De Paris, Omar HADDADOU

«  Ma formule est la même partout. Politique intérieure ? Je fais la guerre. Politique étrangère ? Je fais la guerre. Je fais la guerre. Je fais toujours la guerre » Georges Clémenceau.

De la parole des grands hommes s’échappe la lumière de la pensée. Mais aussi l’orgueil de cracher le feu, immolant tout ! En déplacement en Chine, Anthony Blinken n’aura pas la main heureuse ni l’art de persuasion que ses prédécesseurs, en s’efforçant de prendre, ces dernières heures, les destinées d’une guerre en Ukraine qui n’a pas encore dévoilé toutes ses stratégies. Les deux puissances se livrent habilement à une diplomatie de façade. Pékin sait quand et où il y a anguille sous roche, et fait mine comme si…

Xi Jinping, le président chinois, ne livrera pas d’armes à la Russie, claironnent ici triomphalement les médias français. Les Américains y voient une victoire diplomatique et y vont vite en besogne : « Nous ainsi que d’autres pays avons reçu l’assurance de la part de la Chine qu’elle ne fournit pas et ne fournira pas d’aide létale à la Russie pour une utilisation en Ukraine  » s’enthousiasme Anthony Blinken.

Pas les armes ! Pas les armes ! Soit… ! Et si la technologie avait déjà pris la porte dérobée ? Alors pour la bienséance diplomatique internationale, chaque partie y va de son simulacre. Les déplacements en vue de maintenir le dialogue, s’enchaînent au grand dam de la couche d’ozone.

Les observateurs noteront que le secrétaire d’Etat américain a bien rencontré, ce lundi 19 juin au Palais du peuple de Pékin, le président chinois en dépit des crispations de ces derniers temps et des tensions sur l’Ile de Taïwan. Ils consigneront le fait que la question des Ouïgours reste d’actualité. Qu’il existe une rivalité autre que technologique entre les deux géants, et que la stabilité des relations est un gros chantier.

Ce semblant d’apaisement va à l’antipode de la rhétorique émanant du front ukrainien et du Kremlin. Hier, la vice-ministre de la défense ukrainienne a reconnu les difficultés rencontrées « à l’Est, à l’heure où la contre-offensive est lancée depuis deux semaines. A cela s’ajoute une déconvenue à travers la déclaration de Joe Biden, le 17 juin, à propos de l’intégration de l’Ukraine à l’OTAN : « Aucun traitement de faveur pour l’Ukraine dans ce processus d’adhésion », lance-t-il abruptement.

Au Forum économique de Saint Pétersbourg, qui a eu lieu du 14 au 17 juin 2023, avec comme invité d’honneur, le président algérien Abdelmadjid Tebboune, la question ukrainienne était aussi à l’ordre du jour. Dans un discours empreint de fortes résolutions, l’homme fort du Kremlin a brossé un tableau sur le marché mondial du gaz, la géopolitique actuelle, l’économie russe, la route maritime nord, la coopération avec l’Iran sur le corridor Nord-Sud, avant de rebondir sur la guerre en Ukraine, évoquant « des conséquences graves ». Sur un ton ferme, Vladimir poutine met en garde Zelenski et les protagonistes de l’Alliance atlantique en quête d’un nouveau modus operandi :
«  Les chars brûleront, plusieurs chars ont été détruits dont des Léopards. Hier, c’était la même chose. Il en ira de même pour les F-16, sans aucun doute ».

Le président russe n’exclut pas de frapper les bases aériennes abritant les avions de chasse en dehors de l’Ukraine et utilisés dans les hostilités. Pour ce dernier, l’implication antérieure de l’OTAN dans ce conflit, constitue un grave danger.

Durement impactée par les hostilités, l’Afrique lance un cri de détresse. Sa médiation de la dernière minute suscite commisération ! Elle espérait arracher l’engagement des Russes et Ukrainiens de 2022 sur l’exportation des céréales ; la guerre en décidera autrement. L’approvisionnement alimentaire de l’Afrique en pâtira !
O.H