la salle applaudissait surtout quand il y avait des remarques islamophobes.

XC : Par exemple ?

M. Émond : Quand Benhabib a présenté les panélistes, elle a salué leur courage malgré les menaces qu’elle aurait reçues de la part de musulmans. Elle a ajouté en blague qu’ils voulaient la « lapider ». La salle a ri fortement.

Peu après, elle a monté le ton en disant que le hijab est le « voile de la honte et de l’indignation ». Là encore la foule l’a acclamée.

Ensuite, après les conférences, un homme s’approche du micro et dit : « Je fais mon coming out, j’étais un islamophobe sous médication et là j’ai arrêté les traitements et je m’assume pleinement » et la salle quasi entière applaudit son islamophobie… Étant en ligne un peu derrière lui j’en profite pour « engeler » les gens qui applaudissent, ne pouvant me contenir devant cette affirmation et acclamation de la haine…

XC : Une fois que tu étais au micro, qu’as-tu dit ?

M. Émond : J’ai posé quatre questions. À ma deuxième, j’ai demandé à Benhabib le nom de l’inspecteur qui l’aurait mise en garde contre de supposées menaces, au cas où j’aurais des informations à lui transmettre. La salle a figé. Je suis du genre à attendre les réponses une minute de temps…

Suite à sa non-réponse, j’ai demandé : « Vu que vous ne croyez pas que les parents devraient rentrer les enfants d’un si jeune âge dans la religion (en leur mettant un hijab) est-ce que c’est l’avis de ce panel que nous ne devrions pas faire baptiser nos enfants ? Et aucune première communion, confirmation, etc.? ». Les murmures se sont fait entendre dans la salle, la tension était palpable…

XC : Merci pour cet entretien.

M. Émond : Ça fait plaisir. J’aimerais préciser en terminant que je crois toujours que nous devons combattre la peur, la haine et l’ignorance par l’amour, la communication et l’éducation. Je continuerai d’être un allié du féminisme intersectionnel et de défendre les droits à l’égalité de toutes les femmes sans exception.

**Les deux personnes ayant accompagné M. Émond au colloque me confirment que son récit est conforme à leur propre version des faits.

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