Édition du 17 décembre 2024

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Syndicalisme

La campagne du mouvement syndical et l'indignation publique obligent Harper à modifier son Programme des travailleurs étrangers temporaires

Selon le Syndicat des Métallos, il s’agit d’une « victoire partielle » et une réforme plus importante s’impose pour inverser la stratégie économique à faibles salaires des conservateurs

TORONTO, le 30 avril 2013 - L’indignation publique grandissante et une campagne soutenue menée par le mouvement syndical ont contraint les conservateurs du gouvernement Harper à annoncer des changements à leur Programme des travailleurs étrangers temporaires (PTET), miné par les scandales.

« Il s’agit d’une victoire partielle pour l’ensemble des Canadiens, mais d’autres changements importants doivent être apportés à ce programme et à la stratégie économique axée sur les faibles salaires que le gouvernement Harper a prévue pour notre pays », a affirmé Ken Neumann, directeur national du Syndicat des Métallos pour le Canada.

« Ces changements sont une tentative de limiter les dégâts par les conservateurs et leurs appuis du monde des affaires, ébranlés par les récents scandales qui ont indigné les Canadiens d’un bout à l’autre du pays », a affirmé M. Neumann.

« Nous avons au moins partiellement contrecarré les efforts du gouvernement Harper visant à développer une main-d’œuvre permanente à deux vitesses au Canada, composée de travailleurs étrangers extrêmement vulnérables et exploités. La décision d’éliminer une disposition prévoyant de rémunérer les travailleurs temporaires 15 % de moins que les Canadiens est un changement positif et devrait refréner l’envie des employeurs de remplacer des Canadiens par des travailleurs temporaires. »

Cependant, les conservateurs n’ont rien fait pour limiter le nombre de travailleurs temporaires arrivant au Canada, note le Syndicat des Métallos.

« C’est très préoccupant, étant donné que le nombre de travailleurs temporaires dépasse presque le nombre total de travailleurs au Nouveau-Brunswick », a dit M. Neumann.

Le Syndicat des Métallos a fait l’éloge de Mark Carney, gouverneur de la Banque du Canada, qui a annoncé son départ à la retraite, celui-ci ayant déclaré que le développement économique du Canada devrait reposer sur des hausses de salaire et de la productivité pour les travailleurs canadiens, et non sur l’importation d’autres travailleurs temporaires à faibles salaires.

Le Syndicat des Métallos a également critiqué le gouvernement Harper de n’avoir rien fait pour aider les travailleurs temporaires qui sont victimes d’abus et exploités par leurs employeurs.

« Aucune mesure n’a été annoncée qui permettrait à ces travailleurs d’obtenir plus rapidement leur résidence permanente et leur citoyenneté. C’est honteux », a ajouté M. Neumann.

« Ces travailleurs méritent les mêmes chances que nos aïeux et qu’un grand nombre d’entre nous avons eues - pour bâtir une nouvelle vie au Canada en tant que citoyens, pas comme une classe de travailleurs engagés à long terme, liés à un employeur sous la menace d’être déportés à tout bout de champ. »

Le gouvernement Harper n’a fourni aucune indication en matière de financement additionnel pour surveiller les 4 000 entreprises et plus qui ont souscrit au PTET. Les nouveaux frais proposés ne suffiront clairement pas à assurer que les employeurs se conformeront aux nouveaux règlements. Le programme continuera plutôt à compter sur le système imparfait reposant sur la bonne volonté des employeurs.

Le Syndicat des Métallos a également critiqué le plan des conservateurs prévoyant de demander aux employeurs de transférer progressivement les emplois temporaires à des effectifs canadiens, plutôt que de promouvoir la formation et l’embauche de Canadiens en premier.

« Le PTET a fonctionné exactement comme les grandes entreprises l’ont voulu - dans le désordre et sans supervision sérieuse de la part du gouvernement. Le gouvernement Harper semble se contenter de cette situation », a observé M. Neumann.

« Nous allons poursuivre nos revendications en faveur d’une réelle responsabilisation et continuer à faire pression en vue d’une réforme significative. »

Cette semaine, le Syndicat des Métallos annoncera le lancement d’une nouvelle campagne intitulée « Donner une chance à tout le monde, pour l’avenir du Canada ». La campagne prônera le développement économique axé sur de bons salaires, contrairement au modèle économique à faibles salaires des conservateurs du gouvernement Harper.

Le Syndicat des Métallos a été aux premiers rangs de la lutte contre le gouvernement Harper sur la question des travailleurs temporaires - contribuant à dévoiler au grand jour les tentatives de HD Mining pour laisser de côté des travailleurs miniers canadiens qualifiés en Colombie-Britannique et offrant d’aider les travailleurs de RBC lésés par le programme.

Syndicat des Métallos

Le Syndicat des Métallos, affilié à la FTQ, est le plus important syndicat du secteur privé au Québec. Il regroupe plus de 60 000 travailleurs et travailleuses de tous les secteurs économiques.

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