« À l’origine de cette grève, il y avait l’absence de reconnaissance du rôle fondamental des infirmières dans les établissements, rappelle la vice-présidente de la FSSS-CSN, Nadine Lambert. Après avoir tenté par tous les moyens d’obtenir plus d’emprise sur l’organisation du travail et des services, les « douces », comme on les avait baptisées à l’époque, ont décidé de prendre les grands moyens pour se faire respecter de leur employeur et du gouvernement. Elles ont eu raison de le faire, puisqu’à l’issue de cette grève, elles ont obtenu des changements majeurs qui structurent le réseau encore aujourd’hui. » Parmi ces gains, notons un comité paritaire permanent au sein duquel l’employeur et le syndicat peuvent maintenir un dialogue pour régler divers problèmes, par exemple les questions d’organisation du travail et de fardeau de tâche. De même, la reconnaissance syndicale et l’affichage des postes, aujourd’hui tenus pour acquis, sont directement issus de cette lutte.
Pour Nadine Lambert, cette lutte s’est transformée, mais elle est toujours d’actualité. « Cinquante ans plus tard, nous devons encore trop souvent, malheureusement, nous battre pour avoir une voie réelle dans l’organisation du travail et des services. Le rôle des professionnelles en soins infirmiers et cardiorespiratoires est plus vital que jamais, il faut le reconnaître, de même que celui de leurs syndicats et de la FSSS-CSN ! ».
D’hier à aujourd’hui
D’ailleurs, réunis aujourd’hui en conseil sectoriel, les syndicats FSSS-CSN représentant les infirmières, les infirmières auxiliaires et les inhalothérapeutes feront le point sur plusieurs dossiers qui auront un impact majeur au cours des prochaines années, notamment en ce qui a trait à la formation et à l’accès à la profession.
En ce qui a trait aux infirmières, les discussions se poursuivent au sein d’un groupe de travail formé par le ministre de la Santé et des Services sociaux, Réjean Hébert, à la suite d’une proposition formulée par l’Ordre des infirmières et des infirmiers du Québec (OIIQ). L’ordre souhaite que le baccalauréat devienne l’unique porte d’entrée pour les infirmières dans le réseau. La FSSS étudie cette question depuis 2009. Ce comité est censé se réunir une dernière fois dans quelques semaines pour ensuite faire des recommandations au ministre. La FSSS est d’avis que la formation doit être rehaussée, notamment pour s’assurer que la relève infirmière puisse jouer son rôle central dès son entrée sur le marché du travail, alors que le renouvellement de main-d’œuvre bat son plein. La fédération pose cependant plusieurs conditions visant, entre autres, à défendre les droits du personnel actuel et l’accessibilité à la formation pour les étudiantes et les étudiants en misant sur la complémentarité des réseaux collégial et universitaire. Par ailleurs, la FSSS-CSN désire qu’une solution soit trouvée afin de maintenir le caractère qualifiant du diplôme d’études collégiales (DEC) pour permettre l’entrée sur le marché du travail après trois ans d’études.
Les délégué-es étudieront par ailleurs un rapport ad hoc sur la réintroduction d’un examen d’accès à la profession d’inhalothérapeute. Cette réflexion a été engagée par la fédération à la suite d’une demande de l’Ordre professionnel des inhalothérapeutes. La fédération a mis sur pied un comité de réflexion composé notamment d’inhalothérapeutes sur cette question et c’est sur la base de leurs travaux que les délégué-es prendront position sur la question. La formation des infirmières auxiliaires fera également partie des discussions.
Objectif 2015
Dès demain, les représentants du personnel infirmier et cardiorespiratoire se réuniront avec les délégué-es de tous les autres syndicats affiliés à la FSSS-CSN, afin d’échanger sur la conjoncture actuelle et prévisible en vue des prochaines négociations du secteur public. Ce sera en quelque sorte le coup d’envoi des travaux qui mèneront à cette importante étape. Rappelons que les conventions collectives du secteur public viendront à échéance en mars 2015 et que ces négociations seront cruciales, entre autres, parce que les prochaines années seront marquées par le plus important renouvellement de la main-d’œuvre de l’histoire. Pour ces négociations, la FSSS-CSN se coordonne avec les trois autres fédérations CSN représentant des salarié-es de l’État.