Édition du 17 décembre 2024

Une tribune libre pour la gauche québécoise en marche

Afrique

Le Rif, le double discours de l’État ?

Al Hoceima, Imzouren, Ajdir, Bni Bouayech… Partout, où nous nous sommes rendus dans la province d’Al Hoceima trois constantes : Primo, des chantiers de travaux publics lancés à la hâte. Deuxio, une omniprésence policière provocante. Tertio, une atteinte systématique et organisée au droit de manifestation pacifique.

tiré de : [[CADTM-INFO] BULLETIN ÉLECTRONIQUE - Mercredi 21 juin 2017->http://www.cadtm.org/spip.php?page=imprimer&id_article=14961] 20 juin par Salaheddine Lemaizi

À Al Hoceima, nous avons observé une présence policière et sécuritaire , dont l’objectif affiché est de dissuader toute tentative de protestation. Sur la Place Mohammed V plus de 40 véhicules des forces de l’ordre stationnent en permanence en plein centre-ville. Au quartier populaire à Sidi Abed, la police ne laisse plus les habitants circuler librement dans leur ville. L’accès à ce quartier est désormais filtré, et se fait sur présentation de la CIN ! A Imzouren, un imposant blindé anti-émeute et 10 véhicules de police sont stationné en plein-centre de cette petite localité. D’autres véhicules stationnent près de la grande mosquée de la ville. La discrétion n’est plus recherchée par les forces de l’ordre. L’heure est à la démonstration de force.

Chaque soir dans ces localités, les autorités n’hésitent plus à réprimer avec force toutes les manifestations. Rares sont les sit-in qui échappent à la répression systématique menée par la police. Les violations des droits humains ne se limitent plus à l’interdiction de manifester ou aux arrestations, la police s’est lancée à Imzouren dans une opération expéditive contre des maisons de plusieurs habitants. Selon les photos que nous avons consultées et les maisons que nous avons visitées, des policiers, sans mandats d’arrêt, se sont introduits par la force dans des domiciles, cassant les portes et pillant les biens des habitants.

Dans ce contexte délétère, l’État multiplie les annonces de « projets sociaux et économiques » et continue de promettre « une réconciliation voulue par le roi ».

Appels au dialogue

Au même moment, une société civile faussement naïve, appelle « au dialogue » et multiplie les « appels au calme », sans préciser qui devrait se calmer, mettant ainsi sur le même pied d’égalité l’État, son armada de répression, et les manifestants pacifistes.

Il faut se rendre à l’évidence, et rappeler quelques données nécessaires : l’État poursuit plus de 100 personnes, dont 40 avec des chefs d’accusations extrêmement lourds, l’État poursuit une jeune femme de 25 ans et l’emprisonne, l’État réprime de manière systématique toute action au Rif comme dans le reste du pays, à part quelques très rares exceptions. Dans ce climat sécuritaire, ce même État via un gouvernement dépassé, répète que la réconciliation est en marche et les revendications « légitimes » seront satisfaites.

Nous sommes face à deux possibilités, soit l’État marocain est schizophrène, soit il assume parfaitement les méthodes répressives mises en place dans la province d’Al Hoceima. Les deux hypothèses nous mènent droit au mur, avec tous les dommages que cela suppose pour le Rif et le reste du Maroc.

Salaheddine Lemaizi

Salaheddine Lemaizi

Journaliste et membre d’Attac-Maroc. Journaliste indépendant, basé à Casablanca. Il a reçu le Grand Prix national de la presse en 2011 et le premier prix du journalisme d’investigation de l’Association marocaine de journalisme d’investigation et Free press unlimited en 2012.

Un message, un commentaire ?

modération a priori

Ce forum est modéré a priori : votre contribution n’apparaîtra qu’après avoir été validée par les responsables.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.

Sur le même thème : Afrique

Sections

redaction @ pressegauche.org

Québec (Québec) Canada

Presse-toi à gauche ! propose à tous ceux et celles qui aspirent à voir grandir l’influence de la gauche au Québec un espace régulier d’échange et de débat, d’interprétation et de lecture de l’actualité de gauche au Québec...