Cette grave situation qui divise la communauté de Malartic est le fruit d’un manque d’encadrement et d’années de négligence des autorités publiques qui refusent de mettre leurs culottes pour faire respecter les lois et les normes. La minière et la Ville de Malartic, de par leurs actions, ajoutent de l’huile sur le feu.
Cette semaine, nous nous faisons entendre au niveau de la Cour supérieure du Québec. Nous demandons une injonction interlocutoire afin que la mine respecte les lois et les normes environnementales du Québec, notamment les niveaux de bruit exigés par le ministère et par le certificat d’autorisation initial de la mine. Nous demandons également que les quantités de roches dynamitées et extraites chaque jour respectent les niveaux autorisés initialement. Ces niveaux sont aujourd’hui largement dépassés.
En réaction, la minière fait des déclarations chocs sur la place publique et menace de mettre à pieds des employés si les normes environnementales doivent être respectées. Le 13 mars, la porte-parole de la minière déclare dans les médias : « il y aura environ 450 emplois qui pourraient se perdre avec une injonction ». La minière exacerbe la tension sociale déjà explosive à Malartic.
Le lendemain, 14 mars, la Ville de Malartic passe une résolution pressant le gouvernement d’autoriser l’agrandissement de la mine, malgré les recours juridiques en cour. La tension monte d’un cran.
Nous constatons une escalade de commentaires inquiétants et des menaces de violence véhiculés sur les médias sociaux. Le 15 mars, des citoyens portent plainte à la Sûreté du Québec. Il faut éviter l’escalade de messages haineux et de violence envers nous et les citoyens qui tentent simplement de défendre leurs droits.
Que la Cour accorde ou non l’injonction interlocutoire à ce stade, il y aura ensuite l’étape de l’injonction permanente. Il y a aussi les audiences pour le recours collectif qui débuteront en avril. Nous craignons que le climat ne s’aggrave.
Monsieur le Premier ministre, messieurs les ministres, il est urgent que vous preniez la situation en main afin d’éviter le pire.
Les quelque 150 familles, propriétaires, locataires et commerçants que nous représentons craignent également les impacts à venir avec l’agrandissement de la mine. L’augmentation de ces impacts a été confirmée par la minière elle-même lors de l’enquête du Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE).
Nous ne voyons que trois scénarios possibles pour une sortie de crise sans aggraver la situation des citoyens :
Vous exigez d’urgence un processus de médiation ou d’arbitrage entre la minière et les citoyens que nous représentons, comme le recommandait le BAPE.
Vous exigez l’établissement d’une zone tampon entre la mine et les citoyens, avec de justes mesures compensatoires pour que les citoyens puissent se relocaliser ailleurs sans s’endetter et sans préjudice économique.
Vous appliquez la recommandation du BAPE d’autoriser le projet à condition que la minière modifie le programme d’acquisition actuellement offert. Le BAPE recommande d’y inclure une compensation additionnelle permettant aux citoyens d’acheter une propriété semblable ailleurs en région sans s’endetter et sans préjudice économique. Le programme doit également être élargi à l’ensemble des locataires et propriétaires de la zone sud (immeubles à logement, commerciaux, propriétaires non-résidents, etc.).
L’alternative à ces scénarios est d’exiger une diminution significative de la taille et du rythme des opérations de la mine afin d’éliminer les nuisances reliées au bruit, aux poussières et aux dynamitages.
Quelle que soit la solution que vous choisirez, il est impératif que le gouvernement mette fin à ce conflit qui s’envenime et risque de déraper. Il est temps que M. Coiteux, M. Heurtel et vous preniez la situation en main. Il est temps que Québec agisse.
Guy Morissette, Lise Therrien, Pierre Laliberté, Éric Caron, Priscille Trudel, Hélène Daigle, pour le Comité de citoyens de la zone sud de la voie ferrée de Malartic.