tiré de : [[CADTM-INFO] BULLETIN ÉLECTRONIQUE - Mercredi 21 juin 2017->http://www.cadtm.org/spip.php?page=imprimer&id_article=14961] 20 juin par Salaheddine Lemaizi
À Al Hoceima, nous avons observé une présence policière et sécuritaire , dont l’objectif affiché est de dissuader toute tentative de protestation. Sur la Place Mohammed V plus de 40 véhicules des forces de l’ordre stationnent en permanence en plein centre-ville. Au quartier populaire à Sidi Abed, la police ne laisse plus les habitants circuler librement dans leur ville. L’accès à ce quartier est désormais filtré, et se fait sur présentation de la CIN ! A Imzouren, un imposant blindé anti-émeute et 10 véhicules de police sont stationné en plein-centre de cette petite localité. D’autres véhicules stationnent près de la grande mosquée de la ville. La discrétion n’est plus recherchée par les forces de l’ordre. L’heure est à la démonstration de force.
Chaque soir dans ces localités, les autorités n’hésitent plus à réprimer avec force toutes les manifestations. Rares sont les sit-in qui échappent à la répression systématique menée par la police. Les violations des droits humains ne se limitent plus à l’interdiction de manifester ou aux arrestations, la police s’est lancée à Imzouren dans une opération expéditive contre des maisons de plusieurs habitants. Selon les photos que nous avons consultées et les maisons que nous avons visitées, des policiers, sans mandats d’arrêt, se sont introduits par la force dans des domiciles, cassant les portes et pillant les biens des habitants.
Dans ce contexte délétère, l’État multiplie les annonces de « projets sociaux et économiques » et continue de promettre « une réconciliation voulue par le roi ».
Appels au dialogue
Au même moment, une société civile faussement naïve, appelle « au dialogue » et multiplie les « appels au calme », sans préciser qui devrait se calmer, mettant ainsi sur le même pied d’égalité l’État, son armada de répression, et les manifestants pacifistes.
Il faut se rendre à l’évidence, et rappeler quelques données nécessaires : l’État poursuit plus de 100 personnes, dont 40 avec des chefs d’accusations extrêmement lourds, l’État poursuit une jeune femme de 25 ans et l’emprisonne, l’État réprime de manière systématique toute action au Rif comme dans le reste du pays, à part quelques très rares exceptions. Dans ce climat sécuritaire, ce même État via un gouvernement dépassé, répète que la réconciliation est en marche et les revendications « légitimes » seront satisfaites.
Nous sommes face à deux possibilités, soit l’État marocain est schizophrène, soit il assume parfaitement les méthodes répressives mises en place dans la province d’Al Hoceima. Les deux hypothèses nous mènent droit au mur, avec tous les dommages que cela suppose pour le Rif et le reste du Maroc.
Salaheddine Lemaizi
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