Le gouvernement péquiste propose maintenant le même type de mesure via la Charte de la laïcité : refuser l’accès à la fonction publique aux individus portant des signes religieux. Après tout, il faut bien conserver ces emplois entre nous. Parce qu’il faut se l’avouer, un bon nombre de ces immigrants ont fui la discrimination religieuse de leur pays d’origine : le juif d’Europe, le Sikh d’Inde ou la musulmane de Turquie. Ils habitent le Québec pour vivre leur religion, une liberté qu’ils n’avaient pas antérieurement. Le juif ne retirera pas sa kippa ; le Sikh, son turban ou la musulmane, son voile. On n’enlève pas si facilement une part de son identité. Ils devront donc quitter leur emploi. Une belle épuration de la fonction publique québécoise. Curieuse façon de bâtir un pays.
Face à des hommes croyants refusant de discuter avec une policière simplement parce qu’elle est une femme, le public québécois s’est souvent soulevé, avec raison. Or, il propose maintenant de systématiser l’intolérance sur le plan religieux. On refusera l’intervention d’un policier portant une kippa parce que la liberté de religion a pris le bord avec le rejet du catholicisme, il y a quelques années. Comme l’indiquaient Gérard Bouchard et Charles Taylor, « le danger, c’est de retourner contre l’ensemble des religions le sentiment d’hostilité hérité du passé catholique. »1
Dans une société libre et démocratique, l’État représente la collectivité, une pluralité d’individus. L’État doit permettre au citoyen de vivre en liberté plutôt que de lui imposer sa vision. Au regard de la religion, l’État doit se positionner comme agnostique en respectant la diversité des croyances avec égalité. Il doit être un exemple de tolérance. Engager un secrétaire portant une kippa pour sa compétence ; c’est ça, la démocratie : l’acceptation de tous comme égaux. L’État est une pluralité d’individus avec leurs propres opinions. Il doit se représenter comme tel.
La face de l’État s’homogénéise, se stérilise quand l’on renvoie une technicienne de laboratoire, une releveuse de compte d’Hydro-Québec et une dame faisant passer les examens de conduite parce qu’elles portent le voile. La fonction publique sera affectée en profondeur en rejetant ces croyants.
Le Parti Québécois croit-il vraiment qu’il s’attaquera à même un seul des enjeux concernant l’égalité homme-femme via cette nouvelle Charte ? À ce niveau, il s’agira d’une mesure superficielle qui balayera, avec le reste de la poussière, le voile de la musulmane sous le tapis. Plutôt que d’aider ces femmes obligées par leur famille à porter le voile, le Parti Québécois propose simplement d’ignorer l’existence de femmes voilées, brimant par la bande la liberté de réelles croyantes.
Une éducatrice de CPE portant un voile, un professeur portant une kippa ou un éboueur portant une croix exemplifient la réalité sociale du Québec. Leur contact avec le public a le potentiel de renforcer l’ouverture d’esprit de notre population. Enfin, cela, si le gouvernement actuel n’impose pas sa propre croyance selon laquelle toute religion visible est une maladie. Ce gouvernement s’illustre comme un exemple d’intolérance.
Au final, le Parti Québécois propose un rejet des valeurs québécoises. Un rejet de la liberté de religion cristallisée dans la Charte des droits et libertés de la personne du Québec. Espérons que le Parti Québécois, comme à son habitude, va reculer.
Michaël Lessard
Étudiant en droit à l’Université McGill. Impliqué dans plusieurs projets communautaires et politiques.