Des règles ajustées aux besoins du promoteur
Certaines normes d’usages et d’implantation en vigueur doivent être modifiées même si le site fait partie d’une zone à vocation industrielle. Entre autres, le groupe d’usage « Industrie de haute technologie » doit être autorisé pour permettre d’opérer un centre de données et la hauteur doit être augmentée à 48 mètres.
Qu’est-ce que la ville demandera en contrepartie des assouplissements règlementaires que les élu.es se proposent d’adopter le 5 juillet prochain ? Quelques normes assurant un certain esthétisme au projet et, surtout, un nombre minimum de 70 stationnements, alors que seulement 30 employés travailleront en même temps au centre de données.
La ville exigera seulement 20% de la superficie du lot en aires vertes sur lesquelles des arbres devront être plantés.
Encore beaucoup moins de verdure
Malgré des traces laissées par les humains, le site, fort calme, est constitué de prairies et de nombreux arbres et arbustes matures, habitats pour de nombreux oiseaux. Ces arbres et arbustes, pourtant bien implantés dans leur milieu, disparaîtront si l’on se fie à la figure du projet, présentée à la p.6 d’un diaporama de la ville. Ce sont plus de 3 hectares, soit environ 330 000 Pied2 de plus qui pourraient cesser là d’emmagasiner du carbone et de favoriser la vie.
Ainsi, la ville de Québec pourrait laisser se créer un nouvel îlot de chaleur dans un secteur déjà fortement minéralisé. L’indice de canopée, qui permet de déterminer la superficie occupée par la cime des arbres sur un territoire, est pourtant l’un des plus faibles de notre ville : à Vanier, il s’établissait à 13% en 2015 ; à Lairet, qui avoisine aussi le projet, à 18%.
C’est bien loin des 40% que les experts préconisent pour nous aider à passer au travers des chaleurs extrêmes qui seront de plus en plus fréquentes, alors que les arbres nous assurent également un air oxygéné et de qualité. Et c’est encore loin des 35% d’indice de canopée globale que le conseil de ville nous a promis dans sa Vision de l’arbre 2015-2025.
Plus de chaleur et une consommation éhontée d’énergie et de ressources
Le choix du site par le promoteur, à côté des transformateurs d’HydroQuébec, n’est pas l’effet du hasard. Les centres de données numériques sont extrêmement gourmands en énergie alors que nous devons viser à réduire notre consommation énergétique, parmi les plus élevées du monde.
De plus, les équipements requis par un centre de données numériques nécessitent une grande quantité de ressources naturelles et d’énergie pour être fabriqués, ressources qui, pour être extraites, polluent l’air et l’eau. Surtout, ces équipements fonctionnant en permanence à plein régime ont une durée de vie de seulement quelques années, ce qui génère un surplus de déchets électroniques difficiles à recycler.
Mentionnons également que les nombreux serveurs informatiques, qui constituent l’essentiel de ces centres, émettent beaucoup de chaleur dans un contexte où le réchauffement de la planète devrait constituer une problématique de premier plan. Une grande partie de cette chaleur sera d’ailleurs évacuée à l’extérieur ou refroidie à l’aide de climatiseurs dont les gaz sont extrêmement dommageables pour le climat.
Peut-être la ville a-t-elle l’intention, éventuelle, de récupérer toute cette chaleur ? Il n’y a aucune exigence en ce sens et les environs restreints du centre de données laissent songeurs quant à cette possibilité. Des données pour quoi, pour qui ?
Ces données constitueront-elles de l’information relative à nos vies privées afin de mieux nous connaître et de nous faire consommer davantage ? Serviront-elles au cryptage nécessaire à une monnaie virtuelle comme le bitcoin ? Soulignons que la consommation énergétique requise pour la gestion du bitcoin équivalait, en 2019, à celle de l’Argentine ou de la Suède. Il est fort à parier que nous ne serons pas mis au courant du type de données gérées et stockées dans le centre ainsi que du bien-fondé de leur existence, même si nous connaissions l’identité de l’entreprise qui s’établirait à Vanier, puisque ses activités sont du domaine privé.
Un centre de données subventionné par les contribuables ?
La vente d’un terrain public, celui d’Hydro-Québec, s’effectuera sans que l’on puisse juger si le coût d’achat sera profitable aux contribuables. Nous ne sommes pas informé.es non plus si Hydro-Québec vendra encore à rabais notre électricité, c’est-à-dire en dessous du coût de construction de ses dernières installations sur la rivière Romaine.
En conclusion
À un moment donné, il faut dire « stop ! » et considérer que notre territoire, particulièrement précieux en ville, devrait être utilisé pour des projets utiles à la population et bienfaisants pour la préservation des êtres vivants. Vivement que nos élu.es adoptent une vision, répondant aux besoins des humains et de la nature dont nous dépendons, et agissent en conséquence !
Sources
Consultation par la ville sur le centre de données et information afférente :
https://participationcitoyenne.ville.quebec.qc.ca/centre-donneesnumeriques-rvq-2970
Vision de l’arbre
Pour nous contacter :
Courriel : villequenousvoulons@reseauforum.org
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