La Gaspésie serait-elle une zone sacrifiée ?
Alors que le gouvernement du Québec questionne enfin la pertinence de forer à Anticosti, il semble qu’aucune des raisons environnementales évoquées dans ce dossier ne s’applique en Gaspésie. Le signal est donné à Junex (1), comme à Petrolia (2), que les ministères à Québec approuveront leurs demandes. Pourquoi un traitement différent pour la Gaspésie ? Parce qu’on commence à se demander...La Gaspésie sera-elle une zone sacrifiée ?
Récemment, le Premier Ministre, Philippe Couillard répétait à qui voulait bien l’entendre qu’un « milieu naturel comme Anticosti, c’est une richesse pour le Québec, que moi je veux qu’on transmette à nos enfants et nos petits-enfants. » (3). Il est à se demander ce que la Gaspésie a de si différent pour ne pas valoir la peine d’être préservée pour les populations présentes et les générations futures.
De plus, le premier ministre tonnait qu’il n’a « aucun enthousiasme pour les hydrocarbures » [...] J’espère qu’il n’y a plus d’ambiguïté sur cette question-là. » Nous, on trouve TRÈS ambigu que le gouvernement accorde ensuite un permis à Junex pour aller de l’avant vers des tests de production...d’hydrocarbures, et ouvre la porte à d’autres forages,” pointe Nastassia Williams, membre de Tache d’huile.
En plus d’être un parfait exemple du deux poids, deux mesures, le permis est octroyé à Junex alors que :
– Il n’y a eu aucune consultation valable des populations affectées.
– Après les “ consultations ” (http://quebec.huffingtonpost.ca/bruno-masse/consultation-publique-anticosti-petrole-hydrocarbures_b_8576372.html) pour l’Étude environnementale stratégique (ÉES) sur les hydrocarbures, il n’y a toujours pas de conclusions. Aussi biaisé soit ce processus, ce serait la moindre des choses d’en attendre les conclusions avant de prendre des décisions
– La nouvelle politique énergétique (http://www.politiqueenergetique.gouv.qc.ca/accueil/) n’est toujours pas rendue publique. Encore une fois il serait adéquat de boucler ce débat avant de prendre des décisions concernant l’exploitation d’hydrocarbures au Québec...
– Les gouvernements se sont engagés à Paris, lors de la Conférence sur le climat, à mettre en oeuvre des mesures afin de viser à limiter le réchauffement de la planète à 1,5°C d’ici 2100. Afin de respecter ces engagements, les nouvelles sources d’hydrocarbures doivent rester dans le sol et nos énergies collectives doivent s’orienter vers la transition énergétique.
– Il est impossible de garantir la pleine sécurité des eaux dans les processus autorisés. Rappelons que les forages en question sont à proximité de la rivière York qui se jette dans la Baie de Gaspé.
– Si le retrait d’Anticosti est justifié par des considérations environnementales et l’absence d’intérêt pour des investissements à long terme, on se demande comment Investissement Québec justifie la poursuite de ses partenariats en Gaspésie.
Tache d’huile, comme tant d’organisations (http://www.pourlatransitionenergetique.org/), a plusieurs idées d’investissements viables à proposer qui pourraient revitaliser la Gaspésie, sans pour autant risquer ses eaux, polluer son air, ou aggraver les changements climatiques. “ Peut-on investir dans des démarches collectives de transition afin d’assurer l’avenir de la région plutôt que de risquer sa santé pour des hypothétiques milliards qui s’envoleraient en fumée ? Certainement ! Et il est légitime d’exiger que cette option soit considérée sérieusement avant qu’il ne soit trop tard.” souligne Maude Prud’homme, porte-parole de Tache d’huile.
Protégeons l’eau potable, prévenons l’irréparable
Notes
2- http://ici.radio-canada.ca/nouvelles/Politique/2016/02/29/002-petrolia-anticosti-exploration-rencontre-philippe-
couillard.shtml
3- http://quebec.huffingtonpost.ca/2016/02/04/anticosti-couillard-ne-craint-pas-de-refroidir-les-investisseurs-
video_n_9159444.html