La fermeture du Campus Saint-Jean ou encore son annexion à une faculté anglophone, envisagée à l’occasion d’une grande restructuration annoncée par l’Université de l’Alberta, qui projette d’abolir onze de ses seize facultés pour faire des économies d’échelle, mettrait en péril la capacité des francophones de l’Alberta et, plus largement, de l’Ouest canadien, de poursuivre des études universitaires dans leur langue. Situé dans le quartier Bonnie Doon à Edmonton, où 34% des résidents sont francophones, le Campus Saint-Jean joue également un rôle de première importance comme foyer culturel et comme pilier du développement économique de la communauté francophone. Sa fermeture entraînerait à long terme des conséquences délétères sur la capacité des institutions francophones (écoles, hôpitaux, services administratifs, etc.) à maintenir des services en français, faute de relève qualifiée, alors que les besoins vont en s’accentuant, étant donné la croissance de plus de 30% du nombre de francophones en Alberta depuis 2001 et la pénurie d’enseignants francophones dans les écoles primaires et secondaires.
Rappelons qu’à l’occasion de son budget de 2019-20, le gouvernement Kenney avait procédé à des compressions draconiennes dans les universités albertaines, amputant notamment de 110 millions de dollars les sommes destinées à l’Université de l’Alberta, ce qui représentait alors 17% de son budget de fonctionnement. La crise sanitaire qui a suivi et qui mine aujourd’hui la capacité de toutes les universités canadiennes de recruter des étudiants accentue la pression sur le Campus Saint-Jean, qui a dû supprimer 77 cours de son offre pour l’année 2020-21, soit près de 20% de son offre de l’an dernier. Cette situation est d’autant plus déplorable que le Campus Saint-Jean est, depuis une vingtaine d’années, aux prises avec un sous-financement de son budget de fonctionnement, mais également de ses infrastructures, malgré le fait que les inscriptions étudiantes aient augmenté de 40% depuis 2014.
La FQPPU joint sa voix à toutes les personnes préoccupées par le sort réservé au Campus Saint-Jean. Les difficultés économiques que nous traversons en raison de la pandémie de coronavirus ne doivent d’aucune façon servir de prétexte pour bafouer les droits des francophones et leur capacité à s’appuyer sur les institutions qui contribuent à leur prospérité et leur développement social et culturel.
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