L’Afrique du Sud demeure malgré l’abolition de l’apartheid un des pays où les écarts entre riches et pauvres sont les plus dramatiques. Les dirigeants de l’ANC prétendaient que la tenue du Mondial aurait pour effet de relancer une économie largement handicapée par la crise financière (900 000 emplois perdus en 2009 alors que le taux de chômage officiel est de 25% la réalité se situant plutôt autoour de 40%). Neuf stades ont été construit ou rénovés (estimés à 120 millions Euros ou 151 millions $ Can, les travaux ont atteint la facture de 1 milliards d’euros, soit 1,260 milliards en $ Can) pour des salaires de misères, des routes élargies et prolongées, des services de transport de luxe inaugurés. Plusieurs grèves ont ponctuées les travaux car les ouvriers dénoncaient les conditions de travail dignes du XIXe siècle. Des dizaines de milliers d’agents de sécurité et de policiers en plus des militaires ont été engagés pour assurer le bon ordre des travaux et des compétitions.
Plusieurs observateurs croient que les retombées anticipées par le gouvernement sd-africain ne seront pas au rendez-vous. En effet, bien que l’Afrique du Sud présente les compétitions, c’est la FIFA qui dirige les opérations, percoit le gros des revenus et redistribue les dividendes aux fédérations nationales, aux clubs majeurs et aux joueurs. Les retombées locales prévues par le ministère de finances devaient générer une croissance de l’ordre de 1% de l’économie sud-africaine. Ce chiffre a été revu à la baisse de moitié. Plusieurs croient que le gouvernement ne pourra faire autrement que de couper des budgets publics pour compenser le manque à gagner.
De plus, des dizaines de milliers de maison ont été rasées pour faire place à de nouvelles installation. Les dizaines de milliers d’emplois générés par la préparation du Mondial disparaîtront d’ici peu. Il y a déjà 20 millions de pauvres pour une population totale de 47 millions en Afrique du sud. Près de la moitié de la population doit se débrouiller avec 2$ par jour ou moins. Les vendeurs de rue, activité très populaire, sont tenus à l’écart des stades par des accords d’exclusivité avec les commanditaires.
Par ailleurs, la FIFA promoteur de l’événement compte engranger plus de 3 Milliards $ suite à l’exploitation du tournoi (billeterie, commandites, droits de diffusion, etc.). Seule une faible fraction des revenus du Mondial demeureront en Afrique du sud provoquant ainsi une véritable saignée de l’économie.
Pendant ce temps, les administrateurs de la FIFA roulent sur l’or. Les bénéfices nets de la FIFA en 2009 ont atteint 147 millions Euros (187 millions $ Can ; tous les chiffres sont tirés de l’édition de juin 2010 du Monde Diplomatique). Son président, Joseph Blatter, reçevrait selon les estimations plus de 4 millions $ US par année en salaire. L’ouvrage de Jerome Jessel et de Patrick Mendelewitsch, « La face cachée du foot business » estime que les 24 membres du comité exécutif et les 7 vice-présidents de la FIFA sont mieux rémunérés que ceux de n’importe quelle multinationale. Les histoire de pot-de-vins, d’achats de votes et de corruption sont légions dans l’histoire récente de la FIFA. Les liens douteux avec les commanditaiers aussi. Décidément, la crise financière ne semble pas atteindre la FIFA.