Au Canada, l’avortement est un crime passible d’emprisonnement à vie jusqu’en 1969, année où la Loi C-150 est adoptée. Cette loi autorise les avortements dits « thérapeutiques ». Au même moment, le gouvernement légalise la vente et la diffusion d’information sur la contraception en adoptant la Loi S-15. Pour obtenir le droit de recourir à l’avortement thérapeutique, les femmes enceintes sont évaluées par un comité qui détermine si leur vie ou leur santé est compromise.
Ces comités, qui sont souvent constitués de médecins étant contre l’avortement, accordent peu de permissions pour cette pratique. Les avortements clandestins continuent donc à être pratiqués avec les conséquences désastreuses que l’on connait sur la santé des femmes, mettant même leur vie en danger.
En 1980, la création des Centres de santé des femmes permet d’offrir le service d’avortement dans plusieurs régions et certains CLSC décident d’emboiter le pas. Deux ans plus tard, ces centres avouent pratiquer l’avortement, mettant ainsi le gouvernement devant les faits accomplis.
Il faut attendre 1988 pour que l’avortement soit décriminalisé au Canada. Victoire ! Mais l’année suivante, l’histoire de Chantale Daigle vient chambouler les femmes du Québec, mettant en péril leur liberté de choisir. La même année, le projet de loi C-43, qui prévoit faire de l’avortement un acte illégal, est défait de justesse par le Sénat.
Encore aujourd’hui, le droit à l’avortement est menacé. Pensons au gouvernement conservateur et au projet de loi C-484, déposé en 2007 par un de ses députés, qui s’appuyait sur le cas d’une femme enceinte assassinée parce qu’elle voulait se faire avorter, relançant le débat sur l’avortement. Pensons aussi au projet de loi C-510 qui visait à rendre illégale toute pression exercée sur une femme pour la pousser à se faire avorter, jusqu’où aurait pu aller l’interprétation de cette loi… Il y a aussi un autre député conservateur qui compte déposer, en 2012, un projet de loi concernant les droits du fœtus, ouvrant encore une fois le débat.
En plus des politiciens, il faut surveiller la droite religieuse, notamment un archevêque d’Espagne qui a dit : « Une femme qui a avorté donne la licence absolue pour abuser de son corps sans restriction », donnant ainsi le droit à ce qu’on viole ces femmes. Il y a également le chanteur Justin Bieber qui a dit en entrevue à la revue Rolling Stone : « Je ne suis vraiment pas favorable à l’avortement. Dans le cas de viol, je trouve que c’est triste, mais les choses arrivent pour une raison bien précise dans la vie ». Quoi ajouter de plus quand on sait que plusieurs adolescentes sont en pâmoisons devant ce jeune chanteur !
Il est clair qu’il nous faut être aux aguets et agir lorsque le droit à l’avortement est menacé. C’est ce que la Fédération du Québec pour le planning des naissances (FQPN) s’efforce de faire. Cet organisme a pour but de diffuser de l’information juste, de donner de la formation, de faire des pressions politiques et de faire valoir le libre choix. Surveillez leur site Internet afin de demeurer à jour sur ce sujet ou participer aux moyens de pression suggérés pour maintenir notre droit à l’avortement et garder ainsi le contrôle sur notre corps !
Une adresse à ajouter à vos signets
Fédération du Québec pour le planning des naissances : www.fqpn.qc.ca
L’auteure est membre du comité Condition féminine, Réflexion féministe de la FIQ