« C’est un véritable cri du cœur que nous lancent les enseignantes et enseignants du préscolaire. Le personnel a souvent l’impression que son jugement n’est pas considéré lorsqu’il signale les besoins des élèves et se retrouve à bout de souffle, puisque les services d’appui qu’ils réclament pour leurs élèves ne viennent pas. Nous avons constaté beaucoup de souffrance, de même que de véritables conflits éthiques. Faute de temps et faute de service, plusieurs enseignantes et enseignants ont l’impression de laisser tomber certains élèves », a fait savoir Sylvie Théberge, première vice-présidente de la FSE.
L’enquête de la FSE menée au printemps 2017 auprès de 1 058 enseignantes et enseignants du préscolaire, dont la grande majorité enseigne à la maternelle 5 ans, dresse un constat des plus inquiétants :
– 96,9 % d’entre eux trouvent difficile d’obtenir des services d’appui pour répondre aux besoins des élèves (orthophonie, ergothérapie, etc.). D’ailleurs, plusieurs d’entre eux ont signifié essuyer presque constamment des refus ;
– 95,5 % des enseignantes et enseignants interrogés constatent que de plus en plus d’élèves arrivent à la maternelle avec des difficultés complexes ;
– 98,6 % des enseignantes et enseignants considèrent que le maximum d’élèves par groupe est trop élevé pour répondre à leurs besoins.
Plus de la moitié des enseignantes et enseignants interrogés (53 %) ont même affirmé qu’il arrivait que des diagnostics de handicap faits par un organisme externe (des professionnels de la santé, par exemple) n’étaient pas reconnus et, par conséquent, les services essentiels à leur développement n’étaient pas mis en place dès le préscolaire, mais plus tard dans leur parcours.
À la lumière de cette enquête, la FSE interpelle également les commissions scolaires et les directions d’établissement pour respecter les obligations contenues dans le contrat de travail du personnel enseignant, dont l’approche par besoins, voulant qu’en aucun temps un enfant ait besoin d’un diagnostic ou d’un code de difficulté pour recevoir des services. Elle rappelle également l’obligation de pondérer à priori des élèves ayant un trouble de la psychopathologie (TP) ou ayant un trouble du spectre de l’autisme (TSA).
La FSE a identifié plusieurs pistes de solution, parmi lesquelles :
– embaucher le personnel nécessaire en service direct aux élèves ;
– diminuer le maximum d’élèves par classe au préscolaire ou ajouter une intervenante ou un intervenant de plus dans la classe, selon les besoins et la réalité de chaque milieu ;
– respecter le jugement professionnel du personnel enseignant, notamment en ce qui concerne les demandes de services pour les élèves jugés vulnérables ;
obtenir systématiquement les informations concernant tous les futurs élèves présentant des facteurs de vulnérabilité.
« C’est tout simplement aberrant de voir si peu de services offerts aux élèves du préscolaire alors qu’on tient un discours si fort sur l’importance du dépistage et de l’intervention rapide. C’est là un exemple de plus des effets des compressions majeures des dernières années. Or, il s’agit maintenant de répondre aux besoins des élèves. On est loin de la coupe aux lèvres actuellement avec la mesure Partir du bon pied qui, bien qu’intéressante, est nettement insuffisante. Le gouvernement doit passer de la parole aux actes pour favoriser la réussite éducative de tous les élèves », a conclu Josée Scalabrini, présidente de la FSE.
On peut trouver le résumé de l’enquête sur le site de la FSE à l’adresse fse.lacsq.org.
1- Enquête québécoise sur le développement des enfants à la maternelle (EQDEM), 2012, Institut de la statistique du Québec.
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