Au Hilton de Québec
On sait que les employé-es du Hilton sont en grève depuis plus de six mois.
Louise Jobin, la présidente du syndicat, nous a raconté comment le conflit du Hilton est devenu la longue histoire qu’on connaît de la détérioration des rapports avec l’employeur. On pense d’abord à la rénovation de l’hôtel qui a pris des allures de « rénoviction ». L’entreprise a mis beaucoup de temps à rappeler certains travailleurs et travailleuses, préférant faire porter un blâme facile sur la COVID. Elle a ensuite fait construire une enceinte clôturée en béton pour tenir à l’écart de l’hôtel les employé-es en grève qui ont baptisé la chose « le mur de la honte ». L’utilisation illégale de briseurs de grève est aussi venue ternir encore davantage le rapport de confiance. Mais le moral reste solide chez celles et ceux qui, comme Lahsen Belrhali, se tiennent debout. « La solidarité des membres, on la voit en temps de grève. Faire du piquetage, ça crée des liens » dit Lahsen, qui a 42 ans d’ancienneté et qui a largement contribué à la fondation du syndicat.
Coop de Lanaudière
Chez les travailleuses et travailleurs de la coopérative de Lanaudière, on entend le même vieux refrain : En grève depuis six mois, lock-out, briseurs de grève, gardes de sécurité en grand nombre. Le mépris de l’employeur envers le syndicat s’est traduit par plusieurs mesures disgracieuses : réductions de salaire punitives arbitraires et annulations unilatérales de périodes de vacances. Lors de son témoignage émouvant, Nicole Lambert a raconté comment les dirigeants ont fermé la quincaillerie de Joliette tout en gardant ouverts d’autres établissements voisins desservant de plus petites communautés.
Fait remarquable, on a pu, le 17 février, écrire une page d’histoire lorsque les grévistes du Hilton sont venus prêter main-forte à leurs camarades de Joliette.
Industries Mailhot
Aux Industries Mailhot, la situation n’est pas entièrement comparable : l’entreprise est en plein virage technologique, a reçu d’importantes subventions gouvernementales pour son automatisation et possède une installation au Mexique qui produit le même type de pièces. Les personnes salariées, avec raison, sont inquiètes. Au lendemain de l’assemblée, elles ont même reçu, à leur domicile, la lettre d’un huissier, a raconté Daniel Ducharme, le responsable de la mobilisation. L’employeur tentait de les diviser.
Rolls-Royce
Rolls-Royce Canada, de son côté, a choisi, le mardi 15 mars, de mettre ses salarié-es en lock-out de façon sauvage, au moment même où ils s’étaient réunis en assemblée générale pour faire le point sur les négociations. L’annonce a été faite au micro par quelqu’un qui venait de recevoir la nouvelle sur son téléphone. Face à la situation, le syndicat a décidé de déclencher la grève. Le conflit est encore jeune, mais on retrouve une constante. Comme l’explique Frédéric Labelle, président du syndicat, « les réponses de l’employeur nous déçoivent. Plus il fait preuve de mépris à notre égard, plus notre sentiment d’appartenance envers cette entreprise s’effrite. »
Une question de confiance
Une convention collective établit une confiance construite selon des structures sociales et des institutions. Chez les dirigeants d’entreprises, on pense souvent que c’est en incitant les salarié-es à s’engager dans des projets motivants en lien avec les objectifs commerciaux de l’entreprise que cette confiance s’installe. Toutefois, pour ces derniers, cette relation ne peut que s’établir par le respect du personnel et du cadre collectif de travail.
Ces directions d’entreprises ne reconnaissent guère la présence syndicale et son rôle. Leurs propres objectifs commerciaux tiennent rarement compte des valeurs et intérêts propres aux travailleuses et travailleurs.
Les conflits de longue durée détruisent les liens de confiance entre employé-es et employeurs. Ces liens complexes, indispensables au bon fonctionnement d’une entreprise, prennent souvent des années à se reformer.
Parlez-en à Johnny Lagacé qui, à 41 ans d’ancienneté au Hilton de Québec, a connu la grève de neuf mois en 1992. « L’employeur avait été obligé de demander l’aide de compagnies spécialisées pour reconstruire la confiance. Ils avaient commencé à donner des cours de français, d’anglais et à organiser toutes sortes d’activités. C’est revenu, mais très tranquillement. Ça a pris deux, trois ans pour oublier », dit-il.
Les Industries Mailhot et Rolls-Royce Canada devraient peut-être y penser par deux fois avant de s’engager dans un long conflit. Car la raison fondamentale, pour une entreprise, de faire perdurer un conflit, est la suivante : briser les liens syndicaux.
À cela, le remède est connu : la solidarité ! Nous vous invitons par ailleurs à soutenir les syndicats en conflits depuis plus de trois mois en contribuant à notre campagne de financement.
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