Pour ce faire, il souhaite attribuer un bloc de patients (entre 1 000 et 1 500) aux médecins omnipraticiens qui amorceront leur pratique.
C’est une autre annonce qu’il faut accueillir avec une grande prudence.
En effet, il faut rappeler que les négociations dans le cadre de l’adoption de la Loi 20 visant à améliorer l’accès aux médecins forçaient les médecins de famille à atteindre une cible de 85 % d’inscriptions au 31 décembre 2017. Et cela, sous peine de se faire imposer des sanctions financières, une baisse de leur rémunération de l’ordre de 30 %, s’ils n’atteignaient pas l’objectif fixé.
Piégé dans sa logique de productivité
Avec l’annonce d’hier, le ministre Barrette encourage les médecins à atteindre leur cible dans les délais…, mais seulement sur papier.
En effet, en faisant l’inscription par bloc, sans aucune consultation préalable, le médecin risque d’atteindre comme prévu sa cible de 85 % sans même avoir rencontré une seule fois les patientes et patients inscrits sur sa liste.
Mais donner un médecin sur papier ne garantit aucunement l’accès à des services appropriés en temps opportun…
Encore une fois, le ministre privilégie une approche statistique de productivité à tout prix. Il souhaite que la colonne de chiffres soit la plus efficiente possible pour laisser une impression d’avoir réglé la problématique.
De plus, le 30 août dernier, le ministre Barrette affirmait ne pas vouloir assouplir les modalités entourant l’inscription à un médecin de famille afin d’atteindre les cibles gouvernementales. N’est-ce pas ce qu’il fait indûment avec la « Grande Inscription » ? Est-ce le résultat de dures négociations
Une porte d’entrée limitée
Le ministre fait fausse route en décidant d’axer l’accès aux services de première ligne essentiellement sur la prise en charge par les médecins.
La porte d’entrée dans notre système public de santé ne peut pas être uniquement médicale. Un meilleur accès à l’ensemble des professionnels de la santé et des services sociaux doit être plutôt privilégié, notamment aux infirmières praticiennes spécialisées, aux psychologues ou aux travailleurs sociaux.
Ce genre de décision condamne le réseau à un goulot d’étranglement qui rétrécit de plus en plus en raison des besoins qui sont croissants et des compressions budgétaires récurrentes qui privent le réseau de nombreuses ressources professionnelles tout aussi indispensables.
Une réforme difficile à suivre
Dans ce contexte, il est encore difficile de voir d’un bon œil la réforme Barrette. Celle-ci donne lieu à plusieurs changements organisationnels : imposition de normes de prises en charge, arrivée des super cliniques, révision du financement des cliniques, révision des modalités de financement de plusieurs actes professionnels, pour ne nommer que ceux-là.
Ces modifications simultanées et mal ficelées compliquent non seulement l’analyse de ses effets directs, mais également la pertinence des choix politiques qui sont faits et ultimement la pertinence de ce grand chambardement.
Il devient urgent que le ministre Barrette nous fasse une démonstration honnête des impacts favorables de sa réforme, puisque nous les cherchons tous encore. Il en va du bien-être du réseau, des travailleuses et travailleurs, et surtout des patients.
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