Édition du 17 décembre 2024

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La mort d'Orlando Gutiérrez génère une forte agitation en Bolivie

Le chef de la Fédération syndicale des travailleurs miniers de Bolivie (FSTMB) a été agressé par un gang qui l’aurait frappé à la tête. Quelques jours plus tard, il est décédé.

29 octobre 2020 | adapté de l’article de Pagina12
https://www.pagina12.com.ar/302413-la-muerte-de-orlando-gutierrez-genera-conmocion-en-bolivia

Le chef de la Fédération syndicale des travailleurs miniers de Bolivie (FSTMB) a été agresssé par un gang qui l’aurait frappé à la tête. L’agression a pris fin laissant le dirigeant syndical gravement blessé. À tel point qu’il a dû être admis à l’hôpital. Après une semaine, il est décédé hier à la clinique Cemes de La Paz. La séquence complète de ces événements montre que ce fut un meurtre. Il y a eu un témoin de cet épisode grave qui l’a accompagné et il a réussi à s’échapper. Le chagrin causé par la mort de l’homme qui a joué un rôle clé dans le soutien de la Centrale Ouvrière Bolivienne au MAS lors des dernières élections a été durement ressenti. Le président démocratiquement élu, Luis Arce Catacora, s’est souvenu de lui comme d’un "grand dirigeant des mineurs qui a toujours défendu les intérêts du peuple bolivien".

Gutiérrez était un très jeune leader dans son secteur. Depuis qu’il était enfant, il savait ce que c’était de travailler dans les galeries de la mine de Colquiri, dans la province d’Inquisivi, département de La Paz. Il a passé quinze ans de sa vie sous terre à travailler dans l’extraction de l’étain et du zinc. Le FSTMB qu’il représentait avait déjà publié une déclaration le 22 octobre après avoir été mis au courant de cette attaque :« Nous dénonçons devant l’opinion publique nationale et internationale, devant les organisations de défense des droits de l’homme et autres, que notre collègue Orlando Gutiérrez Luna, secrétaire exécutif du FSTMB, a subi un attentat, a été grièvement blessé, et il est dans une situation précaire dans une clinique de la ville de La Paz. Il a été attaqué pour avoir mené une lutte déterminée contre le régime de dictature et contre le gouvernement de transition anti-populaire ».

Dans le même texte, la Fédération minière a indiqué que sa vie était en danger : « Gutiérrez et sa famille ont reçu de nombreuses menaces de mort sur les réseaux sociaux de la part de la droite , mais lorsqu’ils ont été vaincus aux urnes aux élections du dimanche 18 octobre, désespérés, ils ont eu recours à ce gerste de violence totalement antidémocratique, attaquant lâchement notre collègue ».

Le secteur syndical qu’il représentait a donné des premières indications sur les groupes politiques qui auraient pu organiser l’attaque. Bien qu’il l’attribue cette action généralement à la « droite fasciste », il est allé un peu plus loin : il a parlé de « tueurs à gages et de voyous ». On a vu un modus operandi similaire à celui observé dans les jours qui ont suivi le coup d’État du 10 novembre 2019 contre le gouvernement d’Evo Morales.

Ces diverses droites plus en moins violentes ont fait de la déstabilisation politique une fin en soi. Le plus agressif est né à Santa Cruz, fief du grand vaincu aux élections, Luis Fernando Camacho. Un avocat d’extrême droite qui, après le renversement d’Evo, a comparu à la maison du gouvernement et, en l’absence du président constitutionnel, a placé sa proclamation sur une bible et le drapeau bolivien, à genoux sur le sol. Les civiques - le nom sous lequel ils sont connus ceux qui le suivent - font partie de cette faune, mais ce n’est pas la seule.

La mort d’Orlando Gutiérrez est un avertissement. La droite battue aux urnes reste intacte, prête à tout pour déstabiliser le gouvernement qui entrera en fonction le 8 novembre.

Le jour de la victoire électorale le 18 octobre dernier par une majorité écrasante, Orlando Gutiérrez portait son casque rouge de mineur avec les images de Che Guevara, l’oncle des gouffres - un personnage mythique - et le nom de Colquiri, sa patrie. Il mâchait de la coca et semblait très heureux.

Gutiérrez était un excellent orateur qui se souvenait toujours d’où il venait, de son origine ouvrière et paysanne. Dans un entretien avec une journaliste à la mi-juillet, il a expliqué : « Si nous parlons des mineurs, nous parlons de l’histoire de la Bolivie. Si nous parlons de la création de la glorieuse Fédération syndicale des travailleurs miniers de Bolivie, nous parlons de l’épine dorsale de la Centrale Ouvrière Bolivienne. Nous nous considérons comme le fer de lance de la lutte. C’est pourquoi malheureusement nous avons de nombreux martyrs et c’est ce que nos ancêtres nous ont appris, c’est notre héritage. Ils nous ont laissé ce principe unique de lutte pour ne pas être davantage opprimé par les gouvernements néolibéraux et capitalistes ».

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