COUNTERCURRENTS.ORG, (depuis WSWS.org),
26 novembre 2012,
Traduction, Alexandra Cyr,
N.b. dans ce texte j’utilise le masculin la plupart du temps. J’estime qu’en regard du sujet traité, cela va de soi.
Dimanche le 25 novembre dernier, le NewYork Times publiait en première page, un rapport traitant de l’utilisation des drones par l’administration Obama. On y lisait qu’elle travaille à installer un programme plus systématique et plus continue de l’utilisation de ces armes non identifiées pour assassiner des gens sélectionnés par la Maison banche.
Le journal estime que plus de 2,500 personnes ont été assassinées de cette façon soit à peu près le nombre de ceux et celles qui sont mortEs lors des attaques du 11 septembre 2001 (contre les tours jumelles du World Trade Center à New-York et contre le Pentagone à Washington. N.d.t.)
L’auteur de cet article est Scott Shane. En mai dernier, ce reporter s’était fait le propagandiste de l’action gouvernementale en glorifiant les drones, qui seraient une grande avancée dans la « guerre contre la terreur » selon lui. Il détaillait aussi le rôle du Président dans l’approbation des cibles.
Comme dans un article précédent, celui-ci décrit le programme d’assassinat sans aucune critique. Tout juste, soulève-t-il des questions quant à la motivation politique sous-jacente à la décision « de développer des règles précises pour cibler les terroristes à assassiner par drones ». Il semble que cette décision ait été déterminée par la possible élection de Mitt Romney (candidat républicain à la présidence.N.d.t.). Il aurait alors hérité d’un programme sans contours qu’il aurait pu définir lui-même.
L’article du Times avance qu’il existe une discussion entre le Président et ses principaux conseillers sur la pertinence ou non de faire des assassinats par armes contrôlées à distance une mesure de dernier recours contre des terroristes reconnus qui représentent une menace pour les États-Unis ou plutôt un outil flexible pour aider des gouvernements alliés à attaquer leurs ennemis ou à prévenir de possibles contrôles de territoires par des militants.
Les mots utilisés ici sont remarquables. Nous sommes dans une discussion qui traite, rien de moins, que de meurtres politiques. Ce sont les tenants des deux positions qui débattent à l’instar d’un groupe mafieux, de qui devraient être abattu et de comment le faire. On suppute autour des diverses « options » disponibles. Il s’agit là d’un exemple de plus de l’altération du discours politique aux États-Unis.
Selon S. Shane : « Le département de la défense et la CIA continuent à faire pression pour gagner du pouvoir dans les décisions de procéder à des attaques ou non. Les représentants du Département de la justice, ceux du Département d’État et le principal conseiller du Président, M. John O. Brennan, plaident, au contraire, pour un nombre limité de représentants à impliquer dans ce genre de discussions ».
Tôt au cours de son premier mandat, M. Obama privilégiait M. Brennan pour la direction de la CIA. Il a dû renoncer à ce projet parce que M. Brennan a été impliqué dans les autorisations de torture des prisonniers de la CIA durant l’administration Bush. Compte-tenu de ces antécédents, le fait qu’il soit identifié comme un « modérateur » devrait donner froid dans le dos aux lecteurs-trices de l’article du Times.
Le journal souligne qu’en dehors d’Israël, la plupart des pays considèrent que l’usage des attaques par drones est illégal selon le droit international. Mais l’article ne tire aucune conclusion de ce constat. Pourtant, cela implique que M. Obama et certainEs hauts fonctionnaires de son administration pourraient être poursuiviEs pour crimes de guerre pour avoir soutenu l’escalade de la guerre par drones. Il ne fait que mentionner, sans commenter, que les Nations Unies vont enquêter sur ces attaques au début 2013.
Cet article a aussi rappelé des remarques du Président Obama à l’émission « The Daily Show » de Jon Stewart le 18 octobre dernier. Il y disait à propos des attaques par drone : « Une des choses que nous devons faire c’est d’élaborer et d’y mettre un cadre légal et nous avons besoin de l’aide du Congrès pour le faire. Il faut s’assurer que tout président en exercice, pas seulement moi, aura des règles à suivre quand vient le temps de prendre des décisions dans ce domaine ».
Plus tard, dans une entrevue avec Mark Bowden, auteur d’un nouveau livre qui porte sur le meurtre d’O. Ben Laden, il a déclaré : « L’aspect de travail à distance avec ce dispositif fait qu’il est tentant d’imaginer que nous pourrions ainsi régler des problèmes embarrassants de sécurité sans nous salir les mains ».
L’article du Times souligne que la nature des attaques par drones avec leurs missiles a beaucoup évolué depuis que Barak Obama est entré à la Maison blanche. On ne vise plus les dirigeants d’Al Qaïda au Pakistan, la majorité d’entre eux sont morts. Les cibles sont maintenant les « militants dont la bataille principale se porte contre les autorités pakistanaises ou qui se battent avec les Talibans contre les troupes américaines en Afghanistan ou au Yémen ; des militants qui se préparent à attaquer les forces militaires yéménites ».
Autrement dit, on ne vise plus des individus qu’on croit liés de près ou de loin aux attaques de septembre 2001 à New-York et Washington, mais qui que ce soit qui prend les armes contre les régimes alliés des États-Unis où que ce soit dans le monde.
Pire, l’article souscrit à l’idée que : « la question des frappes contre des personnes dont on ne connaît pas l’identité se pose ». Ce sont ces victimes que la CIA désigne signées par l’attaque ; ce sont celles, qui supposément, se comportent typiquement comme les groupes terroristes, alors qu’aucun terroriste n’a encore été identifié comme tel. Selon le Times : « le mot a évolué pour désigner les militants en général ; par exemple un jeune homme qui se promène avec une arme dans une zone contrôlée par des groupes extrémistes ». Cette ouverture de conception signifie que, virtuellement, tout adulte qui vit dans les zones tribales du Pakistan, du Yémen et de Somalie et qui par définition porte une arme, est à risque d’attaque. Cela veut dire que toute la population de ces régions est sujette à exécution sommaire par le Président des États-Unis.
De façon remarquable mais caractéristique, l’article du Times cite les critiques contre ce programme d’assassinat par missiles lancés par les drones, mais du point de vue de son opportunité. Il ne dit rien du point de vue des experts de la politique extérieure des États-Unis qui croient que cette campagne étendue de meurtres de gens innocents produit une contre réaction qui discrédite le pays partout dans le Proche-Orient, l’Asie centrale et l’est de l’Afrique.
Une organisation comme L’American Civil Liberties Union (ACLU) et Amnistie internationale ont publiquement dénoncé ce programme d’assassinat parce qu’il est illégal en vertu des lois internationales. Le Times et tous les autres médias du pays font l’impasse sur ces prises de position.
Un examen de ce que la presse a rapporté à ce sujet dimanche, montre que seul le quotidien britannique The Gardian, cite longuement le porte-parole de l’ACLU, Jameel Jaffer, et d’autres critiques. Dans nos journaux, rien du tout. M. Jaffer décrit l’article du Times comme « une fuite de propagande ». Il doute aussi des divisions qui existeraient entre les représentants de la Maison blanche, du Pentagone et des services de renseignements : « (à propos) de l’idée qu’il y aurait des débats dans l’administration au sujet de la portée de l’autorité du gouvernement de se servir des assassinats ciblés….je questionne la signification de ce débat. L’écart entre les diverses postions ne doit pas être bien grand ».
Dans la presse américaine et chez les autorités politiques, il n’y a pas l’ombre d’une opposition à ce programme à partir de quelque principe que ce soit.
Le Washington Post, dans un article aussi publié dimanche, souligne que la prochaine désignation du chef de la CIA en remplacement du général Petraeus qui a démissionné le 9 novembre, pourrait changer quelque chose au programme. Les trois principaux candidats pressentis sont, sont d’anciens ou d’actuels officiers de l’agence prêts à aller jusqu’au bout pour le soutenir. Cela inclut l’actuel directeur par intérim, Michael Morell qui était sous-directeur du temps du général Petraeus. Il a fait toute sa carrière à la CIA. Michael Vickers, 59 ans, est actuellement un haut gradé des services de renseignements militaires du Pentagone. On le décrit comme le plus ardent défenseur d’un rôle para militaire étendu pour l’agence.
Le troisième aspirant est le conseiller en contre terrorisme de la Maison blanche, John Brennan. Comme le Times, le Washington Post le présente comme un modéré dont il dit que : « ces derniers mois, il a exprimé des inquiétudes auprès de l’administration sur le fait que la CIA serait devenue trop centrée sur les assassinats ciblés même s’il a contribué à l’importante expansion de la campagne par drones sous l’égide du Président Obama ».
Non seulement le Times ne dispute-t-il pas la prémisse de base de ce programme, à savoir que le Président des États-Unis a le droit de tuer qui que ce soit dans le monde qu’il a étiqueté terroriste sans aucun processus judiciaire, constitutionnel et sans examen international, mais il tient aussi sous silence les épouvantables implications de cette guerre par drones sur nos politiques extérieures et intérieures.
Jusqu’à maintenant, et pour ce que nous en savons, il n’y a pas eu de ce genre d’attaques sur le sol américain. Rien ne nous permet de croire que ça ne puisse pas arriver, au contraire. L’utilisation de ce genre d’engins est prévue dans la loi de modernisation et réforme de l’Administration fédérale de l’aviation, (FAA) que le Président Obama a signé le 14 février dernier. Selon cette loi, la FAA doit permettre, partout sur le territoire, l’usage de véhicules volants non identifiés, (UAVs) à compter de septembre 2013. Plusieurs départements de police et des entreprises privées ont demandé le droit d’utiliser les drones.
L’utilisation militaire de ces engins a commencé le long de la frontière avec le Mexique pour en assurer la surveillance. Ce n’est qu’une question de temps pour qu’ils soient armés de missiles qui pourront tirer sur tout ce qui sera désigné comme « terroriste », « contrebandier », « membre d’un cartel de la drogue » ou autre.
À partir de là il n’y a pas un grand pas à faire pour passer à leur usage dans des opérations d’application de la loi dans le pays, pour les utiliser largement contre l’opposition sociale et politique aux politiques de l’élite dominante, qui progresse en ce moment.
Cette politique de la guerre par drones, mise en place et soutenue par l’administration Obama, a aussi des conséquences inévitables sur le plan international. D’autre pays en possèdent, en détiennent la technologie ou sont sur le point de la développer. Une course pour cet armement est bel et bien en cours. Un rapport journalistique ces derniers jours, disait que les Nations Unies songent à s’en équiper pour surveiller les groupes armés dans l’est Congo.
Il est clair que chaque pays qui se sait être une cible potentielle de ce genre d’attaque, ce qui veut dire presque le monde entier, travaille à développer des techniques pour venir à bout de des engins de guerre ou pour en développer avec lesquels il pourra à son tour attaquer. En plus, les droits qu’invoquent les États-Unis pour justifier ses attaques contre des pays comme le Pakistan, le Yémen, la Somalie et d’autres va renforcer leur conviction de leur droit à utiliser les mêmes méthodes contre leurs propres opposants que ce soient des guérilléros armés ou de mouvements sociaux de masse.
L’administration Obama a accrochée à la guerre des drones
Patrick Morin, COUNTERCURRENTS.ORG, (depuis WSWS.org),
26 novembre 2012,
Traduction, Alexandra Cyr,
N.b. dans ce texte j’utilise le masculin la plupart du temps. J’estime qu’en regard du sujet traité, cela va de soi.
Dimanche le 25 novembre dernier, le NewYork Times publiait en première page, un rapport traitant de l’utilisation des drones par l’administration Obama. On y lisait qu’elle travaille à installer un programme plus systématique et plus continue de l’utilisation de ces armes non identifiées pour assassiner des gens sélectionnés par la Maison banche.
Le journal estime que plus de 2,500 personnes ont été assassinées de cette façon soit à peu près le nombre de ceux et celles qui sont mortEs lors des attaques du 11 septembre 2001 (contre les tours jumelles du World Trade Center à New-York et contre le Pentagone à Washington. N.d.t.)
L’auteur de cet article est Scott Shane. En mai dernier, ce reporter s’était fait le propagandiste de l’action gouvernementale en glorifiant les drones, qui seraient une grande avancée dans la « guerre contre la terreur » selon lui. Il détaillait aussi le rôle du Président dans l’approbation des cibles.
Comme dans un article précédent, celui-ci décrit le programme d’assassinat sans aucune critique. Tout juste, soulève-t-il des questions quant à la motivation politique sous-jacente à la décision « de développer des règles précises pour cibler les terroristes à assassiner par drones ». Il semble que cette décision ait été déterminée par la possible élection de Mitt Romney (candidat républicain à la présidence.N.d.t.). Il aurait alors hérité d’un programme sans contours qu’il aurait pu définir lui-même.
L’article du Times avance qu’il existe une discussion entre le Président et ses principaux conseillers sur la pertinence ou non de faire des assassinats par armes contrôlées à distance une mesure de dernier recours contre des terroristes reconnus qui représentent une menace pour les États-Unis ou plutôt un outil flexible pour aider des gouvernements alliés à attaquer leurs ennemis ou à prévenir de possibles contrôles de territoires par des militants.
Les mots utilisés ici sont remarquables. Nous sommes dans une discussion qui traite, rien de moins, que de meurtres politiques. Ce sont les tenants des deux positions qui débattent à l’instar d’un groupe mafieux, de qui devraient être abattu et de comment le faire. On suppute autour des diverses « options » disponibles. Il s’agit là d’un exemple de plus de l’altération du discours politique aux États-Unis.
Selon S. Shane : « Le département de la défense et la CIA continuent à faire pression pour gagner du pouvoir dans les décisions de procéder à des attaques ou non. Les représentants du Département de la justice, ceux du Département d’État et le principal conseiller du Président, M. John O. Brennan, plaident, au contraire, pour un nombre limité de représentants à impliquer dans ce genre de discussions ».
Tôt au cours de son premier mandat, M. Obama privilégiait M. Brennan pour la direction de la CIA. Il a dû renoncer à ce projet parce que M. Brennan a été impliqué dans les autorisations de torture des prisonniers de la CIA durant l’administration Bush. Compte-tenu de ces antécédents, le fait qu’il soit identifié comme un « modérateur » devrait donner froid dans le dos aux lecteurs-trices de l’article du Times.
Le journal souligne qu’en dehors d’Israël, la plupart des pays considèrent que l’usage des attaques par drones est illégal selon le droit international. Mais l’article ne tire aucune conclusion de ce constat. Pourtant, cela implique que M. Obama et certainEs hauts fonctionnaires de son administration pourraient être poursuiviEs pour crimes de guerre pour avoir soutenu l’escalade de la guerre par drones. Il ne fait que mentionner, sans commenter, que les Nations Unies vont enquêter sur ces attaques au début 2013.
Cet article a aussi rappelé des remarques du Président Obama à l’émission « The Daily Show » de Jon Stewart le 18 octobre dernier. Il y disait à propos des attaques par drone : « Une des choses que nous devons faire c’est d’élaborer et d’y mettre un cadre légal et nous avons besoin de l’aide du Congrès pour le faire. Il faut s’assurer que tout président en exercice, pas seulement moi, aura des règles à suivre quand vient le temps de prendre des décisions dans ce domaine ».
Plus tard, dans une entrevue avec Mark Bowden, auteur d’un nouveau livre qui porte sur le meurtre d’O. Ben Laden, il a déclaré : « L’aspect de travail à distance avec ce dispositif fait qu’il est tentant d’imaginer que nous pourrions ainsi régler des problèmes embarrassants de sécurité sans nous salir les mains ».
L’article du Times souligne que la nature des attaques par drones avec leurs missiles a beaucoup évolué depuis que Barak Obama est entré à la Maison blanche. On ne vise plus les dirigeants d’Al Qaïda au Pakistan, la majorité d’entre eux sont morts. Les cibles sont maintenant les « militants dont la bataille principale se porte contre les autorités pakistanaises ou qui se battent avec les Talibans contre les troupes américaines en Afghanistan ou au Yémen ; des militants qui se préparent à attaquer les forces militaires yéménites ».
Autrement dit, on ne vise plus des individus qu’on croit liés de près ou de loin aux attaques de septembre 2001 à New-York et Washington, mais qui que ce soit qui prend les armes contre les régimes alliés des États-Unis où que ce soit dans le monde.
Pire, l’article souscrit à l’idée que : « la question des frappes contre des personnes dont on ne connaît pas l’identité se pose ». Ce sont ces victimes que la CIA désigne signées par l’attaque ; ce sont celles, qui supposément, se comportent typiquement comme les groupes terroristes, alors qu’aucun terroriste n’a encore été identifié comme tel. Selon le Times : « le mot a évolué pour désigner les militants en général ; par exemple un jeune homme qui se promène avec une arme dans une zone contrôlée par des groupes extrémistes ». Cette ouverture de conception signifie que, virtuellement, tout adulte qui vit dans les zones tribales du Pakistan, du Yémen et de Somalie et qui par définition porte une arme, est à risque d’attaque. Cela veut dire que toute la population de ces régions est sujette à exécution sommaire par le Président des États-Unis.
De façon remarquable mais caractéristique, l’article du Times cite les critiques contre ce programme d’assassinat par missiles lancés par les drones, mais du point de vue de son opportunité. Il ne dit rien du point de vue des experts de la politique extérieure des États-Unis qui croient que cette campagne étendue de meurtres de gens innocents produit une contre réaction qui discrédite le pays partout dans le Proche-Orient, l’Asie centrale et l’est de l’Afrique.
Une organisation comme L’American Civil Liberties Union (ACLU) et Amnistie internationale ont publiquement dénoncé ce programme d’assassinat parce qu’il est illégal en vertu des lois internationales. Le Times et tous les autres médias du pays font l’impasse sur ces prises de position.
Un examen de ce que la presse a rapporté à ce sujet dimanche, montre que seul le quotidien britannique The Gardian, cite longuement le porte-parole de l’ACLU, Jameel Jaffer, et d’autres critiques. Dans nos journaux, rien du tout. M. Jaffer décrit l’article du Times comme « une fuite de propagande ». Il doute aussi des divisions qui existeraient entre les représentants de la Maison blanche, du Pentagone et des services de renseignements : « (à propos) de l’idée qu’il y aurait des débats dans l’administration au sujet de la portée de l’autorité du gouvernement de se servir des assassinats ciblés….je questionne la signification de ce débat. L’écart entre les diverses postions ne doit pas être bien grand ».
Dans la presse américaine et chez les autorités politiques, il n’y a pas l’ombre d’une opposition à ce programme à partir de quelque principe que ce soit.
Le Washington Post, dans un article aussi publié dimanche, souligne que la prochaine désignation du chef de la CIA en remplacement du général Petraeus qui a démissionné le 9 novembre, pourrait changer quelque chose au programme. Les trois principaux candidats pressentis sont, sont d’anciens ou d’actuels officiers de l’agence prêts à aller jusqu’au bout pour le soutenir. Cela inclut l’actuel directeur par intérim, Michael Morell qui était sous-directeur du temps du général Petraeus. Il a fait toute sa carrière à la CIA. Michael Vickers, 59 ans, est actuellement un haut gradé des services de renseignements militaires du Pentagone. On le décrit comme le plus ardent défenseur d’un rôle para militaire étendu pour l’agence.
Le troisième aspirant est le conseiller en contre terrorisme de la Maison blanche, John Brennan. Comme le Times, le Washington Post le présente comme un modéré dont il dit que : « ces derniers mois, il a exprimé des inquiétudes auprès de l’administration sur le fait que la CIA serait devenue trop centrée sur les assassinats ciblés même s’il a contribué à l’importante expansion de la campagne par drones sous l’égide du Président Obama ».
Non seulement le Times ne dispute-t-il pas la prémisse de base de ce programme, à savoir que le Président des États-Unis a le droit de tuer qui que ce soit dans le monde qu’il a étiqueté terroriste sans aucun processus judiciaire, constitutionnel et sans examen international, mais il tient aussi sous silence les épouvantables implications de cette guerre par drones sur nos politiques extérieures et intérieures.
Jusqu’à maintenant, et pour ce que nous en savons, il n’y a pas eu de ce genre d’attaques sur le sol américain. Rien ne nous permet de croire que ça ne puisse pas arriver, au contraire. L’utilisation de ce genre d’engins est prévue dans la loi de modernisation et réforme de l’Administration fédérale de l’aviation, (FAA) que le Président Obama a signé le 14 février dernier. Selon cette loi, la FAA doit permettre, partout sur le territoire, l’usage de véhicules volants non identifiés, (UAVs) à compter de septembre 2013. Plusieurs départements de police et des entreprises privées ont demandé le droit d’utiliser les drones.
L’utilisation militaire de ces engins a commencé le long de la frontière avec le Mexique pour en assurer la surveillance. Ce n’est qu’une question de temps pour qu’ils soient armés de missiles qui pourront tirer sur tout ce qui sera désigné comme « terroriste », « contrebandier », « membre d’un cartel de la drogue » ou autre.
À partir de là il n’y a pas un grand pas à faire pour passer à leur usage dans des opérations d’application de la loi dans le pays, pour les utiliser largement contre l’opposition sociale et politique aux politiques de l’élite dominante, qui progresse en ce moment.
Cette politique de la guerre par drones, mise en place et soutenue par l’administration Obama, a aussi des conséquences inévitables sur le plan international. D’autre pays en possèdent, en détiennent la technologie ou sont sur le point de la développer. Une course pour cet armement est bel et bien en cours. Un rapport journalistique ces derniers jours, disait que les Nations Unies songent à s’en équiper pour surveiller les groupes armés dans l’est Congo.
Il est clair que chaque pays qui se sait être une cible potentielle de ce genre d’attaque, ce qui veut dire presque le monde entier, travaille à développer des techniques pour venir à bout de des engins de guerre ou pour en développer avec lesquels il pourra à son tour attaquer. En plus, les droits qu’invoquent les États-Unis pour justifier ses attaques contre des pays comme le Pakistan, le Yémen, la Somalie et d’autres va renforcer leur conviction de leur droit à utiliser les mêmes méthodes contre leurs propres opposants que ce soient des guérilléros armés ou de mouvements sociaux de masse.