L’universitaire Luc Godbout vient d’accoucher d’une étude dépeignant, encore, le Québec comme un enfer fiscal pour les particuliers et les entreprises. « Le Québec, champion canadien du fisc », titrait La Presse du 9 décembre. Fiscalité, services publics, dette, etc. sont toujours pires au Québec pour les lucides.
Ce que j’aime, avec les patentes de l’économiste Godbout, c’est qu’il ne faut pas se creuser les méninges bien fort pour les déboulonner. Pas plus tard que le 13 mai dernier, Le Devoir rendait compte d’une étude du cabinet comptable KPMG : « KPMG publie une analyse comparative de la fiscalité dans
95 villes : Montréal s’impose parmi les villes qui taxent le moins les entreprises. » Elle est la deuxième ville canadienne qui impose le moins les compagnies, selon KPMG, qui a inclus tous les impôts et taxes dans ses calculs.
Dans l’affaire du fiscaliste Godbout, Québec est dernier partout. Arriver, dans la même année, avec des résultats diamétralement opposés relève du folklore. KPMG ou Godbout, qui dit vrai ? Un article de La Presse du 2 avril 2008 titrait : « Fiscalité des entreprises : l’Ontario plus gourmand que le Québec. » Il y a aussi l’Institut Fraser, pour qui le Québec est l’endroit du monde où les minières sont le moins taxées (La Presse, 15 avril 2010).
Dans La Presse du 18 janvier 2007 : « La politique du remboursement des crédits d’impôt du gouvernement du Québec est la plus favorable en Amérique du Nord », et KPMG souligne : « Québec en première place mondiale pour l’encouragement fiscal en R+D » (La Presse, 29 juillet 2008). Une autre étude de KPMG affirmait : « Exploiter une entreprise coûte moins cher au Québec qu’ailleurs en Amérique » et la fiscaliste et comptable agréée Brigitte Alepin mentionne : « Le Québec, un paradis fiscal pour les grandes sociétés. » Ayoye !
Le Québec taxe supposément plus les entreprises, mais la moitié (156 677) d’entre elles n’ont payé aucun impôt en 2005 sur des profits milliardaires. L’honorable professeur n’a pas déduit des impôts payés les 6 G$ que Québec verse aux entreprises, contre 3 G$ en Ontario, selon le Fraser Institute. Monsieur, il faut déduire de ce que vous payez ce que vous recevez. Ça prend pas un diplôme universitaire pour savoir ça.
Je trouve les trucs de l’économiste Godbout amusants. Concernant les particuliers, La Presse titrait : « L’écart fiscal pousse les Ontariens vers Gatineau », davantage depuis les baisses d’impôt au Québec et l’instauration en Ontario d’un impôt progressif pour la santé. Reconnaissons au professeur Godbout une compétence hallucinante dans l’aménagement et la sélection de données fiscales qui font toujours du Québec un enfer fiscal.
Cet article est tiré du site web du journal Métro.